Sofrecom est un groupe international de conseil et ingénierie, filiale 100% du groupe Orange. Il dispose d’une entité en Algérie depuis 2002 avant qu’elle ne soit rattachée à Sofrecom Tunisie en 2017. Désormais, les activités du groupe en Algérie sont gérées par un management intégré Algérie et Tunisie (Sofrecom Algérie & Tunisie). Ces deux filiales comptent près de 600 collaborateurs, ingénieurs pour la plupart et spécialisés dans les métiers du Numérique : Informatique et Télécommunications.
En Algérie, Sofrecom qui était jusque-là « plus focalisé sur un seul secteur d’activité, celui des opérateurs de télécommunication, en l’occurrence les activités de systèmes de facturation avec Algérie Télécom», veut à présent renforcer sa présence sur le marché national, à travers une nouvelle stratégie de diversification. Selon Abdelkader Dali, CEO de Sfrecom Algérie & Tunisie, le Groupe entend jouer un rôle prépondérant dans l’accompagnement de la transformation digitale qui s’opère en Algérie. (Lire entretien).
Sofrecom dispose d’une riche expertise dans l’accompagnement de la transformation digitale des opérateurs et des gouvernements. Sur le marché tunisien, le Groupe apporte déjà son expertise dans les projets de digitalisation de la Tunisie tels que l’e-gouvernement, l’e-éducation, l’e-santé, l’e-banking etc.
En Afrique, l’une de ses success story est d’avoir réussi, entre 2010 et 2016, la transformation d’un opérateur de premier rang. Sofrecom a accompagné la transformation profonde de la stratégie, de l’organisation, des réseaux fixes et mobiles et de l’IT de cet opérateur et des compétences de ses employés. « C’est aujourd’hui l’un des plus gros opérateurs domestiques d’Afrique avec une croissance annuelle supérieure à 10% ».
Abdelkader Dali, CEO Sofrecom Algérie & Tunisie:
« Notre objectif est de devenir le partenaire privilégié de la transformation digitale de nos clients »
N'TIC : D’abord, présentez-nous les activités de votre entreprise ?
A.D : Sofrecom, filiale du Groupe Orange, a développé depuis plus de 50 ans un savoir-faire unique dans les métiers du Numérique, qui en fait aujourd’hui un des leaders mondiaux du conseil, de l’ingénierie et des centres de services IT. Son expérience des marchés matures et des économies émergentes, conjuguée à sa solide connaissance du marché des télécommunications et de l’informatique, en font un partenaire incontournable pour les sociétés, gouvernements, régulateurs et investisseurs internationaux.
Ces dernières années, plus de 200 acteurs majeurs, dans plus de 100 pays, ont confié à Sofrecom la conduite de leurs projets stratégiques et opérationnels : transformation et optimisation, modernisation technologique, innovation et développement. Son accès privilégié aux expertises et à l’innovation du groupe Orange permet à Sofrecom de proposer à ses clients des solutions innovantes et sécurisées.
Sofrecom est une entreprise internationale riche de sa diversité, avec plus de 2000 consultants et experts répartis dans 11 implantations à travers le monde dont Alger et issus de plus de 30 nationalités.
J’assure pour ma part la direction générale de nos filiales à Alger et Tunis où nous comptons 600 collaboratrices et collaborateurs, ingénieurs pour la plupart, experts dans les métiers de l’informatique et des télécommunications.
N'TIC : Quels sont vos atouts par rapport à la concurrence ?
A.D : Le Groupe Sofrecom dispose de nombreux partenaires (éditeurs, intégrateurs notamment) avec lesquels nous dressons, chaque fois que nécessaire, les besoins clients ensemble.
Nos concurrents sont les sociétés ayant des activités de conseil, développement, ingénierie. Mais notre distinction et ce qui fait notre singularité par rapport à d’autres, est notre expérience unique de 50 ans maintenant dans le secteur du Numérique où nous avons été témoins et acteurs des plus grandes transformations technologiques (fixe et mobile) à travers le monde.
N'TIC : Comment se porte actuellement l’entreprise sur le marché algérien ?
A.D : Sofrecom Algérie, notre filiale à Alger est présente sur le marché depuis le début 2002 et nous avons accompagné des opérateurs de télécommunication dans leur développement et leur modernisation. Nous sommes très fiers de cette présence qui dure maintenant depuis près de 20 ans sans discontinuité.
Il faut reconnaitre que malgré cette présence « très ancienne », on était plus focalisé sur un seul secteur d’activité, celui des opérateurs de télécommunication, en l’occurrence les activités de systèmes de facturation avec Algérie Télécom, notre client historique que nous continuons d’accompagner à ce jour.
Nous avons décidé mi-2017, date de ma prise de poste à Alger, de mettre en place une stratégie de diversification en adressant d’autres marchés que celui des opérateurs télécoms, le potentiel et les besoins y étant très important également, faisant dorénavant de l’Algérie une priorité de développement. Nous avons mis en place des changements organisationnels avec un management intégré Algérie et Tunisie permettant ainsi d’offrir à nos clients sur l’ensemble de notre footprint des offres enrichies.
En Tunisie nous avons une entité déjà très développée et notre ambition est de nous développer en Algérie comme on l’a fait dans les autres pays de la région. C’est pour cela que nous avons toujours maintenu notre structure locale et que nous allons même renforcer avec des collaborateurs algériens. On veut que les services que nous allons fournir soient produits en Algérie par des Algériens. Si on doit recourir à de l’expertise en provenance de l’étranger, cela se fera dans le cadre d’un transfert de compétences, de sorte à permettre progressivement aux collaborateurs en Algérie d’être complétement autonomes.
N'TIC : Concrètement, comment va se décliner cette ambition sur le terrain ?
