Les agences d’AT n’ont été destinataires d’aucune note stipulant la récupération des clients du provider privé en difficulté.
Le bras de fer commercial qui oppose Algérie Télécom (AT) au fournisseur d’accès aux services d’Internet Eepad s’enlise au fur et à mesure que le temps passe sans aucune lueur d’espoir pour les 35 000 abonnés privés de connexion depuis déjà une semaine. Informée par cette décision, la réaction de l’Autorité de régulation de la poste et des télécommunications (ARPT) ne s’est pas fait attendre avec un courrier adressé à AT au lendemain même de la coupure de la connexion pour exprimer son “étonnement”.
“Nous ne comprenons pas l’attitude d’AT à plus forte raison que cette coupure est contraire à la loi”, nous a confié hier un responsable à l’ARPT qui a assuré que cette entité est dans son rôle de médiateur.
Autrement dit, tant que toutes les voies de règlement de conflit n’ont pas encore été épuisées, AT n’avait pas à se presser de pénaliser les 80 000 abonnés prépayés et 35 000 autres clients postpayés au service d’Assila Box et Assila Box II. “Les clients de l’Eepad sont beaucoup plus nombreux que les chiffres avancés pour la simple raison que la famille algérienne est composée de plusieurs membres qui peuvent utilisés la même connexion, sans compter tous ceux qui fréquentent les cybercafés”, insistera le responsable de l’ARPT qui a précisé, par ailleurs qu’“AT a eu déjà à gérer des problèmes de créances et autres conflits beaucoup plus importants avec d’autres partenaires sans recourir à des solutions extrêmes”. Existe-t-il alors une volonté délibérée de faire disparaître purement et simplement l’Eepad sans se soucier des 600 employés (1 200 indirects) et des milliers d’abonnés ? La question reste dûment posée face à l’attitude des pouvoirs publics qui font preuve d’un certain laxisme dans cette affaire. M. Bessalah, ministre de la Poste et des Technologies de l’information et de la communication n’a trouvé mieux que de recourir aux raccourcis en déclarant que les clients de l’Eepad vont être récupérés par AT comme rapporté dans la presse.
Nul n’est dupe que c’est une opération presque impossible et pour le moins techniquement difficile. Non seulement AT aura besoin de beaucoup de temps pour absorber les nouveaux arrivés (entre particuliers et 600 cybercafés) mais en plus il existe certains services que AT n’est même pas en mesure de fournir à l’image du Five Play (12 000 abonnés) et 40 000 abonnés dans le cadre de Tarbiatic. Ce même chiffre pourrait s’allonger à 200 000 dans la mesure où le programme scolaire peut concerner plusieurs membres d’une même famille. Du côté d’Algérie Télécom, la tendance ne penche pas vers “la mise à mort” de l’Eepad, comme nous l’a affirmé une source proche de la DG. Pas plus tard qu’hier, une source fiable auprès d’AT nous a réitéré la volonté de la DG de prendre des parts de l’Eepad et un dossier en bonne et due forme a bien été soumis au conseil d’administration d’AT qui l’a, en définitive, rejeté jugeant que c’était inopportun.
La direction d’AT, selon notre source, estime que l’Eepad appartient à la collectivité à partir du moment où elle fournit un service public et contribue au développement de l’Internet et des télécommunications tel que souhaité par les pouvoirs publics. “Dans tous les pays du monde pareille entreprise qui n’a plus à prouver ses compétences ne devrait pas être abandonnée à un triste sort ne serait-ce que par égard aux abonnés et aux employés car force est de constater qu’elle crée bel et bien de l’emploi soutenant qu’il doit exister des solutions pour peu qu’on veuille préserver nos investisseurs nationaux privés. Quoi qu’il en soit, aucune décision de basculement n’a été signifiée”, nous assure-t-on à AT qui n’a adressé aucune note à ses agences se rapportant à ce point précis.
“Si de nouveaux clients se manifestent auprès des agences, nous n’allons pas les refouler mais il serait inconvenant de dire que nous allons récupérer les clients de l’Eepad”, nous dit-on à AT. L’Eepad, pour sa part, s’interroge sur les motivations du CA d’AT de réfuter une solution qui pourrait régler le problème et s’étonne de la réaction des pouvoirs publics face à cette crise qui perdure.
L’Eepad a engagé des investissements colossaux en termes d’infrastructures dans le domaine des télécommunications pour répondre à un besoin national, notamment depuis son adhésion à l’opération Ousratic (un PC par foyer). Sans compter le fait que l’Eepad est présent dans les grandes villes et dans des contrées reculées telles que Tamanrasset et Adrar. Et la dernière action pour démocratiser l’utilisation de l’outil informatique et d’Internet réside dans la signature d’un accord de partenariat avec le leader chinois dans le domaine de l’électronique et de l’informatique, China Great Wall Computer Shenzhen pour la commercialisation de micro-ordinateurs portables à seulement 18 000 dinars.
Source: Liberté