Les cybercafés font leur mue: s'adapter pour survivre

Les cybercafés qui ont fait leur apparition il y a une douzaine d’années, n’évoluent désormais plus dans les mêmes conditions qu’à leurs débuts. D’abord pris d’assaut par une foule d’utilisateurs, ces points de connexion publics n’exercent  plus la même attraction. L’introduction d’Internet dans les foyers, même si cela reste relativement limité, a eu un effet direct sur la popularité de ces établissements.
 
Même s’il n’existe aucune statistique officielle faisant état d’une baisse du nombre  de cybercafés, il est aujourd’hui établi que le nombre d’internautes se connectant à partir des cybercafés a ostensiblement chuté. Au niveau des cybercafés que nous avons visités on nous dira clairement que la fréquentation du public est beaucoup moins importante qu’il y a seulement quelques années. « Même si les choses ne sont plus comme avant, il y a toujours des gens qui fréquentent les cybercafés », nous informe cependant  un employé de cybercafé. « De manière générale ce sont des gens de passage qui se connectent chez nous. Il y a aussi quelques habitués dont des familles qui viennent dialoguer avec des parents vivant à l’étranger en utilisant des outils tels que Skype, par exemple », ajoute-t-il.

Un autre employé de cybercafé dira, quant à lui, que « certains employés d’entreprises se connectent aux heures de pause ou lorsque la connexion Internet est interrompue dans leurs bureaux ». Il y a lieu de signaler que de nombreux cybercafés ont su s’adapter aux changements en proposant des services autres que la connexion Internet, puisque ce seul service ne semble plus être aussi rentable qu’avant. « Aujourd’hui, les cybercafés offrent à leurs clients la possibilité de scanner des documents ou autres travaux de bureautique car il ne suffit plus d’assurer des connexions Internet pour vivre », nous explique-t-on. C’est précisément la diversification des services fournis au niveau des cybercafés qui a permis à de nombreux établissements de durer alors que d’autres ont baissé leurs rideaux.

La suppression des services Internet fournis par l’Eepad n’a, semble-t-il, pas eu un grand impact sur le fonctionnement des cybercafés puisque, nous assure-t-on, beaucoup ont préféré rompre leurs contrats avec ce fournisseur en raison des nombreuses coupures qu’ils subissaient bien avant l’épisode du conflit opposant l’Eepad à Algérie Télécom. Sur un  autre plan, la connexion ADSL semble très en vogue et est utilisée par un grand nombre de cybercafés.  Toutefois, certains n’hésitent pas à faire de la publicité mensongère en affichant l’inscription « ADSL » sur leurs devantures alors qu’ils offrent à leurs clients des connexions à bat débit. Ce qu’il y à retenir, de manière générale, c’est que les cybercafés ne sont plus en mesure de survivre en proposant uniquement les services Internet. Ceux qui n’ont pas assimilé cette réalité n’ont eu d’autres choix que de fermer boutique.

Cybercafés et … cybercriminalité

Nous avons interrogé les propriétaires et employés de cybercafés s’ils étaient vigilants en ce qui concerne les sites classés dans la catégorie dite de « cybercriminalité ». Nos interlocuteurs nous ont indiqué, à ce sujet, qu’ils avaient les moyens techniques leur permettant de contrôler, s’il y lieu, les sites visités par leurs clients à partir de leurs serveurs. Les moyens de contrôle existe donc bien au niveau des cybercafés, mais il reste que les propriétaires de ces établissements ne peuvent être vigilants à tout moment pour la simple raison que le but premier de leur activité reste commercial.

« Le nombre de cybercafés n’a pas baissé »

D’après M Younes Grar, conseiller du ministre des P et TIC le nombre de cybercafés n’a pas connu de baisse en Algérie et ce, en dépit des apparences. « Il y a toujours des cybercafés qui ouvrent lorsque d’autres ferment. En général, ceux qui cessent leurs activités le font  parce qu’ils ont mal choisi leur emplacement, mais pas parce qu’il y a une quelconque crise dans ce secteur », explique M. Grar. « Les cybercafés ne disparaitront pas. En Europe et aux Etats-Unis où Internet à domicile est très bien développée, il existe toujours des cybercafés qui  fonctionnent le plus normalement du monde », ajoute-t-il. Le conseiller du ministre indiquera, en outre, que les cybercafés algériens sont à présent obligés de s’adapter pour durer.

Source: N'TIC 41 / FEVRIER 2010