Dans le domaine professionnel, les personnes ayant les plus hauts postes de responsabilité ont tendance à être issues de l’univers du business. Cependant, trouver une formation d’excellence dans une bonne business school n’est pas une mince affaire. Pourtant, parmi celles que compte l’Algérie, une sort du lot. Ce n’est autre que l’Ecole Supérieure Algérienne des Affaires (ESAA). Sort du lot ? Absolument, du simple fait que la formation dispensée dans cette école est de classe mondiale d’une part, et d’autre part ne cesse d’innover. Ce mois-ci, N’TIC vous emmène à la découverte d’une école d’excellence mais pas que...
Pour nous en parler, qui d’autre que le Directeur Général de l’ESAA, M. Patrick MICHELETTI, et Karim DJERBOA, consultant principal auprès de l’ESAA. Répondant à notre question sur l’histoire de l’école, M. MICHELETTI nous a confié que l’ESAA est une émanation d’un accord intergouvernemental entre l’Algérie et la France afin de former des cadres dans le domaine commercial, management, organisation avec une formation de haut niveau pour les introduire dans des entreprises algériennes en priorité. Cette volonté s’est concrétisée le 13 juillet 2004 avec des partenariats qui ne cessent d’évoluer vers d’autres partenariats avec cette volonté d’être l’une des meilleures business school en Algérie, voire même la meilleure. Mais pas seulement. « Nous voulons aussi être référencés au niveau du Maghreb, de l’Afrique francophone voire même de toute l’Afrique ».
Le Directeur Général de l’école nous a aussi affirmé que l’ESAA était en pleine restructuration dans le sens positif du terme, de façon à ce qu’il y ait aussi bien des étrangers que des Algériens qui interviennent, tant sur le plan académique que sur celui des projets. Voici les points sur lesquels nous sommes revenus lors de notre rencontre.
La création de l’ESAA fut un besoin, une nécessité ?
Effectivement. A côté des écoles et des universités présentes, il y avait la volonté des deux gouvernements de créer une institution de très haut niveau, accompagnée departenaires prestigieux pour former des cadres de haut niveau que l’on appelle les esaarc dans notre jargon académique. L’ESAA a dès le départ reçu un bon feedback de la part de la communauté algérienne, notamment les entreprises telles que les opérateurs téléphoniques, SONELGAZ, ainsi que de nombreuses moyennes entreprises. Ceci veut dire que l’ESAA a une très bonne image de marque et une réputation de qualité vis-à-vis des partenaires économiques.
Vous avez parlé de restructuration. Est-ce qu’avoir recours aux TIC dans les méthodes de management était inévitable ?
C’était une nécessité oui, et à deux points de vue. La première, c’est que c’est dans le courant de l’histoire, on ne peut pas le nier. La seconde, c’est que nous voulons être une véritable vitrine technologique avec les TIC, et faire de cette école un emblème vis-à-vis des entreprises qui vont travailler de plus en plus avec les TIC. Preuve de l’investissement de l’ESAA dans ce sens, la conférence TedX relayée sur les réseaux sociaux. A travers ce genre d’actions, nous voulons sortir du cadre stricto sensu de l’école et même de son environnement. Grâce aux TIC, nous serons en contact permanent avec la communauté de partenaires que ce soit les élèves, les enseignants, les entreprises, les institutions publiques et aussi pour que le monde nous connaisse pour ce que l’on est et ce que l’on fait.
Parlez-nous du nouveau master que vous instaurerez dès la prochaine rentrée.
Une grande nouveauté attend l’ESAA au début de l’année prochaine, un master dans le domaine Télécom fera son entrée dans le menu qu’offre l’école. A la grande différence des universités et des écoles d’ingénieurs qui dispensent des formations techniques, nous désirons mettre en place un Master Management, Business, Organisation afin de pouvoir aider les grands opérateurs téléphoniques ainsi que les spécialistes des médias, tels que la presse, de façon à aider ses intervenants à maîtriser le système dans son ensemble, au niveau interne comme au niveau externe en ayant des connexions internationales. En résumé, nous formerons des cadres qui travailleront à la fois dans l’organisation, la stratégie et le développement. Pour cela, nous avons besoin de spécialistes techniques purs mais aussi de spécialistes du marketing et des marchés.
Qu’en est-il des autres métiers 2.0, comme le Community Management par exemple ?
