La Playstation 3 de Sony, sur laquelle son producteur table pour garder sa place de numéro un sur le marché des consoles de jeux face à ses concurrents Microsoft et Nintendo, a finalement reçu un accueil mitigé en Europe où même les passionnés jugent son prix trop élevé.
La nouvelle console du groupe japonais n'a pas déchaîné les foules lors de son lancement vendredi à minuit. A Paris et Londres, seule une centaine de fans ont fait l'ouverture des magasins.
Dans la capitale britannique, où les mordus de jeux vidéo répondent habituellement présent, l'événement a été moins spectaculaire qu'annoncé. Si les plus motivés étaient arrivés la veille, peu de joueurs avaient fait le déplacement.
De même, en France, l'affluence n'était pas comparable aux files d'attente observées lors de la sortie de la Wii, proposée à 249 euros, qui avait suscité un réel engouement, ni de la Xbox 360 de Microsoft sorti il y a plus d'un an
(399 ou 299 euros).
Au pied de la tour Eiffel, le bateau aux couleurs de la PS3 n'avait attiré qu'une cinquantaine de jeunes esseulés, alors que les mille PS3 mises en vente étaient supposées s'arracher. Ecartés de la soirée car non acheteurs, certains joueurs qui avaient été conviés par Sony ont dénoncé l'organisation d'une opération fortement médiatisée, qui a viré au flop.
Sur les Champs-Elysées, seuls les véritables mordus de jeux vidéo étaient venus à minuit acheter leur console, n'hésitant pas à dépenser 800 euros avec manette et jeux. Certains possèdent déjà PS2 et PlayStation portable, mais sont séduits par "le design, la sensation d'immersion grâce au graphisme" et le lecteur DVD haute définition Blu-Ray.
D'autres invoquaient un prix trop élevé et n'étaient pas prêts pour l'instant à "claquer 600 euros pour une console", espérant que le prix diminuerait d'ici Noël.
Sony, qui misait beaucoup sur le marché européen après un démarrage difficile aux Etats-Unis et au Japon, aurait-il fait un pari trop ambitieux en optant pour une machine ultra-sophistiquée qui lui coûte très cher?
Seul le modèle haut de gamme de 60 gigaoctets, au prix de 599 euros, est proposée en Europe, alors qu'une version plus abordable de 20 gigaoctets est disponible ailleurs. Avant le lancement, Georges Fornay, président de Sony Computer Entertainment France et vice-président Europe, avait cependant dit "rester flexible".
La PS3, considérée comme un produit vital pour le groupe nippon dont la santé financière demeure fragile, a eu un parcours semé d'embûches.
Sa commercialisation, en principe prévue au printemps 2006 dans le monde entier, avait d'abord dû être reportée en raison de retards de fabrication.
Survenue en novembre aux Etats-Unis et au Japon, elle était encore repoussée de quatre mois pour le continent européen qui apprenait par ailleurs que la
PS3 serait partiellement incompatible avec les jeux de la PS2.
Pendant ce temps sortaient la Xbox 360, qui se pose en concurrente frontale de la PS3 sur le terrain des performances, et la Wii qui a fait le choix d'une stratégie grand public.
Sony, qui vise toujours l'objectif de 6 millions de consoles d'ici fin mars, demeure toutefois confiant. Investissement de long terme, "entre 5 et 8 ans" selon M. Fornay, la PS3 pourrait se transformer en pari gagnant si la norme de DVD Blu-Ray s'imposait face au HD-DVD soutenu par Toshiba.
La PlayStation 3 n'a pas rencontré le succès escompté par Sony en Europe
- nabil