L'application de VoiP continue à tracer doucement son sillon dans la mobilité. Si les fabricants partenaires se multiplient, les opérateurs restent méfiants.
L'offensive de Skype dans le mobile se poursuit. A petit pas. Le logiciel de VoIP en mode P2P profite du succès des smartphones pour se faire une place mais la route est difficile.
Il y a certes quelques succès. Les fabricants, pragmatiques, ont ouvert leurs portes à Skype, conscient de l'effet 'produit d'appel' pour leurs clients attirés par les communications gratuites en Wi-Fi par exemple.
Un seul accord opérateur
Ainsi, l'application est aujourd'hui proposée dans des versions dédiées aux propriétaires de Nokia N97, d'iPhone, de smartphones sous Windows Mobile et de BlackBerry. Et le succès semble être au rendez-vous.
La nouvelle version pour iPhone (1.1 qui permet notamment d'envoyer des SMS) a ainsi été téléchargée 4 millions de fois en 48 heures. "Cela nous conforte dans notre stratégie. Les gens veulent Skype sur leurs mobiles, il s'agit donc de mettre Skype partout", explique à BusinessMobile.fr, Dan Horner, responsable de l'offre mobile chez Skype.
Mais du côté des opérateurs, la méfiance demeure. Inquiet pour leur trafic voix, nombreux sont ceux qui interdisent l'utilisation de Skype sur leurs réseaux 3G. Les mobinautes français en savent quelque chose.
Aux Etats-Unis, T-Mobile a limité l'usage de Skype pour iPhone aux seules zones Wi-Fi tandis qu'AT&T a tout simplement déclaré Skype hors la loi sur son réseau.
A ce jour, un seul opérateur national a passé un accord avec Skype : il s'agit de '3' en Grande-Bretagne qui vend même des Skype-phones. "C'est un succès pour nous et pour l'opérateur car ce dernier génère plus de trafic data grâce à Skype", poursuit le responsable. Mais l'argumentation peine à convaincre et cet accord commence déjà à dater.
"Il n'y a plus de problèmes ! Et le succès de '3' nous donne des arguments : nous ne sommes pas une menace pour les opérateurs !', tonne Dan Horner. Reste que les partenariats se font rares. "Des discussions sont en cours", se contente d'affirmer le responsable sans donner plus de détails.
La mobilité représente néanmoins un développement stratégique pour Skype qui peine à monétiser sa colossale base d'utilisateurs, au grand dam de eBay, sa maison mère.
Hors la loi
Skype pourra néanmoins compter sur les associations de consommateurs. Aux Etats-Unis, l'association de défense d'un Internet libre Free Press a saisi la Federal Communications Commission (FCC) en lui demandant de confirmer que l'Internet sans fil est bien protégé par les mêmes lois que celles de l'internet haut débit classique.
Free Press s'appuie sur l'Internet Policy Statement, texte de référence de la FCC qui garantit le droit d'un internaute à accéder à tout contenu et service depuis l'appareil de son choix.
En Europe, c'est la Voice over the Net Coalition (VON) qui demande à l'exécutif européen d'agir pour garantir le droit des usagers à utiliser toute technologie de communication mise à leur disposition.
Des alliés pour Skype qui en a bien besoin.
Source: Businessmobile