Préparer son voyage, du virtuel vers le réel

“Les deux tiers des voyages effectués par les Français se font via Internet.” Pour Nassim Lounes, codirigeant avec Mehdi Moubarek de l’agence algérienne de publicité online Med and Com (eh oui, ça existe déjà !), il est temps de rattraper ce retard en Algérie en proposant un guide sous forme de portail web en français, joowala.com, pour “voyager plus, voyager mieux”. Une promenade de prospection s’impose.

L’écho du lancement de ce site a très rapidement fait le tour des quotidiens, et pour cause. Nassim Lounes sait mettre les petits plats dans les grands en matière de communication,
il “connaît la presse, puisqu’il en fait partie”. En effet, depuis plus de deux ans, sa société édite un magazine mensuel sur les nouvelles technologies N’TIC , distribué gratuitement, un “modèle économique” osé mais “mûrement réfléchi” depuis les universités occidentales où il a étudié avec son associé. La conférence de presse pour le lancement de joowala.com est organisée dans un restaurant sur les hauteurs d’Alger qui sert des spécialités mexicaines, “c’est pour le coté exotique… un premier voyage”. Plutôt une mise en bouche, les journalistes ne s’attendaient pas à autant et ils auront plus qu’un déjeuner offert, des goodies estampillés joowala.com.

Pour Med and Com, aussi éditrice du site prodelapresse.com, c’est aussi ça être pro de la communication… Les deux associés se passent la parole sous les diaporamas bombardés de chiffres qui défilent. Le discours est bien ficelé : l’Algérien voyage de plus en plus ; il se connecte surtout plus à Internet (chiffres “officiels” à l’appui : 4,5 millions d’internautes, 500 mille branchés à l’ADSL). Enfin, les agences de voyages sont difficiles à trouver en Algérie, parce que trop éparpillées et pas assez mises en valeur. Le problème ainsi posé par nos deux start-upeurs, la solution du portail virtuel qui mettra en lien les demandeurs et les offreurs s’impose à l’assistance, on trouve même que c’est du “sur mesure”, et malgré l’absence d’une version en arabe, ça risque d’être un peu serré aux entournures...

Au départ, l’idée de ce portail vient de deux jeunes étudiants (employés chez Med and Com), Fouad Benjelloul et Khaled Djebloun, 24 ans tous les deux et fraîchement diplômés. Le premier, avec une formation d’informatique de gestion, est devenu responsable clientèle du site ; le second est un génie-mécanicien qui s’est trouvé plus de talent dans le design de sites web, dont joowala.com. Il y a aussi une équipe technique qui les entoure, avec la même moyenne d’âge. Il ne faut pas “se leurrer”, tenir un site de contenu comme celui-ci “exige d’aller au-delà de la bonne volonté”, répète Khaled Djebloun. L’apport financier qu’apporte la société mobilise toute une équipe indispensable au maintien de la viabilité de ce service. La viabilité, c’est justement toute la crainte exprimée par les directeurs d’agences de voyages “partenaires”, qui vont jusqu’à afficher un certain manque de conviction par leur retard lors de la conférence. Si on peut retrouver les adresses de plus de 600 agences de voyages sur le site, il faut savoir qu’il n’y en a qu’une petite partie qui a accepté d’être partenaire (contre souscription payante), donnant à l’internaute la possibilité de voir, comparer et, parfois, détailler les offres de chacun ; pour les autres, joowala.com les répertorie seulement avec leurs coordonnées.

Ce genre de site, qui force à la concurrence les acteurs économiques, exige de leur part plus de transparence, une spécificité qui ne les caractérise pas souvent. Quand on voit chaque année, à titre d’exemple, toutes les plaintes des pèlerins de retour des Lieux saints contre leurs agences de voyages, on risque d’avoir encore du mal à préparer son voyage en cliquant et en claquant des doigts. Pourtant, il faudra bien qu’un jour, d’un côté ou de l’autre, on décide de pousser le portail du voyage vers le futur.

Source: Liberté