Design : comment Apple a révolutionné l'informatique grand public

Homme d'affaire intraitable, Steve Jobs était avant-tout un précurseur en termes de design, d'interface utilisateur et de marketing. Hommage.

1977 : le PC est déjà dépassé


Steve Jobs a révolutionné trois industries en 35 ans de carrière : l'informatique personnelle, la musique et la téléphonie. Une révolution qui est passé avant tout par le design et l'ergonomie. C'est sur ces deux terrains qu'Apple a creusé, si longtemps, son sillon.

De l'avis de Florian Idenburg, architecte à l'école de design de l'université Harvard, Steve Jobs peut être comparé à l'architecte Mies van der Rohe, qui imposa un style minimaliste à ses gratte-ciels de verre à une époque où la brique dominait le paysage.

"Steve Jobs nous encourageait à mettre au point de nouvelles façons de considérer le design, dans l'espoir de refléter son talent unique à faire l'aller-retour entre une grande stratégie et les minutieux détails des composants les plus petits", ajoute Thom Mayne, architecte de Los Angeles et lauréat du prix Pritzker, plus haute distinction de la profession.

Cet accent sur le design est apparu très tôt, dès la création d'Apple en fait. Si on met de côté l'Apple I, sorte de Mecano informatique de la première heure, les premières machines du californien se sont immédiatement distinguées de ses concurrentes et notamment des massifs et laids PC qui se vendaient à l'époque.

En 1977, l'Apple II (photo) est une première révolution tant la rupture est forte. Des milliers de personnes vont découvrir les joies de l'informatique personnelle avec cette machine qui présentait déjà un design "amical" même si l'interface était encore austère. Même si il fallait y mettre le prix...


1983 : le style Mac prend forme


Quelques années plus tard, Apple pousse plus loin la révolution du design avec le mythique Lisa. Il s'agit d'un ordinateur personnel doté d’un écran de 12 pouces monochrome, d’une puce Motorola 68000 cadencé à 5 MHz et, chose rarissime pour l’époque, d’un disque externe de 5 Mo.

Sa forme séduisante, sa souris et surtout son premier OS à interface graphique (avec les fameuses fenêtres) préfigure déjà une très grande famille.


1984 : un OVNI débarque, son nom ? Macintosh


Dans la plus pure tradition du design fonctionnaliste d'Europe du Nord, le Mac marque une vraie rupture avec l'existant. Le Mac est joli, le Mac est pratique avec son écran intégré, son format compact, le Mac est ergonomique avec MacOS.

Le projet Macintosh avait été lancé par Jeff Raskin et Steve Jobs en 1979, suite à une visite au laboratoire Xerox PARC (Palo Alto Research Center) en Californie, où les chercheurs travaillaient déjà depuis quelques années sur le concept d’interface utilisateur graphique (en opposition aux interfaces purement textuelles de l’époque).

Le Macintosh 128k est architecturé autour du processeur Motorola 68000 comme le Lisa, mais désormais en version cadencée à 8 MHz, d’un moniteur monochrome de 9 pouces, de 64 Ko de ROM et 128 Ko de RAM, et d’un lecteur de disquette 3,5 pouces.

Vendu à 2 495 dollars, ce premier Mac évoluera quelques mois plus tard en Macintosh 512k, avec quatre fois plus de mémoire vive. Un an plus tard, Steve Jobs est viré d'Apple...


1989 : un portable qui ne ressemble pas à une valise


A cette époque, les PC portables faisaient leur apparition. Pour autant, ces machines étaient souvent très lourdes, assez laides, dotées d'écrans minuscules, d'une autonomie famélique et animées par des OS où la ligne de code régnait en maître.

Apple n'a pas inventé le concept du portable mais l'a arrangé à sa sauce avec ce Macintosh portable. Et ce, malgré l'absence de Jobs. Les défauts des portables sont corrigés : grand écran en résolution 640 par 400 points, poids revu à la baisse (7 kilos tout de même) et surtout, avec sa batterie à acide, il offre une autonomie de 10 heures.

