Entretien avec M. Jean-Philippe Courtois, président de Microsoft International et Senior vice-président de Microsoft Corporation

M. Jean-Philippe Courtois, président de Microsoft international et senior vice président de Microsoft Corporation, s’est rendu en Algérie en mai dernier. Lors de cette visite, il a rencontré un certain nombre de responsables algériens avec lesquels il a évoqué la possibilité de partenariat dans le domaine des nouvelles technologies. Il nous en parle.


Pouvez-vous nous parler des objectifs de votre visite en Algérie ?

Il s’agissait pour moi de voir les partenaires locaux de Microsoft. Ce n’était, cependant, pas l’unique but de ma visite puisque je me suis rendu au Cyberparc de Sidi Abdellah où j’ai rencontré des étudiants avec lesquels j’ai parlé de partenariat et de développement de start-ups en Algérie. J’ai également rencontré le Ministre de la Poste et des Technologies de l’Information et de la Communication. Nous avons évoqué un certain nombre de sujets tels que la société numérique et la technologie du Cloud.


Quelles sont aujourd’hui vos priorités par rapport au marché algérien ?

Microsoft est à l’origine de deux grandes initiatives internationales. Il s’agit d’Imagine Cup et de BizSpark. Cette dernière initiative consiste à aider les porteurs de projets à mettre en place leurs entreprises. Microsoft envisage justement de faire profiter les algériens de cette initiative à travers laquelle nous nous plaçons comme intermédiaire entre les porteurs de projets et les entreprises susceptibles de les aider financièrement. Microsoft, pour sa part, assurera une aide sur le plan technique à ces jeunes entrepreneurs. Nous sommes, d’ailleurs, très motivés pour travailler avec les autorités algériennes afin de réaliser ce projet.

Quel regard porte-t-on chez Microsoft sur la situation des nouvelles technologies en Algérie ?

Vu son potentiel, l’Algérie accuse actuellement un retard certain dans ce domaine. Le volume annuel de PC vendus en Algérie, par exemple, est de 280 000. Ceci est très peu pour un pays comme l’Algérie. Eu égard à la taille de l’économie algérienne, ce chiffre devrait être le double ou même le triple de ce qu’il est actuellement ! L’on constate que dans certains segments de l’économie algérienne, il y a un certain retard en matière d’utilisation des TIC. Beaucoup d’entreprises algériennes n’utilisent pas encore les nouvelles technologies. C’est également le cas pour beaucoup de particuliers. Ce qui attire aussi l’attention, c’est que l’utilisation des nouvelles technologies au niveau des établissements scolaires est très faible. Le taux de pénétration des TIC au niveau des écoles est de 0,66% ! C’est un taux très faible même en comparaison avec des pays loin derrière l’Algérie sur le plan économique. Je pense que la technologie du Cloud pourrait être très utile à l’Algérie. Cela me semble la meilleure solution pour rattraper le retard enregistré jusqu’ici. Cette solution permet d’avoir accès aux nouvelles technologies sans pour autant investir sur le matériel. Les utilisateurs du Cloud peuvent bénéficier de grands Datas Centers locaux ou à l’étranger.

L’Algérie s’est fixé l’objectif de se mettre à niveau en matière de nouvelles technologies en adoptant le programme e-Algérie. Quels sont, de votre point de vue, les éléments à considérer comme de véritables priorités afin de concrétiser ce programme ?

Il y a trois éléments à prendre au sérieux afin de réaliser ce genre de programme. Il s’agit, en premier lieu, de faire le nécessaire afin de garantir l’efficacité et la transparence des processus en rapport avec les services destinés au grand public. Le deuxième élément important est celui de la e-éducation. La priorité ici est de connecter avec succès les élèves, les enseignants et les parents. Le troisième élément concerne l’aspect économique. Il y a beaucoup de services à garantir aux entreprises à travers les nouvelles technologies. Je pense que le meilleur choix à faire, en ce qui concerne ce volet, est d’orienter beaucoup plus ce genre de services vers les PME/ PMI.

N'TIC 56 / JUIN 2011