Apple secoue l’industrie du mobile
Des milliers d’Américains se sont précipités, vendredi dernier, dans les magasins pour être les premiers à acquérir l’iPhone d’Apple, un appareil multifonction faisant office de téléphone, de baladeur numérique, d’assistant personnel et de navigateur Web, qui risque d’agiter l’industrie des télécoms.
Les files d’attente avaient commencé à se former depuis plusieurs jours devant les portes des boutiques Apple et AT&T, l’opérateur télécoms ayant obtenu l’exclusivité de l’exploitation du nouvel appareil qui n’a été mis en vente qu’à partir de 18 h. « Je n’ai pas dormi depuis un jour et demi », a déclaré Grant Johnson, 41 ans, comptable à Brooklyn, qui était parmi l’un des premiers à sortir du magasin Apple de la Cinquième avenue avec un iPhone entre les mains. L’iPhone, fusion d’un mobile, d’un navigateur Web et d’un baladeur numérique, est vendu 500 dollars dans sa version équipée d’une mémoire flash de 4 gigaoctets et 600 dollars pour le modèle avec 8 gigaoctets.
Les experts en technologie le présentent comme un produit « révolutionnaire », mais se demandent si les utilisateurs ne seront pas frustrés par l’absence de clavier et par une connexion Internet limitée au réseau Edge, au lieu de la 3G. L’appareil très léger et ultrafin constitue un pari pour Steve Jobs, le cofondateur et patron d’Apple qui tente de réitérer le succès de son baladeur musical iPod en étendant ses logiciels et services médias sur le marché des télécoms.
« Ils veulent étendre leur domination en créant des produits aux lignes vraiment élégantes et bien intégrés du point de vue logiciel », a déclaré Mark McGuire, analyste du cabinet d’études Gartner. Apple espère écouler 10 millions d’iPhone en 2008, ce qui représenterait environ 1% du marché mondial des téléphones mobiles.
Aucun objectif n’a été avancé pour le lancement, mais certains analystes estiment que quelque 400 000 appareils pourraient être vendus dans les premiers jours. Reste à savoir si les ventes ne vont pas décliner une fois la frénésie de la nouveauté passée. Selon Piper Jaffray, Apple pourrait vendre en 2009 45 millions de combinés iPhone, ce qui ferait de cette activité, en termes de revenus, l’égale des deux principales divisions du groupe à la pomme, l’activité des ordinateurs Mac et celle des baladeurs iPod. Le débat sur l’iPhone a eu des répercussions sur l’industrie du sans-fil avant même que le premier combiné soit vendu. Ed Colligan, directeur général de Palm, un concurrent d’Apple sur le marché des téléphones multimédias, a déclaré jeudi à l’agence Reuters que les ventes de ses combinés Treo pourraient être « étalées » à court terme, le temps que les consommateurs testent l’iPhone.
Apple prévoit de lancer l’iPhone en Europe au 4e trimestre. Mais le groupe n’a toujours pas dévoilé le prix de l’appareil sur le Vieux Continent ni l’opérateur télécoms qui l’exploitera. Selon des rumeurs, le britannique Vodafone Group serait l’opérateur télécoms exclusif pour l’Europe. L’iPhone devrait arriver sur le marché asiatique en 2008.
Le lancement de l’iPhone, qui a attiré les foules comme pour la sortie d’une console de jeu, est considéré comme un test pour mesurer la demande aux Etats-Unis pour des combinés multimédias, nettement plus répandus en Asie et Europe. Au vu des premiers clients, l’iPhone semble attirer davantage la vieille génération de technophiles plutôt que des jeunes, découragés par le prix élevé de l’appareil.
La fièvre de l’iPhone s’empare des Américains
- nabil