Pour autant, cette machine vendue la bagatelle de 6500 dollars (!) est un bide. (En photo, l'évolution de 1991 qui ne trouvera pas non plus son public).


1991 : le concept du portable poussé plus loin


Face à l'échec commercial des Mac portables, Apple revoit sa copie avec ce premier PowerBook qui préfigure la grande lignée des machines nomades d'Apple. Véritable révolution dans la micro-informatique, ces machines conservent le processeur Motorola MC68000, mais en version 68030 cadencée à 16 MHz sur le 140, et à 25 MHz sur le 170.

Surtout, Apple a réussi à miniaturiser considérablement l’ensemble par rapport au Macintosh Portable : ces machines ne pèsent plus que 2,5 à 4 kg environ. Autre avancée notable, le Powerbook 1720 peut accueillir un modem optionnel, ce qui en fait une des premières vraies machines communicantes portables de l’histoire.

La gamme PowerBook est, dès son lancement, un vrai succès commercial : Apple en vend 100 000 exemplaires les trois premiers mois de commercialisation. Le prix très raisonnable de 2 500 dollars du modèle 100 explique aussi cet engouement du public.


1998 : Steve Jobs revient aux affaires et invente l'iMac


Pendant quelques années, Apple s'endort sur ses lauriers et perd sa capacité d'innovation. Surtout, la concurrence s'adapte et la pomme commence à gentiment mais sérieusement à s'écrouler.

Steve Jobs revient alors aux affaires et redonne un premier coup de fouet avec l'iMac et ses couleurs acidulées. Avec cette machine tout intégré et plutôt bon marché (1 299 dollars à son lancement en août 1998), Apple revient à ses fondamentaux  et prépare en même temps sa transition vers le monde Intel, en adoptant des standards comme l’USB, la mémoire SDRam ou la connectique ATA pour les disques durs.

Le succès est immédiatement au rendez-vous, et Apple vend 800 000 exemplaires de cet ordinateur pour la seule année 1998, lui permettant de renouer avec des bénéfices,  ce qui n’était plus arrivé depuis 1993.


1999 : l'iBook bouscule le monde du laptop


Capitalisant sur le succès des iMac, Apple dévoile l'iBook, sa déclinaison portable. Certains raillent son look de jouet mais les résultats sont là. Le grand public adhère en masse, notamment les étudiants.


1999 : nouvel assaut contre les PC Windows


Epaulé par Jony Ive, vice-président affecté au design, Apple crée une nouvelle fois la rupture avec le Power Mac G4 qui donne un sacré coup de vieux aux PC Windows et leurs tours beiges et moches.


2000 : le design à son paroxysme


Le Power Mac G4 Cube est certainement la machine d'Apple la plus innovante en termes de design, même s'il ne s'adressait pas au grand public. Il est d'ailleurs exposé au musée d'art moderne de New York (MoMA).


2002-2004 : un ordinateur, quel ordinateur ?


Grâce aux progrès de la miniaturisation, l'unité centrale des ordinateurs tend presque à disparaître. Apple pousse à fond ce concept avec le iMac G4 qui ressemble plus à une lampe qu'à un PC.

Autre exemple avec le iMac G5 où l'unité centrale est planquée derrière l'écran.


2005 : vive le minimalisme


Le Mac Mini réduit à l'extrême le concept d'ordinateur.


2008 : le portable version Air


Apple se penche à nouveau sur le portable et secoue une nouvelle fois le marché avec le MacBook Air et ses dimensions ultra-light. Présenté en janvier 2008, le MacBook Air est à ce jour le portable le plus fin jamais conçu par Apple et l’un des plus novateurs.

Et la concurrence de s'engouffrer dans ce nouveau segment...

Source : ZDnet