Un Forum national sur le e-Tourisme a été organisé ce dimanche à l’hôtel Aurassi (Alger). Parrainé par le ministère du Tourisme et de l’Artisanat et le ministère de la Poste, des télécommunications, des technologies et du numérique, l’événement a été l’occasion de passer en revue la situation du secteur touristique et les « challenges » qui se dressent devant la profession à l’ère des nouvelles technologies.
Le ministre du Tourisme et de l’Artisanat, Hassan Mermouri, a donné le ton dans son discours d’inauguration, en affirmant que l’époque de « la gestion traditionnelle du secteur touristique est révolue ». Selon le ministre, l’Algérie ne peut être à la traine de ce qui se passe dans le monde. « L’activité touristique reste menacée si ne nous n’adoptons pas les nouvelles technologies », a-t-il insisté.
Les intervenants à ce Forum ont, à l’unanimité, souligné l’apport des nouvelles technologies pour le développement du tourisme tout en alertant sur les défis que représente la digitalisation des activités de ce secteur, « si l’on la considère pas comme une opportunité ».
Le représentant de la Fédération Nationale des associations des agences de tourisme et de voyages (FNAT), Nadjah Boudjelloua a souligné que le secteur du tourisme vit des changements profonds et il appartient « aux professionnels que nous sommes de nous y adapter ».
« Il est indéniable que le touriste algérien est très actif sur Internet. De ce fait, nous devons en tant que professionnels nous adapter à ce changement des modes de consommation touristique », a-t-il déclaré, soulignant l’intérêt pour les professionnels d’apporter un contenu touristique idoine sur les plateformes numériques.
Le président du Cluster numérique Mehdi Omarouayache est revenu, dans sa présentation, sur les tendances mondiales du « touriste connecté ». Selon lui, le touriste connecté cherche à vivre de « nouvelles expériences » délaissant les destinations touristiques les plus en vue ; s’intéresse aux avis que laissent les internautes sur les établissements touristiques et accorde une grande importance à la connectivité des territoires (disponibilité du réseau d’accès à Internet). Ainsi, les professionnels devront désormais s’intéresser au comportement du touriste pendant le séjour et non avant et sur l’image qu’ils véhiculent auprès de leurs clients.
En Algérie, cette nouvelle donne des nouvelles technologies qui s’incrustent dans le secteur du tourisme devrait être perçue comme « une opportunité » en ce sens que l’e-tourisme constitue une nouvelle demande qu’il est plus ou moins aisé de capter contrairement au marché du tourisme classique qui connait une grande concurrence, a-t-il noté.
Cette nouvelle demande existe bel et bien, quand bien même le paiement électronique reste cantonné dans quelques prestations de grandes entreprises notamment publiques. La Country Manger Algérie de Jumia Travel, filiale du groupe spécialisé dans le commerce électronique en Afrique, Mlle Hanna Benmerad a indiqué, dans sa présentation, que la demande pour les services que propose leur plateforme- qui s’adresse aux locaux qui voyagent local-augmente de 20% chaque mois.
S’intéresser de près à la digitalisation
Nassim Lounès, Directeur Général de Sense Conseil est revenu, quant à lui, sur le défi de l’uberisation ou l’économie collaborative qui touche plusieurs secteurs d’activités et les métiers en lien avec le tourisme en particulier. Selon lui, l’Algérie ne peut évoluer en marge de cette transformation qui s’opère dans le monde. Il a cité les nouveaux acteurs du numérique qui ont révolutionné les métiers du tourisme comme Airbnb, la plateforme de l’hébergement chez l’habitant ou Uber, la plateforme de mise en contact d'utilisateurs avec des conducteurs et leurs équivalent en Algérie, à l’image de Nbatou et de Yassir.
Les acteurs de l’économie collaborative dont le principal avantage est de fournir un service à moindre coût sont de sérieux concurrents pour les établissements hôteliers (3 et 4 étoiles). Face à ce nouveau phénomène « les acteurs du tourisme traditionnels doivent s’intéresser de près à leur digitalisation », a-t-il recommandé.
En fin, le Directeur de la monétique au CPA (Crédit populaire d’Algérie), Redouane Senouci est revenu sur le e-payment, lancé en Algérie en octobre 2016 pour les grands facturiers. 10.000 transactions ont été enregistrées depuis, selon les chiffres qu’il a présentés. Des chiffres qu’il juge encourageant vu que le paiement électronique ne concerne que les services de quelques grandes entreprises et institutions, en l’absence d’un cadre juridique (le e-commerce en examen en commission à l’APN). Le e-payment est élargi désormais à quelques établissements hôteliers publics, a-t-il annoncé, comme bonne nouvelle pour le e-Tourisme en Algérie.
A noter qu’une convention de partenariat a été signée, à l’occasion de ce Forum sur le e-Tourisme, entre le Cluster numérique et le Cluster tourisme. A cette occasion aussi, une plateforme de réservation en ligne baptisée Cyber Léo a été inaugurée.