Nous serons bien obligés de former des étudiants à ces métiers car il existe une forte demande des entreprises et des étudiants sur ces domaines-là. Ce qui se fera à l’école relèvera de l’enseignement académique mais sera fortement relayé par nos partenaires, en particulier dans les entreprises où nos étudiants feront leurs stages, ou bien dans le cadre de la formation continue des cadres ou des professionnels qui voudront se perfectionner dans ce domaine-là.
L’ESAA aspire donc à devenir un incubateur ?
L’incubateur, c’est encore autre chose. Ce que nous souhaitons, c’est que l’étudiant devienne l’acteur de son propre projet personnel et professionnel. Et la meilleure façon de le faire, c’est d’être créateur de sa propre entreprise. Beaucoup d’écoles se sont lancées dans ce domaine-là, mettant juste une salle adaptée. Nous, nous voulons mettre une salle adaptée mais aussi un lieu de vie, c’est à dire de la création de l’entreprise à son expansion. Quitte à faire comme le font certaines business school internationales : garder des anciens étudiants pendant une année afin d’accompagner les nouveaux. Sachant aussi que nous avons déjà un corps professoral dédié au partenariat à l’incubation. Nous voulions aussi avoir un concepteur, animateur de projet en la personne de Karim DJERBOA, pour accompagner ces jeunes créateurs dans leur aventure entrepreneuriale, espérant un jour avoir de véritables pépites qui seront les talents de demain. Nous fournissons donc un cocon mais tout ce qui va avec pour aider le jeune chef d’entreprise dans son développement. Cet incubateur sera inauguré et ouvert aux étudiants de l’ESAA au mois de Septembre.
Etes-vous confiant quant à la réussite de cet incubateur ?
Bien sûr que oui. Je suis certain que ça va marcher même s’il faudra peut-être un temps d’adaptation. Mais ça va marcher, surtout dans ce domaine. Nous allons aussi accompagner les jeunes entrepreneurs à travers des conseils pour financer leurs projets.
M. DJERBOA : Ce qu’on essaye de faire, c’est de créer un pilier de ce que serait un bon écosystème pour un jeune entrepreneur, en trouvant l’idée sur laquelle il va travailler, qui servira à régler un problème de la société. Il faut qu’il ait aussi accès à ce que l’on appelle le «mentorship» à l’extérieur car l’entrepreneur tout seul ne pourra rien faire s’il n’a pas accès à un marché. Par la suite, il faudra trouver un financement. A travers ma longue expérience au niveau international, je pense qu’il faut être réaliste et ne pas trop rêver et être objectif et rationnel. Aussi, il faut exposer ses idées face à la réalité du marché. Ils ne seront pas juste là à suivre des cours théoriques mais on les fera sortir du bâtiment et on les obligera à aller mesurer leur potentiel clients à travers des méthodologies qui ont fait leur preuve à l’international comme le «business canevas», dans le but de cristalliser ces idées-là. Notre espoir serait d’assister à de belles success story.
Quels sont les blocages auxquels fait face l’Algérie dans la création d’entreprise ?
M. DJERBOA : la culture entrepreneuriale n’est pas installée, c’est tout à fait normal. C’est pas un manque bien au contraire, ça servira à ne pas faire les erreurs qui ont été faites ailleurs. La culture entrepreneuriale est très spécifique, c’est pour cette raison qu’il n’y a qu’une seule Silicon Valley dans le monde. Donc, pour réussir, il faut créer ce mini-écosystème en Algérie. Ce qui manque à ce pays, c’est la culture du mentorship. Il serait bien d’aller voir les entrepreneurs qui ont réussi et de leur inculquer la culture qu’il faut rendre à la société.
On entend souvent dire que le marché algérien est spécifique. Pourquoi ?
Tout est possible ! L’Algérie est l’un des rares pays au monde où quasiment tout est possible. C’est fabuleux. Il faut donc qu’il y ait une volonté des jeunes de créer leurs entreprises car c’est bien d’importer mais développer, c’est beaucoup mieux. Il faut montrer aux jeunes algériens que les opportunités sont en Algérie. J’invite donc toutes les personnes ayant l’envie de réussir d’intégrer l’ESAA à travers une très belle phrase : « votre force notre passion, votre passion notre force ».
En visitant l’école, nous nous sommes rendus compte que c’est une école ouverte, où une synergie entre enseignants et étudiants existe bel et bien. Cette synergie pourrait être effectivement le secret de l’ESAA dans sa réussite. Ce qui est sûr, c’est que si l’on désire se dépasser et être acteur de son avenir, faire le choix de l’ESAA est synonyme du bon choix.