Les 35 000 abonnés de l’Eepad viennent à nouveau d’être pénalisés par une coupure pour des raisons de non-remboursement des dettes.
Péril en la demeure déclenché par le litige financier se rapportant au non-paiement des dettes du fournisseur d’accès à Internet privé Eepad. Le conflit qui l’oppose à Algérie Télécom connaît un rebondissement avec la coupure intervenue dans la nuit du mardi (minuit tapante) pénalisant ainsi pas moins de 35 000 abonnés, mais pas seulement.
Cette fois-ci, le problème se pose dans toute sa dimension avec le refus du conseil d’administration d’AT de reprendre des parts de l’Eepad jusqu’à en devenir l’actionnaire majoritaire et clore, une fois pour toute, ce chapitre qui dure depuis des mois tenant en haleine 730 employés inquiets de leur avenir.
Longtemps réticent à l’idée d’ouvrir son capital, le P-DG de l’Eepad a vraisemblablement cédé à la pression puisqu’il a accepté de partager son entreprise en optant pour un partenariat public-privé. Il faut dire aussi que le patron du plus important ISP privé n’avait pas tellement le choix au terme de beaucoup d’efforts pour honorer ces créances vis-à-vis de AT. Commission sur commission et plusieurs rounds de négociations entre les deux parties antagonistes se sont soldés par la mise en place d’un échéancier qui constituait une porte de salut pour Eepad qui en définitive ne s’est manifestement pas sortie d’affaire. Résultat des courses, retour à la case départ que M. Benhamadi, contre toute attente, a tenté de positiver se souciant aussi bien des employés de l’Eepad qui, en effet, peuvent se retrouver du jour au lendemain au chômage, mais aussi des 80 000 abonnés prépayés et 35 000 clients post-payés au service Assila Box et Assila box II et de récupérer aussi les sommes d’argent dues à son entreprise. Cela aurait été aussi un bel exemple de partenariat public-privé que les pouvoirs publics n’ont de cesse de vanter les vertus. Mais voilà que le conseil d’administration d’Algérie Télécom ne l’entend pas de cette oreille et va jusqu’à opposer un niet catégorique à la proposition du P-DG même de l’entreprise.
Aucune information n’a filtré sur les raisons de ce refus pour le moins curieux laissant ainsi libre cours à toutes les interprétations et autres interrogations. AT aurait-elle du mal à vivre la concurrence d’où qu’elle vienne ? Trouverait-elle son terrain de prédilection uniquement lorsqu’elle jouit du monopole ? Hormis ses dettes, l’Eepad demeure une entreprise fiable qui offre des services multiples et intéressants. Il suffit de savoir que l’Eepad a eu pour vocation initiale, dès son lancement en 1991, de prodiguer de l’enseignement professionnel à distance et renforcer cette optique à travers la plate-forme Tarbiatic conçue exclusivement par une équipe d’ingénieurs algériens. Eepad est aussi pionnière dans le lancement de l’ADSL et n’a pas manqué d’être partie prenante de l’opération Ousratic à son démarrage pour proposer ensuite des laptops à des prix réduits pour démocratiser l’utilisation de l’Internet. Réalisant ainsi ce qu’aucun autre ISP n’a fait et dépassant parfois l’initiative étatique, Eepad proposera enfin le Pack Zala Home, un ensemble comprenant la solution Five Play (internet et téléphonie illimitées, télévision et films, e-learning et des jeux en réseau) et un mini-ordinateur portable Zala (900 gr, webcam intégrée, connexion wifi, disque dur 40 à 60 go). C’est dire que le capital de savoir et de compétence est à prendre en compte dans cette mise à mort qui ne dit pas son nom.
Si certains soutiennent que c’est un sort tout à fait prévisible pour une entreprise qui n’avait qu’à s’acquitter de ses dettes et de cesser de se développer avec l’argent de l’État, d’autres se demandent, en revanche, et à juste titre, pourquoi a-t-on laissé ses créances s’accumuler jusqu’à devenir difficiles à rembourser sans provoquer la faillite faisant preuve ainsi carrément d’un amateurisme flagrant dans la gestion des affaires de l’État. Reste à connaître la réaction du ministère de la Poste et des Technologies de l’information et de la communication à plus forte raison que M. Bessalah, ministre en charge du secteur, a toujours été en faveur d’une solution à l’amiable tout en restant intransigeant sur le remboursement des créances.
Source: Liberté