Le CNES suggère au gouvernement «l’impérieuse nécessité» de créer un backbone national.
Une fois les relations normalisées entre l’Eepad et Algérie Télécom (AT), le débat sur les TIC s’élève à un niveau supérieur pour aborder les véritables questions et les défis que doit relever le pays. Illustrant parfaitement le partenariat public-privé, les deux entreprises ont organisé conjointement une rencontre portant sur la “cybercriminalité et ses conséquences sur l’économie”. À la croisée des chemins dans le domaine des technologies de l’information et de la communication, l’Algérie peut se targuer d’avoir de grandes ambitions telles qu’atteindre les 6 millions d’abonnés à Internet d’ici 4 ans, mais ne souffle mot sur la menace pesant sur les entreprises algériennes de façon générale et même sur tous les internautes. Par méconnaissance ou par mégarde, nul n’est à l’abri des attaques cyberspaces dont le spectre s’affiche à grande échelle, révélant l’extrême vulnérabilité de tout un chacun. Certes, les pouvoirs publics ont adopté récemment une loi portant règles particulières de prévention et de lutte contre les infractions liées aux technologies de l'information et de la communication, mais cela reste loin d’être suffisant pour se prémunir si cela n’est pas accompagné d’un large programme de sensibilisation. Comment rattraper le retard dans l’édification de la société de l’information et se prémunir des méfaits de la généralisation de l’outil information ? Comment convaincre le citoyen de faire confiance aux institutions publiques qui sont en phase de se lancer dans la grande aventure de recourir aux transactions commerciales par voie électronique ? Des questions abordées et débattues avec beaucoup d’intérêt, hier, lors de la rencontre en présence d’éminents spécialistes invités de l’étranger, mais également avec la participation d’importants représentants d’institutions publiques telles que le Cerist, le ministère de la Justice et le Cnes (Conseil national économique et social).
À rappeler que pas moins de 19 articles répartis en 6 chapitres constituent la loi portant sur les règles particulières de prévention et de lutte contre les infractions liées aux technologies de l'information et de la communication adoptée récemment par les deux chambres, et qui sera publiée au JO dans les prochains jours. Celle-ci souligne en substance “le respect du principe du secret des correspondances et des communications” et la collecte et l'enregistrement en temps réel de leur contenu ainsi que des perquisitions et des saisies dans un système informatique. On ne retiendra pour le cas qui nous intéresse (4e chapitre) que l’obligation qui incombe aux opérateurs en communications électroniques, notamment l'obligation de conserver les données relatives au trafic qui est à même de faciliter la détection des infractions et l'identification de leurs auteurs.
Que cela peut-il signifier réellement notamment lorsque les spécialistes du domaine assurent qu’“en informatique nul n’est anonyme, mais que tout le monde n’est pas identifiable”. C’est que les attaques peuvent émaner d’une source qui, elle, n’a servi que de cheval de Troie pour accomplir l’arnaque. Concrètement, des sites de presse ont été récemment piratés ou utilisés comme intermédiaires pour récolter les informations des lecteurs (consultations sur internet) à des fins de profiling ou autres. Mais l’attaque peut être plus sérieuse et pourrait affecter de grands comptes ou même des institutions de l’État (banques, compagnies aériennes, etc). On n’en est plus au stade de subtiliser un mot de passe d’un compte électronique ou d’infester de virus l’ordinateur après la réception d’un e-mail d’une connaissance ou d’un spam ouvert par mégarde, mais d’une véritable attaque à même de perturber tout le fonctionnement d’une entreprise avec pour conséquence des pertes considérables en infos et en argent.
D’aucuns proposent le filtrage qui ne peut être efficace surtout que la menace migre et évolue. L’Algérie a du pain sur la planche… mais en attendant, des questions cruciales restent à régler. Le Cnes, pour sa part, parle de “l’impérieuse nécessité de créer un backbone national” rejoint par le directeur du Cerist qui a également recommandé d’aller vers un point d’échanges entre ISP et AT. Autrement dit, l’Algérie a tout à gagner à développer un réseau national de transmissions pour que l’envoi d’un simple e-mail ne fasse plus le tour du monde avant d’arriver à son destinataire, coûtant des sommes exorbitantes. L’Eepad, quant à elle, recommande le développement du contenu local à même de booster réellement le développement des TIC en Algérie.
Source: Liberté