Ils l’ont encore fait…après avoir quasiment tout inventé en matière de jeu vidéo, de la croix directionnelle au pad analogique, des manettes qui vibrent à celles qui détectent les mouvements, du gameplay tactile à la 3D stéréoscopique sur consoles nomades, Nintendo (What else ?) nous pond encore une fois un concept inédit avec sa toute nouvelle Wii U.
Contexte et performances
La septième génération de consoles de salon (Wii, Xbox 360 et PS3) est celle qui a connu le cycle industriel le plus long. Pendant ce temps, les outils de développement de jeux ont assez évolué pour dépasser les capacités techniques des consoles actuelles ; des démos de moteurs graphiques comme l’Unreal Engine 4 ont déjà été révélées, et aucune console connue ne peut pour l’instant faire tourner des jeux développés avec, faute de puissance de calcul. Des standards vieux de 6 ans continuent donc à se maintenir à renfort de jeux occasionnels (qui a dit Kinect ?).
C’est dans le début du déclin de la 7ème génération que la Wii U apparaît, coupant l’herbe sous le pied de la concurrence qui prépare des machines dont nous ne savons encore que peu de choses (2013 devrait être riche en annonces). Une attitude typique de Nintendo… On retrouvera aussi sa tendance à proposer un hardware axé sur les innovations ludiques plutôt que sur les performances graphiques.
Son processeur à trois coeurs cadencés à 1.24 GHz a en effet défrayé la chronique ; chaque spécialiste ou hacker y va de son commentaire. Mais on retiendra que la Wii U, bien qu’avançant des chiffres en deçà de ce que propose une Xbox 360 (dont les trois coeurs sont cadencés à 3.2 GHz), dispose d’une architecture qui lui permettrait de parfaitement soutenir la comparaison.
Le processeur graphique est cadencé à 550 MHz (autant qu’une PS3), et 2 Go de mémoire vive sont embarqués sur la console. Les murmures autour de la prochaine génération de consoles font penser que la Wii U est aussi obsolescente que les machines sorties en 2005. Heureusement, le jeu n’est pas qu’une affaire d’hertz et d’octets, mais aussi et surtout d’expérience globale, et la Wii U ne manque pas d’arguments.
Casu…pas casu
Le casual-gaming a pris tout son essor entre la Wii, les logiciels d’entrainement cérébral de la DS, ainsi que la flopée d’applications pour smartphones. La Wii U a donc pour mission de fédérer à la fois les joueurs chevronnés et les pros d’Angry Birds. Le gamepad de la console permet quelques prouesses qui vont dans ce sens, et bien que la notion de gameplay asymétrique recèle des trésors de fun, elle demeure exclusive aux modes multijoueurs. La convivialité, ça a du bon, mais le gameplay asymétrique n’apporte pas de plus-value aux campagnes solo.
Ces nouvelles mécaniques de jeu n’ont malheureusement pas été explorées par une bonne partie des jeux disponibles sur la console (on pense notamment au navrant « The Lapins Crétins Land »). Il est donc légitime pour le moment de les considérer comme des ajouts limités, mais quand leur véritable potentiel sera assimilé par les développeurs tiers, la Wii U promet d’atteindre des sommets.
Les titres les plus médiatiques révèlent déjà de nouvelles sensations ; on pense bien sûr à « Zombi U », haletant, varié, impitoyable, et tout bonnement génial. Zombi U apparaît à une époque où le survival horror (comble de l’ironie) survit à peine, perfusé par les travaux de développeurs indépendants, quand les majors de l’industrie adoucissent le genre à coups d’actions contextuelles (on pense notamment au dernier Résident Evil, un excellent jeu que les âmes sensibles peuvent enfin apprécier).
Zombi U est central dans la stratégie de communication de Nintendo, si bien qu’il a bénéficié de son propre « pack premium ». Il est le signe ostentatoire que la Wii U s’adresse aussi aux gamers, public averti qui a finit par bouder l’essentiel du catalogue affiché par les consoles Nintendo ces dernières années (qui a dit Just Dance ?).
Pour quelqu’un qui n’a jamais tenu une manette entre les mains, la Wii U est une formidable école. « Nintendo Land » est l’exemple type du jeu « à mettre entre toutes les mains ». Il s’agit d’une compilation de jeux inspirés des univers phares de Nintendo. Ce méli-mélo d’activités spécialement conçues pour tirer partie du gamepad fait mouche quasiment à chaque fois, et se révèle finalement être un excellent titre qui a bien mérité, lui aussi, son « pack prémium ».
Line up de lancement
A côté de Nintendo Land et de Zombi U, il y a à boire et à manger. Les meilleurs titres sont ceux importés d’autres supports, le nintendomaniaque (si si, ça existe) lambda peut donc enfin goûter aux joies d’Assassin’s Creed 3 ou de Batman Arkham City. Ce dernier bénéficie même d’une refonte adaptée au support et aura mérité un nom à rallonge « Batman Arkham City Armored Edition ».
«Darksiders 2 », ou « Ninja Gaiden 3: Razor’s Edge » viennent eux aussi témoigner du passage tardif à la HD opéré par Nintendo. Le public recruté par la Wii trouvera aussi ses repères, et la Wii U ne manque ni de Just Dance ni de Your Shape : Fitness Evolved 2013, le logiciel de coaching sportif. Le plombier qui sert d’ambassadeur à la marque ne manque évidemment pas à l’appel, mais « New Super Mario Bros. U » se confond en compromis et en simplifications. La figure la plus connue de big N sert de guide au public néophyte dans une aventure qui sent le réchauffé…le challenge en moins.
Au final, le catalogue Wii U semble assez équilibré, prometteur par des annonces fortes et variées pour soutenir la console dans sa mission fédératrice.
To Wii U or not to Wii U
Préjuger de la réussite de la Wii U sur notre marché est un exercice peu aisé. Autant son succès commercial ne fait aucun doute sous d’autres cieux, autant sous le nôtre, une console introuvable à moins de 60 000 DA (avec un prix moyen de 70 000 DA, dépendamment des packs), au catalogue étriqué et au piratage inexistant ne part pas avec les meilleurs arguments.
On notera que la Wii sort sous un nouveau format « mini » à 99 dollars. Une baisse de prix qui peut lui assurer une seconde jeunesse, et il en sera probablement autant pour la PS3 et la 360 à l’annonce de la prochaine génération de console… Des baisses de prix qui devraient maintenir la 7ème génération au devant de la scène au moins jusqu’au réveillon 2014.