Les jeunes se connectent à la nouvelle économie

Les jeunes algériens sont de plus en plus connectés au Net et possèdent un téléphone mobile. Ils sont ainsi les premiers adeptes des nouvelles technologies dans notre pays.



Les modes de vie et de consommation se trouvent profondément transformés par le développement rapide d’Internet en raison de la nature même de ce « média à tout faire », qui permet à la fois d’accéder aux programmes de la radio et de la télévision, de diffuser et de partager ses propres images, textes ou musiques, de communiquer de vive voix ou par écrit et d’accomplir certaines des tâches de la vie quotidienne. Pour prendre quelques exemples, il y a quelques années encore, c’est-à-dire avant la numérisation et la généralisation des appareils nomades (micro, téléphones, lecteur MP3,…), écouter de la musique renvoyait aux disques et cassettes qu’on écoutait chez soi, lire aux livres et à la presse papier, regarder un programme télévisé au petit écran du salon. Désormais, rares sont les pratiques médiatiques qui se laissent ainsi facilement réduire à l’équation simple « une activité = un support ou un média + un lieu ».

Les principaux facteurs favorisant l’accès à Internet sont aujourd’hui connus : le fait d’être un homme, d’appartenir aux jeunes générations (les 15-24 ans sont les plus équipés) et on sait que la présence d’enfants et adolescents augmente les chances d’équipement au sein du ménage, de disposer d’un revenu et plus encore d’un diplôme, d’habiter les grandes villes, figurent au premier rang des facteurs qui poussent à doter son foyer d’une connexion. Les jeunes sont en quelque sorte « par nature » portés à s’emparer des innovations technologiques. Ils ont souvent été encouragés à investir ce nouveau média par des parents soucieux de les « arracher » à la fascination de la télévision. Il faut distinguer trois attitudes générationnelles à l’égard d’Internet : celle des moins de 25 ans qui se sont massivement emparés de ce nouveau moyen de distraction, de communication et d’accès à l’information apparu alors qu’ils n’avaient pas encore atteint l’âge adulte; celle des 25-55 ans qui l’ont aussi assez largement intégré dans leur univers de loisir, d’autant plus facilement que beaucoup d’entre eux avaient eu l’occasion de le découvrir dans le cadre professionnel ou par l’intermédiaire de leurs enfants; et celle des retraités qui sont restés assez largement à l’écart du processus d’équipement. Un usage quotidien d’Internet n’est pas forcément associé à une durée élevée : ceux qui passent le plus de temps devant l’écran de leur micro (15 heures ou plus par semaine) ont tendance à privilégier les jeux en ligne, la communication (messagerie instantanée, forums et chats) et le téléchargement de programmes. Le temps passé sur la Toile dépend en effet beaucoup plus de la nature des usages : on peut très bien envoyer chaque jour des courriels, consulter la presse ou son compte en banque sans y consacrer beaucoup de temps, à la différence de jouer ou de participer à des chats ou des forums.

Transformation des métiers

Les technologies de l’information et de la communication (TIC) et les nouvelles formes d’organisation du travail qui leur sont associées mobilisent de plus en plus de compétences. Il se crée rarement des métiers entièrement nouveaux dans ce domaine. En fait, un grand nombre de métiers sont issus de l’hybridation de compétences initialement distinctes. Il s’agit avant tout de combinaisons entre usages de la technologie et compétences professionnelles d’un métier. Les entreprises ont relativement de moins en moins besoin de connaissances en informatique «pure» mais de plus en plus besoin de personnes capables d’assurer l’interface entre l’informatique et les autres domaines utilisateurs de ces technologies. La tendance actuelle est de mettre en évidence des compétences de gestion et d’économie. Plusieurs facteurs sont à l’origine de la diversification des métiers. L’évolution technologique est de plus en plus marquée par la communication (Internet, multimédia, e-learning, e-business,…). Ceci a pour conséquence un rapprochement entre les catégories professionnelles des métiers TIC et utilisateurs «avancés » des TIC.

