Mobile World Congress 2009 : les constructeurs télécoms sous pression

Le salon mondial du mobile de Barcelone- considéré comme important rassemblement annuel des entreprises du secteur- intervient au moment ou les constructeurs internationaux ont annoncé des résultats déplorables, marquée principalement par une série de révisions en baisse des prévisions, des suppressions d’emplois massives et des réductions drastiques d’investissements.
Les principaux acteurs de la téléphonie mobile, réunit du 16 au 19 février à Barcelone (Espagne), espèrent que l’édition 2009 permettra de trouver des solutions en vue de faire face aux différentes menaces qui les assaillent notamment la crise financière internationale, l’arrivée de nouveaux concurrents et la pression des développeurs de logiciels.
Le salon mondial du mobile de Barcelone- considéré comme important rassemblement annuel des entreprises du secteur- intervient au moment ou les constructeurs internationaux ont annoncé des résultats déplorables, marquée principalement par une série de révisions en baisse des prévisions, des suppressions d’emplois massives et des réductions drastiques d’investissements. Et pour cause, la téléphonie mobile fait face, selon les spécialistes, à l’arrivée d’une concurrence redoutable, incarnée essentiellement par des firmes informatiques ou Internet, comme Apple et Google, qui ont misé sur la convergence entre Internet et le mobile. L’édition 2009 sera marquée, selon ces spécialistes, par la participation d’un nombre important de fabricants de PC à l’instar de la firmeTaïwanaise Asustek, pionnier du netbook, ce mini-ordinateur à bas coût et la compagnie Acer. Ces deux firmes vont lancés, selon la même source, de nouveaux smartphones, des téléphones mobiles multifonctions. Ces nouveaux modèles entreraient directement en concurrence avec les téléphones portables que Dell serait en train de développer, précise-t-on.

Selon Bengt Nordstrom consultant au cabinet Northstream spécialisé dans les télécoms, Dell mais aussi Fujitsu, Lenovo et Acer sont tous déjà bien introduits auprès des opérateurs télécoms. Ce consultant a estimé que “l’industrie des communications mobiles, auparavant contrôlée par d’immenses entreprises centralisées issus d’anciens monopoles publics, s’est à tel point fragmentée que les matériels, logiciels et services peuvent désormais dépendre de différents fournisseurs, ce qui facilite l’accès à ce marché”. Là encore, le modèle du libre, dit “open source” gagne du terrain sur les téléphones portables. La fondation Symbian, contrôlée par Nokia, ou l’Open Handset Alliance de Google, prônent par exemple des systèmes d’exploitation pour mobile ouverts, libres et gratuits. Cette évolution permet, selon les spécialistes, à des fournisseurs indépendants de commercialiser des applications autour de la musique, la photo ou les cartes de navigation routière et d’itinéraires, sans avoir besoin de l’autorisation de l’opérateur du réseau.
Les constructeurs de téléphones mobiles sont particulièrement sous pression puisque le nombre de portables vendus va commencer à baisser cette année pour la première fois depuis 2001, explique-t-ils. Les analystes, dont les prévisions ont été revues en baisse à plusieurs reprises au cours des derniers mois, ont prévu un recul de 11% des ventes en volume par rapport à 2008. Ce chiffre qui pourrait encore être abaissé davantage, averti ces analystes. Le leader mondial Nokia a enregistré une chute de 15% de ses ventes de combinés au cours du dernier trimestre 2008. Le constructeur finlandais et les autres fabricants se sont engagés dans une politique offensive de vente de services afin de compenser l’effritement des marges et des ventes, rappel-t-on.

Selon des sources concordantes, Nokia et Microsoft devraient lancer la semaine un équivalent de l’AppStore d’Apple, la boutique de logiciels en ligne associée à l’iPhone qui permet aux utilisateurs d’acheter et d’installer des milliers de programmes depuis l’écran tactile de leur mobile.
Samsung Electronics et Research in Motion (RIM), le fabricant du BlackBerry, ont dévoilé des projets allant dans ce sens afin de tirer parti de la vente de logiciels, de jeux et de musique. L’un des points cruciaux du Mobile World Congress de cette année portera sur les logiciels qui adhèrent aux standards de l’Internet et fonctionnent sans efforts aussi bien sur les mobiles que sur les ordinateurs. “D’ici 2010, il y aura davantage de widgets (mini-logiciels) et d’applications web que de programmes natifs pour téléphones mobiles”, note le cabinet CCS, spécialisé dans la technologie. Les opérateurs mobiles essayent d’entrer dans ce marché des services et des applications pour mobile, mais avec un succès mitigé, hormis au Japon avec l’exception Vodafone. Ces opérateurs craignent, selon ces analystes, de devenir de simples “tuyaux”, en subissant le même sort que les opérateurs de lignes fixes devenus au fil du temps des fournisseurs d’accès Internet bon marché, alors que d’autres réalisent des bénéfices plus confortables dans la recherche, la vente en ligne ou les médias.
“Ce sera très difficile d’éviter cette destinée”, prévient l’analyste Bengt Nordstrom. Et d’ajouter : “ce n’est pas un si mauvais rôle. Si vous gérez bien les coûts et que vous figurez parmi les trois ou quatre premiers du marché, ça reste une activité assez lucrative”. Même topo est perceptible chez les équipementiers télécoms qui sont confrontés à d’importantes difficultés et doivent faire face à de nombreux défis. A titre d’exemple, le canadien Nortel a été placé sous la protection de la loi sur les faillites et doit présenter d’ici mai un plan de restructuration à ses créanciers.

Ses concurrents Alcatel-Lucent et Nokia Siemens Networks, empêtrés dans une fusion difficile et des choix technologiques discutables, sont également sur la défensive, alors qu’ils doivent réduire leurs coûts et faire face à la concurrence des rivaux comme le chinois Hawaii et le suédois Ericsson.
“L’année 2009 sera le moment de vérité”, résume le cabinet danois spécialisé Strand Consult. Autrement dit, la crise financière internationale a pesé lourdement sur l’édition 2009 du World Mobile Congress en imposant une attitude prudente aux principaux acteurs du marché de la téléphonie mobile.

Source: Liberté