Le 2ème forum algéro-français du numérique organisé ce lundi à Alger a réuni des professionnels du monde numérique des deux pays autour de l’économie de numérique. La première partie des présentations a été consacrée aux infrastructures de base (réseaux), indispensable à la construction d’une société de l’information.
Ali Kahlane, président de l'Association des opérateurs de télécoms alternatifs (AOTA), chiffre à l’appui, est revenu sur les principaux indicateurs de l’Algérie en matière des TIC qui la place au même niveau des pratiques des pays du Maghreb.
Selon le classement WEF (Forum économique mondial) qui compare les meilleures pratiques des TIC, l’Algérie a gagné 43 places de 2015 à 2016, « parce que pendant trois ans on n’a pas produit de chiffres », a-t-il noté.
De 2013 à 2017, le maillage de la fibre optique est passé de 50 000 km à 85 000 km avec près de 1500 communes raccordées, soit « presque toutes les communes d’Algérie ». Le parc de la téléphonie mobile est passé à 48 millions abonnés, l’Internet fixe à 3 millions, soit 35% des foyers algériens et le l’internet mobile à 28 millions, soit 73% de la pénétration internet en Algérie, a-t-il fait savoir. Et de souligner que l’internet mobile, lancé fin 2013, a révolutionné la société algérienne.
Enchainant sur la même thématique des réseaux, Fazil Bouaiach Governement Affairs Director chez l’opérateur de téléphonie mobile Djezzy est revenu le « nouveau » rôle de l’opérateur télécom dans l’économie numérique. Selon lui celle-ci ne peut exister sans une infrastructure réseau performante et bien développée. Toutefois, a-t-il insisté, le nouveau rôle de l’opérateur télécom est « d’être capable de gérer les données ». « Si par le passé ce qui était utile pour un opérateur c’était le spectre, dans l’avenir c’est la data », a souligné M. Bouaiach.
Selon lui, le contenu va être très important dans le futur et l’opérateur télécom doit être capable de gérer tous les services liés à l’économie numérique en ce sens que l’industrie télécom doit créer de la valeur pour elle-même, ses abonnés et pour les autres industries, en opérant sa transformation digitale.
Abondant dans le même sens, Djaoued Salim Allal, Président de l’AITA (Algerian IT Association), a indiqué en entamant la session dédiée à la transformation numérique des entreprise, que 70% des grandes entreprises dans le monde ont déjà intégré le projet de la transformation digitale. Selon lui, la quatrième révolution industrielle prévue pour 2060, est en marche. De ce fait, la transformation digitale est impérative, sinon 40% de ces grandes entreprises vont disparaitre. A ce propos, il a affirmé que l’espérance de vie de l’entreprise est passée de 60 ans à 12 ans aujourd’hui.
La transformation digitale devrait être perçue comme une opportunité au vu des nouveaux service qu’elle apporte, a indiqué pour sa part Amine Trigui, Directeur Consulting & Opérations Sofrecom Tunisie, une entreprise du groupe Orange spécialisée dans les télécoms.
Selon lui, les industries dans le monde sont en train de s’interconnecter et les concurrents des entreprises ont changé de visages, citant l’image des OTT (Viber Skype) qui concurrence les opérateurs de téléphonie traditionnels.
Ces derniers doivent toutefois, en plus de leur transformation digitale, assurer convenablement leur rôle principal de transporteur de la voix et la data. Car, il faut assurer la stabilité du réseau Internet pour rassurer les investisseurs, souligne de son coté Olivier Labbé de CAP DC, l’un des leaders français de la conception et la réalisation de Datacenters. Pour lui, l’Algérie dispose d’énorme atouts pour héberger des datacenters, à l’aune des nouvelles solutions développées dans ce domaine, qui intègre le gaz dans le système de refroidissements des machines et « peut même concurrencer les pays scandinaves », a-t-il dit.
Christine Dedenon, DG de Progisys, représentant historique et partenaire officiel en Algérie du premier éditeur français de logiciel de gestion Cegid Group, affirme, elle aussi, que le marché algérien de l’économie numérique d’une manière générale recèle d’énormes potentialités. L’entreprise qu’elle dirige qui accompagne les entreprises sur la partie software (ERP) enregistre 30% de croissance.
L’événement a été clôturé par une session consacré à l’opportunité de construire des ponts entre l’Algérie et la France à travers l’écosystème startup. Mehdi Omarouayache, président du Cluster numérique algérien, a axé son intervention sur comment les startups algériennes peuvent-elles capitaliser sur les expériences de pays comme la France suivi du témoignage de Lamia Khoudja d’Algerian World Experience (AWE) sur la rencontre en France des acteurs algériens du digital de leurs homologues de la Frech Tech et de l’intervention de Jean-Pierre Mignard, président de l’Association Jisr France –Djazair sur comment développer les synergies entre la France et l’Algérie dans le domaine des nouvelles technologies.