Les candidats ont investi le Net à l’occasion de la présidentielle. Même les partisans du boycott s’y mettent dans cette campagne électorale.
Après avoir été un espace de rencontre, de discussions, de convivialité…, le web a atteint des proportions gigantesques, englobant ainsi tous les domaines, voire la communication politique. Depuis qu'elle a investi la toile, mener des campagnes électorales sur le Net est devenu une tendance mondiale et un moyen de communication efficace pour attirer les jeunes surfeurs du web.
D’ailleurs, Internet a joué un rôle crucial dans la campagne de Barack Obama. Pour mobiliser un plus grand nombre d’électeurs, l'équipe du candidat démocrate a mis en ligne plusieurs réseaux sociaux, de même pour la France lors de la dernière élection présidentielle en 2007. La campagne électorale dans notre pays s’inscrit également dans l’air du temps. Tentant d'attirer les votes et d’augmenter le taux de participation, les candidats à la présidence algérienne élargissent leur campagne sur le site web, en investissant les blogs et Facebook notamment.
Les six candidats ont créé leurs propres pages sur Internet afin de faire campagne pour les présidentielles d'avril 2009. Mais à quoi ressemblent les sites des candidats ? Comment fonctionnent-ils ? Quelle est leur interactivité ? Leur hébergement…? Blog, Youtube, Facebook, Myspeace… L’utilisation de ces moyens de communication lors d’une campagne électorale est nouveau en Algérie. Alors que le ministère de l’Intérieur et des Collectivités locales, en collaboration avec les opérateurs téléphoniques, avait employé des textos pour l’inscription électorale, le web est apparu comme un meilleur concept pour la campagne. Sauf que cette technologie n’est pas encore maîtrisée dans notre pays en raison de plusieurs paramètres. La majorité des sites visités des candidats se limitent à l'affichage de liens vers la biographie du candidat, son programme électoral, une présentation d’une galerie de photographies, des extraits de discours et des articles de presse. Au-delà, il n’existe aucune nouveauté qui permet d’animer comme il se doit les différents sites.
Un exemple : les sites des deux candidats, en l’occurrence Djahid Younsi et Moussa Touati, sont uniquement en langue arabe. Bien entendu, ces supports comportent leurs biographies, programmes électoraux et leurs discours d'annonce de candidature. Par contre, l’on peut remarquer que le site du candidat Mohamed Saïd propose des liens vers des vidéos, une revue de presse sur le début de la campagne et des photos. Quant au candidat Ali Fawzi Rebaïne, le site de son parti AHD 54 (http://www.ahd54.org) affiche qu’il est fermé pour non-paiement. Chose jamais vue durant une campagne. En revanche, les seuls sites Internet mis à jour continuellement et qui sortent du lot sont ceux de la candidate Louisa Hanoune et du président-candidat Abdelaziz Bouteflika. Les deux sites sont bilingues (arabe-français) et offrent des nouveautés.
À l’exemple de Louisa Hanoune, qui a même créé un compte Facebook dont les commentaires sont actualisés chaque heure. “Il est très difficile de mener une campagne électorale sur le Net car les nouvelles technologies ne sont pas encore maîtrisées dans notre pays. Même si notre site est très visité ces derniers temps, nous préférons garder le rapport humain avec les gens”, nous explique M. Taâzibt, du Parti des travailleurs.
Le Facebook de la candidate est animé par un volontaire. En revanche, le site de Bouteflika est le seul qui répond aux normes mondiales avec une web-tv, des reportages et interviews récents sur la campagne, son parcours avec, en prime, un forum de discussions où les internautes peuvent poser des questions au candidat. Un compte sur Facebook est également ouvert en son nom.
Concernant l’hébergement des sites et des pages web, la plupart d’entre eux sont domiciliés à l’étranger. Quant à leur interactivité et l’actualisation, elles sont assurées par des ingénieurs indépendants ou encore des adhérents du parti, comme c’est le cas du PT. Pour ce qui est du candidat indépendant Bouteflika, ce travail sur la toile est animé, selon l’APS, par toute une équipe de jeunes créateurs. Au-delà, il existe également des sites de soutien pour les candidats qui sont lancés par des sympathisants et autres militants des partis engagés dans la course pour la magistrature suprême. Les partisans du boycott ont également investi le Net : forum, comptes rendus de presse, vidéos, déclarations et Facebook.
Les partis qui ont appelé les Algériens à ne pas participer au scrutin du 9 avril animent des espaces sur leurs sites en expliquant, arguments à l’appui, les raisons de leurs décisions politiques. Des commentaires sont actualisés selon le déroulement de la campagne électorale.
Alors une question : y a-t-il une campagne sur la toile ? Entre occupation de l’espace du Net et la volonté d’une large diffusion, aussi bien à l’étranger qu’au sein des internautes locaux, même si le nombre de personnes connectées ne dépasse pas les 10% de la population, on peut dire qu’elle existe. Mais de là à pronostiquer sur son influence le 9 avril prochain, ce serait aller vite en besogne.
Source: Liberté