Le Ministre délégué chargé de l'économie numérique et de la modernisation des systèmes financiers a accepté de revenir avec nous en exclusivité sur l'arrivée du paiement en ligne ainsi que sur la prochaine étape que constitue le e-commerce.
Monsieur Boudiaf, vous êtes ministre délégué chargé de l'économie numérique et de la modernisation des systèmes financiers et vous travaillez en concordance avec le ministère de la Poste et des Technologies de l'Information et de la Communication. Deux secteurs qui se superposent parfois, pourriez-vous nous préciser les prérogatives de ces deux ministères ?
Cela me surprend de voir cette question revenir assez souvent puisque ce sont deux périmètres bien distincts mais complémentaires. Le poste que j'occupe et qui a trait avec l'économie numérique, auquel on a adossé la modernisation des systèmes financiers, dans sa partie économie numérique, assure le développement de la couche métier pendant que la couche technologique, est elle, assurée par le Ministère de la Poste et des Technologies de l'Information et de la Communication, par exemple tout ce qui concerne la bande passante, les autoroutes d'information, les espaces de stockage de données, la disponibilité d'internet ...etc. En ce qui concerne le volet métier, il concerne la modernisation des banques et assurances, les douanes, la finance publique donc tout ce qui est budgets, comptabilité et fiscalité.
Bien-sûr la transversalité de l'économie numérique nous amène vers des terrains divers comme l'éducation, la formation professionnelle ou encore l'enseignement supérieur et ceci projette tout naturellement notre pays dans ce qu'on appelle une civilisation numérique donc il n y a aucun chevauchement entre les prérogatives de ces deux ministères.
Le paiement en ligne a été lancé il y a quelques semaines. Aujourd'hui, quelles sont les attentes par rapport à ce service ?
A travers ce lancement, il s'agit de réunir les conditions nécessaires à l'instauration de la confiance dans l'usage du paiement en ligne, de telle manière à encourager le citoyen à se procurer une carte CIB mais surtout à l'utiliser. Je pense que le besoin de ce nouvel outil de paiement est certain, notamment pour les factures domestiques comme l'eau et le gaz puis l'électricité qui arrivera dans un deuxième temps. Aujourd'hui, le paiement en ligne répond à un besoin qui gravite autour du consommateur dans sa dimension "Foyer".
L'Algérien est connu pour être friand de nouvelles technologies, pensez-vous que l'adoption du paiement en ligne se fera rapidement ?
Je pense que l'Algérien n'a pas de particularité propre à lui. L'évolution technologique est là et il l'épouse parfaitement sur l'ensemble des segments technologiques survenus dans notre pays. En ce qui concerne le paiement en ligne, il suffira de réunir les conditions de confiance nécessaires et de veiller à leur perpétuation et le citoyen se l'appropriera. Je reste optimiste sur ce point.
Pour la partie sécurité, la plateforme implémentée est très sécurisée grâce à la solution 3D Secure. Peut-on envisager à l'avenir des services ayant trait aux assurances sur les transactions ?
C'est un point sur lequel le secteur des assurances est entrain de réfléchir. J'ai moi-même récemment rencontré les PDG des assurances et d'autres acteurs concernés afin de débattre de la question. Celle-ci est entrain d'être examinée de manière très sérieuse. Nous pensons notamment à la mise en place de produits d'assurance adossés aux cartes CIB pour répondre à des besoins comme la perte de la carte bancaire, par exemple.
Beaucoup de créateurs de start-ups sont dans l'attente d'une extension du paiement en ligne aux activités de service, autres que les grands facturiers. Nous savons que la loi est en préparation, est-ce-que le GIE Monétique, les banques et la SATIM sont prêts à le déployer rapidement après la promulgation de cette loi ?
Tout à fait, puisque le périmètre de paiement en ligne qui vient d'être mis en place par les organes interbancaires, autorisés par la banque d'Algérie, sera le même utilisé demain pour effectuer le paiement d'un produit commercial sur internet. Les organismes que vous citez n'auront donc rien de plus à faire si ce n'est d'assurer des transactions sécurisées ainsi qu'une interaction sûre entre le site du web-marchand et la plateforme de paiement. Une fois la sécurisation établie, le prestataire devra répondre à un certain nombre de conditions et à partir du moment où l'activité est homologuée, le site marchand pourra débuter son activité.
En ce qui concerne l'hébergement de ces sites web-marchands, confirmez-vous qu'il doit se faire en Algérie ?
Evidemment. Nous parlons de commerçants de droit algérien. Il est donc naturel que l'hébergement se fasse en Algérie parce que s'il y a des litiges, nous devrons être en mesure de mettre la main sur les acteurs concernés.
Sur un autre point, un certain nombre de sites algériens ont pour extension ".com" ou ".fr" Y aura-t-il des conditionnements sur cet aspect ?
En effet, la loi sur le e-commerce risque de préciser de manière très claire la nature des extensions qui seront éligibles pour exercer une activité web-marchande en Algérie et donc rendre obligatoire l'extension ".dz".
L'économie numérique est un volet très important dans votre action au quotidien, comment pouvez-vous aider les start-ups qui activent dans le domaine du numérique et qui ont besoin de ce maillon très important qui est le paiement en ligne ?
La 4G a été lancée récemment, tout comme le paiement en ligne. Ces nouveautés vont évidemment libérer un nombre important d'initiatives d'investissement et accélérer la mise en place de nouveaux métiers qui vont venir graviter autour de cet écosystème comme les sociétés de livraison, de développement de contenu, ou encore d'entrepôts de stockage. La jeunesse et les start-upers peuvent commencer à croire d'une manière plus forte à leur avenir. N'oublions pas également la loi sur l'économie numérique qui viendra prochainement confronter un certain nombre de points liés au numérique.