L’acquisition de compétences TIC avancées réduit les différences entre les métiers TIC et les métiers «impactés » par les TIC. Il est devenu aujourd’hui de plus en plus difficile d’isoler l’impact spécifique des technologies de l’information d’évolutions qui leur sont concomitantes : déréglementation des secteurs «protégé », concurrence accrue, réingéniérie des processus d’affaires, fusions/acquisitions, développement de nouvelles attitudes à l’égard du travail. Cet essor technologique a permis l’émergence de nombreux et différents savoir-faire. Des informaticiens au webmaster en passant par les rédacteurs web, l’ensemble de ces nouveaux métiers sont accessibles à toutes personnes capables de «manier» Internet et de profiter de la vague «nouvelles technologies». Certains de ces nouveaux métiers ont leur équivalent dans ce qu’il convient maintenant d’appeler «l’ancienne économie». Deux exemples illustrent les métiers modernisés par le multimédia et les TIC. Le journaliste est devenu «rédacteur web». Il fournit un site Internet en informations et se charge de rédiger son contenu. Il se doit de connaître le contenu éditorial et l’arborescence du ou des sites dont il s’occupe. Il doit également faire des propositions de nouvelles rubriques et de nouveaux sujets. Le graphiste est devenu «infographiste». Il utilise les logiciels graphiques spécifiques à la mise en page assistée par ordinateur. Il est capable de créer l’environnement d’un site Internet (animations, cédérom,…) et d’adapter son travail au monde du numérique.

On peut distinguer de grands groupes de professions. Au centre se trouvent les professions du « noyau dur », des métiers classiques de l’informatique: spécialistes des logiciels, des réseaux et des systèmes. Un premier groupe périphérique est constitué des professionnels d’Internet et du multimédia, qui combinent une spécialisation dans les technologies de l’information et de la communication avec des qualifications dans le domaine graphique, artistique ou éditorial. Ils sont impliqués dans la conception, la mise en oeuvre et la maintenance des produits et services en ligne ou sur CD/DVD-ROM. Un second groupe périphérique est constitué des métiers dits «applicatifs », c’est-à-dire liés à des applications des TIC qui présentent un caractère générique, commun à un grand nombre d’entreprises et d’organisations : les progiciels de gestion intégrés (ERP), les systèmes de gestion de la relation clientèle (CRM), les plates-formes de commerce électronique et d’enchères, l’échange électronique de données commerciales, et l’administration en ligne. Dans ces métiers, les compétences en matière de TIC sont nettement orientées vers un domaine d’affaires ou une activité économique. Il s’agit le plus souvent de développer des applications spécifiques ou de paramétrer des progiciels en fonction des besoins d’une entreprise.

Un troisième groupe périphérique est composé d’utilisateurs avancés, qui se situent à la frontière entre les métiers des TIC proprement dits et les métiers « stimulés » par les TIC. Ce groupe est plus hétérogène que les autres, il comprend notamment: les courtiers en information qui trient, sélectionnent, éditent et gèrent l’information en ligne (information bibliographique, financière, médicale, économique ou technologique); les éditeurs électroniques qui conçoivent, réalisent et publient les livres électroniques, les journaux et revues en ligne, les bases de données professionnelles (médecine, droit, ingénierie). Il y a aussi les professionnels des centres d’appel : non pas les opérateurs mais ceux qui conçoivent les procédures de travail en ligne, qui préparent les scripts des opérateurs, qui gèrent le marketing direct et les services en ligne, les spécialistes de l’assistance en ligne (conseil clientèle, support technique, support logiciel, services après-vente, vente en ligne, banque à domicile), et les pédagogues qui conçoivent des systèmes d’apprentissage en ligne (e-learning). Un quatrième groupe est également mentionné, il s’agit de celui des ingénieurs en électronique et électrotechnique. Certains d’entre eux exercent une profession des TIC, au sein du « noyau dur », d’autres une profession industrielle classique, qui n’entre pas en ligne de compte.

RAHMOUNI Kamel