E-learning en Algérie : l'enseignement en ligne tributaire de la généralisation d'Internet

Le e-learning ne s’est jamais « senti » chez lui en Algérie. Le fait que ce mode d’enseignement reste très peu développé dans un pays qui en a besoin plus que d’autres, pour des raisons tout à fait objectives d’ailleurs, reste assez incompréhensible.



L’Algérie, pays vaste où les villages et les bourgs isolés sont loin d’être rares, gagnerait à exploiter les avantages assurés par le e-learning. Femmes aux foyers souhaitant poursuivre leurs études, employés ou cadres peu disponibles et en quête de formations ou de mises à niveau ou encore les habitants des zones enclavées, sont autant de personnes susceptibles de bénéficier de ce genre de formation peu contraignante et pratique. Le système d’enseignement à distance, à travers les nombreux centres de promotion de l’éducation par correspondance, adopté à partir de la fin des années 60 aurait pu selon les observateurs tirer profit des possibilités du e-learning en tant que moyen moderne d’enseignement. Tous ces éléments, à priori convaincants, n’ont pas été suffisants pour permettre au e-learning de prendre son envol.

Il faut dire que face à ces facteurs favorisant le développement de cette technologie se dresse un problème tout aussi objectif : celui du taux de pénétration d’Internet en Algérie. En dépit de sa popularité apparente et de sa progression avérée, Internet reste peu présent en Algérie eu égard au nombre de la population et au potentiel réel du pays. Jusqu’à dernièrement, le réseau d’Algérie Télécom souffrait d’un certain nombre d’imperfections. La rénovation du dit réseau entamée particulièrement durant l’année 2010 a quelque peu amélioré la situation, mais il semblerait qu’il faille attendre encore quelque temps pour que la pénétration d’Internet atteigne réellement un seuil acceptable en Algérie. L’investissement dans le domaine du e-learning, rappelons-le, a capté l’intérêt essentiellement durant la fin des années 1990 et le début des années 2000. Période où le taux de pénétration d’Internet était encore plus faible qu’il ne l’est aujourd’hui.

Le fait que certains bénéficiaires potentiels de ce mode d’enseignement aient été assez circonspects quant à l’efficacité du e-learning a été un élément supplémentaire retardant son évolution. Les entreprises publiques ou privées s’étant lancées dans ce domaine ont fini soit par faire du e-learning un produit mineur, soit par abandonner ce domaine purement et simplement. Toutefois, rien ne dit que l’enseignement via Internet n’aura jamais sa place en Algérie.

Du côté des entreprises privées ou publiques, certaines initiatives sont prises dans ce domaine, certes de façon sporadique, mais témoignent du fait que l’intérêt accordé au e-learning est toujours présent. Dernièrement, l’université Saâd Dahleb de Blida a entrepris les démarches nécessaires pour permettre à ses étudiants de bénéficier de cours à travers Internet essentiellement dans le domaine de l’électronique. Un peu plus tôt, c’était l’opérateur de téléphonie mobile Djezzy qui a mis au point tout un programme de formations continues par Internet pour ses cadres. Ce qui capte l’attention en outre, c’est que beaucoup de gens font naturellement ce qu’il conviendrait d’appeler du e-learning sans en référer à une institution en particulier. Il s’agit essentiellement de chercheurs ou d’étudiants utilisant l’outil Internet pour enrichir leurs connaissances dans un domaine précis. Une sorte de e-learning en «free-lance ».

Pour l’heure, il n’existe pas une forte demande sur le e-learning, ce qui explique d’ailleurs les très timides investissements dans ce domaine. La demande sur ce type d’apprentissage est, notons-le, tributaire de la généralisation d’Internet lui-même.


N'TIC 56 / JUIN 2011