A.D : Le constat auquel j’ai abouti, après plusieurs visites de prospection et des participations à des rencontres d’affaires depuis près d’un an maintenant, est que Sofrecom n’est pas connu en Algérie à l’exception de la sphère télécoms. Cela constitue pour nous une source d’opportunités !
Donc concrètement, nous allons nous faire connaitre à travers des actions commerciales et de communication : travailler notre notoriété, travailler nos offres commerciales et surtout expliquer notre modèle de développement. On veut que ce modèle soit local avec des compétences locales.
Notre objectif est de devenir « le partenaire privilégié » de la transformation digitale de nos clients.
N'TIC : L’Algérie dispose-t-elle de compétences capables de relever le défi de la transformation digitale ?
A.D : Notre volonté est de nous rapprocher des écoles et universités pour préparer main dans la main avec le monde académique les compétences de demain afin de permettre à la jeunesse algérienne de jouer un rôle clé dans le Numérique. Les économies qui réussiront dans les années à venir sont celles qui mettent le développement des talents au cœur de leur stratégie. Dans un monde en perpétuel changement, seuls ceux qui sauront s’adapter auront droit au chapitre.
Il faut savoir que le secteur du Numérique va manquer en Europe de près d’un million de compétences sur les 5 prochaines années, dans le cadre de la transformation digitale qui s’opère dans ces pays-là.
Aujourd’hui, beaucoup de pays européens lorgnent des compétences au niveau du Maghreb parce qu’ils considèrent que le système éducatif au niveau de cette région forme aussi correctement, parfois mieux, des compétences que dans leur propre pays. Et des compétences, il y en a en Algérie, nous avons eu l’occasion de visiter des universités à Alger, Tizi Ouzou et Biskra, par exemple. Maintenant, il faut que les entreprises et le monde académique travaillent ensemble de sorte à faire de l’Algérie une terre du Numérique.
Le Numérique est une nouvelle révolution industrielle et l’Algérie a toute sa carte à jouer pour mettre sa jeunesse au service de cette ambition et faire de l’Algérie un hub du Numérique en Afrique, en constituant un vivier fort de compétences dans le Numérique pour ensuite attirer les investisseurs étrangers très nombreux dans ce secteur.
N'TIC : Ne pensez-vous pas que certaines contraintes, comme l’absence du paiement électronique, risquent de freiner cette dynamique de transformation ?
A.D : On observe beaucoup d’évolutions dans le secteur ces dernières années en Algérie : L’adoption récemment d’une loi sur le commerce électronique, des nouveaux câbles sous-marin de fibre optique seront installés prochainement et l’internet mobile qui se déploie rapidement, entre autres. On peut dire aussi qu’aujourd’hui on a un certain nombre d’infrastructures qui permet déjà de lancer des activités liées à l’économie Numérique. Cela se renforcera davantage avec l’arrivée du FTTx (Fibre jusque chez le client).
La situation évolue dans le bon sens et une dynamique est lancée. Il faut l’accompagner pour qu’elle réussisse. Et à Sofrecom nous voulons être partie prenante de cet accompagnement pour contribuer à faire de l’Algérie une terre du Numérique.
Nous avons tendance à nous comparer à d’autres pays, les voisins directs ou sur la rive nord de la méditerranée en particulier. Ces pays ont, eux aussi, des contraintes et cela ne les a pas empêchés de se développer dans le secteur du Numérique. Donc, il n’y a aucune raison pour que l’Algérie n’y arrive pas.
N'TIC : Comment voyez-vous l’avenir de votre secteur ?
A.D : Le secteur du Numérique a un très grand avenir devant lui. Le développement des réseaux à très haut débit a favorisé l’émergence de nouveaux usages qui transforme la relation entre le client et l’entreprise, entre le citoyen et l’administration. Nous entrons dans une ère nouvelle qui bouleverse les modes de fonctionnement que nous connaissions jusqu’à présent. Les sociétés doivent donc anticiper et s’adapter à tous points de vue et plus particulièrement dans la gestion de leur capital humain. Il faut savoir que près de 80% des emplois nécessaires dans 10 ans ne sont pas connus aujourd’hui.
Bio express
Abdelkader Dali, 44 ans, est depuis novembre 2016 DG des filiales du Groupe Sofrecom en Algérie et en Tunisie.
Fort d’une expérience de 20 ans dans le secteur du Numérique et des Télécoms à l’international, Abdelkader Dali, a une connaissance approfondie des enjeux des acteurs du Numérique et de leur écosystème. Il a fortement contribué aux succès de Sofrecom en Afrique du Nord et au Moyen-Orient, où il travaille depuis plus de 10 ans sur des problématiques variées : Management, Stratégie, Organisation, Opérations, Innovation, Développement Commercial, Systèmes d’informations...
Il a rejoint la filiale Sofrecom à Dubaï en 2011 d’abord en tant que Directeur Commercial, puis a pris sa Direction en 2013 et a créé le Hub Moyen-Orient qui couvre notamment les pays de la péninsule Arabique (Emirats Arabes Unis, Arabie Saoudite, Koweït, Qatar, Oman, Bahrein et Yemen), mais aussi l’Iran, le Pakistan et le Sri Lanka. Son action a permis d’affermir la position d’Orange et de Sofrecom dans la région et de diversifier fortement l’activité auprès des opérateurs à travers des missions de conseil stratégique et de transformation des Réseaux et des SI.
Abdelkader Dali est binational Algéro-Français, Ingénieur, diplômé de l’Ecole Nationale de Sciences Appliquées et de Technologie (ENSSAT), dispose également d’un Diplôme d’Etudes Approfondies (DEA) en Télécommunications auprès de l’Université de Rennes 1 et enfin titulaire d’un MBA auprès de la Paris Sorbonne Business School.