Les services du ministère de l’Intérieur et des Collectivités locales procéderont, à partir de l’année prochaine, à la mise en circulation d’une carte nationale d’identité biométrique électronique (CNIBE) et d’un passeport d’identité biométrique électronique (PBE).
Lors d’une conférence de presse animée hier, au siège de la wilaya d’Alger, le ministre de l’Intérieur, Yazid Noureddine Zerhouni, a expliqué que cette opération – qui sera menée de façon graduelle – a pour objectif de « lutter plus efficacement contre le terrorisme, la criminalité et la délinquance », cela grâce notamment à l’apport de l’AFIS civil (système d’identification automatique d’empreintes digitales). M. Zerhouni a ajouté que ce projet, de conception algérienne, dont le coût approximatif initial oscillera entre 20 et 25 millions d’euros et sur lequel les autorités travaillent depuis 5 années, permettra de « réduire la falsification des documents d’identité et d’empêcher les identités multiples » à travers, notamment, la sécurisation matérielle des supports et le recours à des procédures plus fiables de délivrance et d’authentification des demandeurs de titres. A ce propos, M. Zerhouni a avoué que « les documents d’identité algériens actuels (CNI et passeport) figurent parmi les plus faciles à trafiquer dans le monde ».
Le nouveau passeport biométrique électronique, a précisé encore le ministre de l’Intérieur, commencera à être délivré par les daïras à partir du 10 avril 2010. La nouvelle carte d’identité algérienne le sera, quant à elle, dans le courant du second semestre 2010. Eu égard aux coûts de fabrication élevés, il faut s’attendre, a averti M. Zerhouni, à ce que leur montant (celui du nouveau passeport et celui de la nouvelle carte d’identité) soit plus important. En Europe, le coût de revient d’un passeport est, rappelle-t-on, de 90 euros. Il a signalé, en outre, le souci de l’Algérie, à travers l’instauration d’un nouveau passeport et d’une nouvelle carte d’identité nationale, de se conformer aux obligations faites par l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI) à l’ensemble des pays d’appliquer, avant le 31 mars 2010, les normes internationales en matière de délivrance et de contrôle des documents de voyage. Les passeports actuels délivrés au plus tard le 31 mars 2010 resteront donc en vigueur jusqu’au premier trimestre de l’année 2015.
Un numéro d’identifiant national unique pour chaque citoyen
Au-delà des aspects strictement sécuritaires liés à cette initiative, le ministre de l’Intérieur a insisté sur l’idée que la mise en circulation de la CNIBE et du PBE correspond à « la volonté de moderniser et d’alléger les procédures administratives grâce à l’introduction de la e-administration » (administration électronique ou gouvernance électronique). Aussi, le projet du gouvernement est de mettre en place, à moyen terme, un registre national de l’état civil et un numéro d’identifiant national unique (NIN) pour chaque citoyen, comme cela existe aux Etats-Unis par exemple. A long terme, justement, rien n’exclut l’idée de conférer à un seul document, comme cela se fait en Indonésie, neuf usages différents. C’est-à-dire qu’une carte d’identité, grâce au NIN, pourra servir à la fois de permis de conduire, de carte de soins, de carte bancaire, etc. M. Zerhouni a indiqué que la mise en place de services spécialisés dans la délivrance de la CNIBE et du PBE a nécessité le recrutement et la formation de 1500 ingénieurs en informatique. A signaler que les enfants mineurs devront détenir leur propre passeport.
Pour la délivrance de ces nouveaux documents qui seront infalsifiables, selon M. Zerhouni, il sera instauré un extrait d’acte de naissance spécial CNI/passeport (12-S) et exigé le témoignage d’un garant. A la fin de sa conférence de presse, le ministre s’est rendu à la daïra pilote de Hussein Dey en compagnie de Ali Tounsi, le DGSN, avec lequel il semblait réconcilié, du moins en apparence, et d’autres responsables civils et militaires pour suivre, in situ, le processus de délivrance de ces nouveaux documents. Sur place, il a appelé les citoyens à jouer le jeu, à faire preuve de compréhension et de patience dans le cas où il est observé, au début, une tension au niveau des localités. M. Zerhouni a promis, à ce propos, que les choses iront beaucoup mieux une fois que le « système » sera bien huilé.
Source: El Watan