M. Mokhtar Aiad, Président de l’Association Algérienne de Sociétés de Services et Editeurs de Logiciels

« Le marché en stagnation »



Comment a été l’année 2010 en ce qui concerne le secteur des logiciels en Algérie ?

De manière générale, le marché des logiciels n’a pas été, en 2010, très différents des autres années. Nous pouvons parler d’un marché en stagnation étant donné qu’il n’a pas évolué depuis des années. Le seul fait marquant durant l’année 2010 est sans doute les nouvelles dispositions légales comprises dans la Loi de Finances Complémentaires (LFC) 2010 et qui sont en rapport avec le secteur des TIC. La LFC a prévu l’exonération des entreprises spécialisées dans le domaine des technologies, du paiement de la TVA. Même si la nouvelle semble réjouissante, nous nous sommes quand même retrouvés dans une situation assez compliquée. Etant donné que la nouvelle loi ne mentionne pas clairement les éditeurs de logiciels, la Direction Générale des Impôts n’a pas pris en considération le fait que les sociétés spécialisées dans cette branche soient exonérées de la TVA. De leur côté, les professionnels, ayant craint d’éventuels redressements, ont préféré continuer à payer la TVA. Au niveau de l’association, nous avons pris attache avec la Direction Générale des Impôts et le ministère de tutelle, mais la situation reste inchangée.


Pouvez-vous nous donner davantage de détails en ce qui concerne les problèmes liés à l’investissement dans le domaine des logiciels ?

Il n’y a pratiquement pas d’investissement dans le domaine des logiciels. Personne n’ose franchir le pas en raison des nombreux problèmes rencontrés sur le terrain. Même si les pouvoirs publics font preuve de bonne volonté, la situation reste très difficile. Ce qu’il faut, c’est une intervention réelle de la part des pouvoirs publics pour mettre en place les conditions permettant de promouvoir l’investissement. Ceci est valable pour le secteur des TIC dans sa globalité. Les pays, dans lesquels les TIC font réellement partie du quotidien, sont des pays où les gouvernements sont intervenus pour créer un environnement propice à l’investissement. Chez nous, le programme E-Algérie comporte un trop grand nombre de mesures. La meilleure solution est, en fait, d’imaginer des actions peu nombreuses mais réalisables. Nous ne demandons pas des aides financières de la part de l’Etat mais plutôt des mesures incitatives d’un autre ordre. Les pouvoirs publics pourraient, par exemple, donner un certain nombre de projets aux entreprises spécialisées dans le domaine des technologies. Je pense que ce serait la meilleure manière de relancer le secteur.


Pouvez-vous nous parler justement des principaux chantiers engagés durant l’année 2010 par votre association ?

Mis à part les actions visant à faire réagir les autorités par rapport aux questions sensibles qui concernent notre secteur, nous avons participé activement au lancement du nouveau système comptable et financier aux côté du ministère des finances. Il s’agissait, pour nous, de faire un travail de sensibilisation quant à ce nouveau système. Nous avons organisé plusieurs conférences et rencontres dans ce sens. Les résultats ont été satisfaisants.


Que pouvez-vous nous dire au sujet du phénomène de la contrefaçon des logiciels en Algérie ?

La contrefaçon des logiciels de gestion d’entreprises est, en réalité, un problème minime. Les éditeurs algériens de logiciels professionnels ne souffrent par réellement du phénomène de la contrefaçon. Ce sont en fait les logiciels des grands éditeurs mondiaux qui sont copiés. Je pense que c’est à eux de faire le nécessaire pour les protéger et pas à nous et encore moins aux autorités algériennes. Certains désignent l’Algérie comme étant un pays où la contrefaçon des logiciels fait des ravages mais ce qu’il faut savoir c’est que la contrefaçon est, avant tout, un phénomène généré par les prix élevés des logiciels originaux. Les gens se rabattent naturellement sur des logiciels copiés lorsque les originaux sont hors de prix.


Quels sont les priorités de l’Aassel pour l’année 2011 ?

Pour l’année 2011, l’Aassel s’est fixée deux priorités. La première concerne la mise en place de services en ligne pour permettre aux citoyens le retrait de documents administratifs par Internet, bien évidemment avec le concours des pouvoirs publics. Nous avons la capacité de mettre en place ce système et avons contacté notre ministère de tutelle pour concrétiser ce projet qui est d’ailleurs prévu dans le programme E-Algérie. Notre deuxième priorité est de parvenir à créer des sociétés mixtes publiques privées spécialisées dans le domaine des technologies. Ce genre de partenariat est très avantageux car les entreprises privées ont le savoir-faire au moment où le secteur public dispose des moyens.


N'TIC 51 / JANVIER 2011