Rétrospective sur la Surface RT de Microsoft

De buzz en bad buzz, la Surface de Microsoft traverse un océan médiatique troublé. Ses canaux de distribution rendent difficile son acquisition de notre côté de la fracture numérique, et la confusion générale règne encore autour de son OS. Toutefois, la tablette vient de subir une baisse de prix significative, la positionnant aux alentours de 350 dollars pour le modèle 32 Go, sans clavier. Petits chanceux que nous sommes, nous avons eu l’occasion de faire joujou avec la machine. Est-ce que Surface RT mérite le désamour du public et l’échec commercial qu’elle subit ? Comment s’en sort-elle en conditions réelles ? Rétrospective.


Le RT, dans Surface RT

Une mise au point sur le système d’exploitation est de mise. Est-ce que la mise à jour Windows 8.1 concerne aussi Surface RT ? La réponse est oui. Windows RT est un système pensé pour contrer iOS et Android. Il s’agit d’une version de Windows où il est impossible d’installer des programmes comme on le ferait sur un PC standard, mais qui offre toute l’ergonomie de Modern UI, couplée à la suite Office 2013.

La mise à jour vers 8.1 permettra à Surface RT d’avoir un bouton démarrer, en bas à gauche de l’interface bureau (qui ne sert qu’à revenir à Modern UI). Il ne faudra toutefois pas s’attendre à des bouleversements majeurs, les logiciels que l’on pourra y installer passeront encore et toujours par le Windows Store et ses quelques 100 000 applications.

Impressions avant allumage

Surface RT est tout simplement le plus bel objet que l’on a eu à tester. Le hardware respire la qualité à tous les niveaux ; épuré, anguleux, rassurant, son esthétique flatte la rétine. Au toucher, le VaporMg (magnésium) affirme sa supériorité sur l’aluminium. 680 grammes de tablette, ça pèse un peu plus que prévu, et son châssis de 27,46 x 17,20 x 0,94 cm semble plus épais qu’il ne l’est en réalité. La béquille intégrée à la coque est une pure leçon de design, le doigt la trouve facilement grâce à une encoche, et un petit clic indique qu’elle est bien en place.

L’ouïe est le troisième sens qu’exploite Surface RT pour dire à votre corps « vous tenez entre vos mains un petit bijou ». Le port du chargeur est aimanté, et un petit bruit indique que la tablette est correctement branchée. Le modèle testé comporte un Touch Cover, clavier cartonné servant à couvrir la tablette. Encore une fois, le clic caractéristique qu’il fait en s’arrimant à Surface, ainsi que la sensation de solidité quant à l’attache de l’accessoire contribuent à donner une impression «prémium » à la machine. On distingue sur la coque, outre le port HDMI et USB sur le côté, les boutons volume et mise en marche ainsi qu’une prise pour casque.

Intelligemment caché en dessous de la béquille, un port microSD sert à facilement insérer une extension de mémoire, sans avoir besoin de se faire pousser les ongles, certains apprécieront. Deux caméras, une à l’avant et une à l’arrière, ainsi que des hauts parleurs stéréo viennent compléter le tableau. Bien, il est grand temps de démarrer la bécane.

Un écran à la hauteur…

Surface RT est une visionneuse de choix. 10.6 pouces de diagonale pour une résolution plutôt originale de 1366 x 768 pixels, l’écran IPS fait parfaitement le job et conjugue luminosité, angles de vue larges et couleurs vives pour une expérience utilisateur de qualité. Pour autant, l’affichage est moins dense en pixels que sur un écran Retina, et les noirs y sont moins profonds que sur un AMOLED.

La dalle brillante de Surface RT est incontestablement supérieure à celle d’une tablette lambda, et la technologie ClearType qu’elle embarque permet de lire confortablement. Le multitouch sur Surface est limité à la reconnaissance de 5 points en même temps, ce qui est largement suffisant. Il faut toutefois une bonne dose d’entraînement pour maîtriser l’ensemble des gestes qui permettent de contrôler Windows RT.

Bien que les logiciels embarqués soient optimisés pour le contrôle tactile, on trouvera des difficultés à appuyer là où l’on veut sur l’interface bureau, les icones étant trop petites. On aura alors recours au pavé tactile intégré au Touch Cover. Pour avoir essayé de produire un document Word avec ce clavier, on ne peut que conseiller le Type Cover, clavier qui contient de vrais boutons. Certes, on peut s’habituer au Touch Cover, mais le manque de sensation de pression et de clic ne permet pas de taper en toute sérénité, un contrôle visuel étant indispensable pour que notre cerveau vérifie si la lettre a bien été écrite.

Toujours en termes de productivité, il y a intérêt d’être installé sur un bureau. Contrairement à un laptop que l’on peut utiliser dans les positions les moins orthopédiques, Surface RT est juste inutilisable sur vos cuisses (ou en tous cas sur les nôtres) à cause de la béquille et de la mollesse du clavier. L’angle de la caméra, ainsi que l’inclinaison de la tablette à 22 degrés, ont été pensés avec un plan dur en face de soi, il faudra donc changer vos habitudes si vous aussi vous préparez vos diapos Powerpoint en pyjama sur le canapé.

…et des performances à la ramasse

Il est certes très appréciable de pouvoir utiliser Office 2013 au complet sur une tablette à 350 dollars, mais l’argument reste faible pour le consommateur algérien, surtout quand les performances globales de la machine sont à la ramasse. Le Tegra 3 et les 2 Go de RAM de Surface RT ne suffisent pas pour offrir une expérience fluide. Les applications peinent à démarrer, de la latence vient dégrader l’expérience, et une sensation de « pas fini » ressort de Surface RT après avoir démarré quelques applications.

Le plus gros point noir de RT à sa sortie était le Windows Store, fantomatique. Depuis, quelques milliers d’applications sont venues corriger le tir, mais à part celles liées aux réseaux sociaux, l’utilisateur algérien ne pourra pas profiter de l’ensemble du contenu, clairement orienté vers le marché américain.

Le processeur de Nvidia semble même moins performant que sur Android, et non, Surface RT est incapable d’émuler les applications de l’OS concurrent. La caméra frontale est un bon point pour la machine, mais le capteur optique principal reste inadapté pour photographier correctement.

 

En conclusion, il y a chez Surface RT beaucoup de bonnes intentions, mais aucune ne transforme l’essai, la faute soit à une incompatibilité du contenu avec l’environnement socio culturel et économique algérien (qui utilise Netflix, Xbox Music, ou toute application nécessitant un abonnement payant?), soit à une incapacité du hardware à offrir une expérience fluide. Bien que la problématique des applications puisse être réglée avec le temps, on voit mal comment Surface RT pourra offrir autant de fonctionnalités qu’une tablette Android de prix équivalent, une tare que même le meilleur design au monde ne peut compenser.