Entre un rappel à l’ordre de l’Union européenne, l’annonce d’un concurrent libre ou le mouvement de désinscriptions, Facebook s’attire les foudres d’utilisateurs et institutions que ses dernières mesures peinent à convaincre.
Pas de repos pour Facebook. La semaine passée a sûrement été l'une des plus riches dans la polémique qui entoure la vision de la vie privée par le premier réseau social du monde. C'est ainsi mardi dernier que le site a annoncé deux nouveaux mécanismes de sécurité. Le premier vise à avertir l'utilisateur (par email ou SMS) quand une connexion est opérée à partir d'un appareil qu'il n'aura pas préalablement enregistré, en posant une question personnelle (date de naissance, identité d'une personne sur une photo...) au nouveau venu. Le second vise, cite laconiquement l'AFP, à « bloquer les connexions suspectes avant qu'elles n'aient lieu ». L'intention est louable mais le vrai souci des utilisateurs vient encore et toujours de l'intérieur, en particulier des conditions de partage de plus en plus controversées que leur impose le site.
L'Union européenne peu convaincue par les nouveaux réglages
Dans une lettre publiée jeudi dernier, les représentants des autorités de protection des données des 27 Etats de l'Union européenne jugent « inacceptables » les conditions de vie privée introduites fin 2009 qui rendent publiques certaines informations (nom, photo, amis et pages que l'utilisateur « aime »). Pour les 27, « il est inacceptable que Facebook ait modifié le réglage par défaut sur sa plate-forme de socialisation au détriment des utilisateurs ». Le groupe de travail de l'article 29, chargé de ces questions, a d'ailleurs contacté « 20 sites de socialisation » en pointant « la nécessité d'un réglage par défaut limitant les données fournies sur les utilisateurs et les sites qu'ils visitent ». Du côté de Facebook, Elliot Schrage, vice président de la Communication globale et des Affaires publiques, indique que rendre certaines informations publiques aiderait le site à attirer des utilisateurs.
A ceux qui ne voudraient les partager qu'avec leurs amis, il répond que « mis à part le nom ou l'âge, rien ne les oblige à remplir les champs ou partager des informations qu'ils veulent garder. Si partager vous met mal à l'aise, ne le faites pas ». Encore faut-il savoir paramétrer son compte. Comme pour y répondre, s'est créé Openbook, un moteur de recherche ciblant les phrases embarrassantes laissées publiques par les utilisateurs du réseau, notamment les insultes envers patrons et professeurs. De quoi alimenter les peurs des personnes jugeant les 170 options de vie privée du site trop obscures pour la majorité des utilisateurs.
Le 31 mai, journée de désinscription collective
La fronde vient aussi d'utilisateurs, aujourd'hui réunis sous la bannière du Quit Facebook Day. Ils jugent que « Facebook n'a pas beaucoup de respect pour vous et vos données, spécialement dans le futur ». Ils appellent donc les utilisateurs du réseau social à supprimer leur compte le 31 mai de manière automatisée sur leur site. Jusqu'ici, 2 309 personnes auraient déjà sauté le pas. Un jugement corroboré par une déclaration de Mark Zuckerberg lui-même datée d'il y a sept ans où il se moque de la crédulité des premiers utilisateurs qui lui « font confiance ». Le réseau indique que cette ancienne déclaration ne représente en rien leur vision actuelle de la vie privée. On est rassuré. Les inquiétudes restent et les alternatives commencent à émerger, sous la forme de réseaux sociaux décentralisés où chacun héberge ses données comme OpenSocialWeb, Movim ou le protocole NoseRub. Le projet d'étudiants new-yorkais Diaspora a par exemple récolté plus de 170 000 dollars sur les 10 000 prévus dans un appel à dons.
Source: ZDnet