Parlons de contenu.DZ (1ère partie)

Le contenu .DZ ? C’est quoi exactement ? Pourquoi doit-on le « développer» ? Il y a déjà assez de contenu sur le Net ! Alors pourquoi du contenu .DZ ? Autant de questions entendu ici et là qui reviennent sans cesse mais sans qu’une réponse ne soit donnée de manière claire. Nous allons essayer d’y répondre en deux temps.



D’abord à travers ces quelques lignes exposant l’avis subjectif d’un professionnel des TIC, mais d’abord et surtout d’un consommateur forcené de nouvelles technologies sous toutes ses formes. Dans un second à travers le chat qui sera organisé en direct sur la page N’TIC afin de pouvoir en débattre directement avec vous et tenter de répondre à des questions plus pointues qui n’auraient pas été abordées lors de cette analyse.

Pour commencer, nous allons expliquer brièvement ce qu’est un « contenu », y associer l’importance du .DZ, puis nous approfondirons le sujet au fur et à mesure afin d’y voir un peu plus clair quant aux enjeux, quelle que soit notre position autour de la table (fournisseur et/ou consommateur) de tous niveaux.

Qu’est-ce qu’un contenu ?

Est appelé contenu toute information, image, vidéo, article, application, musique, film, ou sous quelque forme que ce soit, pouvant être trouvés sur le Net. En d’autres termes, la raison qui nous pousse à aller sur un site quelconque est de consommer du contenu. De ce fait, un contenu .DZ devient automatiquement tout contenu créé par des algériens mais surtout « pour » des algériens. Mais pourquoi « pour » me direz-vous ? Parce que deux sources seulement suscitent notre intérêt pour un sujet quelconque, quel que soit le type de contenu sous lequel il est traité :

- Sujets dont le marketing finit par susciter chez nous un intérêt incontestable, mais qui n’a que très peu ou pas d’impact sur notre vie au quotidien.

Exemple : rivalité Real – Barça (oui moi aussi j’en suis victime ), sortie d’un nouveau film, jeu ou console vidéo, album, etc.

- Sujets spécifiques ayant un impact direct sur nos vies quotidiennes, car traitant du monde qui nous entoure et dans lequel nous évoluons au quotidien.

Exemple : contenu de géolocalisation (du type où trouver la pharmacie de garde la plus proche dans ma ville), info trafic (artères bouchées à éviter), quelles activités culturelles près de chez moi ou dans ma ville dans la semaine ou le mois à venir, etc. Ce sont les mêmes raisons en définitif qui font que nous commençons par lire les journaux locaux avant de passer aux journaux étrangers.

Pourquoi un contenu .DZ aussi pauvre ?

Plusieurs raisons à cela, bien que nous voyons fleurir de plus en plus d’applications web, desktop ou mobiles faites par des algériens pour les consommateurs algériens. Je n’en citerais cependant que trois qui me paraissent être les plus importantes :

- Culturelles : avoir recours à ce type de contenu n’est pas ancré dans notre culture, bien que la demande de la nouvelle génération se fait de plus en plus sentir. Nous devons reconnaître que d’un point de vue purement technologique, nous ne sommes pas les premiers de la classe !

Lorsqu’en 2014 il ne nous est pas possible de payer une simple facture sans avoir à nous déplacer, nous ne pouvons pas dire que nos institutions aient choisi la technologie comme vecteur de développement. Impact : nous ne pouvons adopter ce qu’on ne connaît pas! Le fait est qu’à partir de là, ne voyant pas d’intérêt pour ce type de solution, nos ingénieurs finissent par se diriger vers des créneaux plus porteurs (souvent n’ayant aucun rapport avec les nouvelles technologies, ce qui est bien dommage).

- Economiques : comme spécifié dans le paragraphe plus haut, il est normal qu’un secteur ne suscitant pas l’intérêt des consommateurs ait tout le mal du monde à se développer. Ajoutez à cela des terminaux primordiaux à son exploitation à des prix en inadéquation avec le pouvoir d’achat de la masse (l’Algérie est l’un des derniers pays où le système d’exploitation SYMBIAN a des parts de marché qu’on ne peut négliger), plus un système bancaire archaïque et en total
décalage avec les nouvelles technologies (pas de e-paiement, pas de e-banking, pas même de paiement par carte ou tellement peu !), et vous verrez qu’il devient particulièrement compliqué de trouver des débouchés à ce domaine pouvant amener son développement.

- Technologiques : les raisons exposées plus haut ayant suscité un retard considérable dans le développement de ce domaine chez nous, conjuguées avec la vitesse à laquelle cette industrie se développe dans le monde et la multiplication des faiseurs de tendances (Microsoft, Google, Apple,…) qui ne cessent de faire évoluer leurs technologies respectives, font qu’il devient encore plus difficile pour un non-initié de s’y retrouver ! iOS 5, 6, 7 maintenant 7.1, iTunes, Jailbreak, Cydia, Windows Phone, Market Place puis Windows Phone Store, Android, Play Store, Widget, BlackBerry OS, App World, My World,… De quoi revenir sur le banc des écoles me direz-vous ! Eh bien pas tout à fait, car après les nuages vient le beau temps !

En effet, l’avenir s’annonce plein d’espoir bien que quelques éléments bloquants persistent. Ils finiront par être balayés par la déferlante qui nous amènera à la société numérisée que nous attendons tous, et que nous participerons à créer. Je m’explique, notre retard en la matière nous positionne aujourd’hui comme des clients de choix pour l’expansion de marchés des mastodontes cités plus haut. Leurs technologies, qui s’adressaient à un public d’initiés à leurs sorties fin des années 2000, ont créé un nouveau mode de consommation auquel le monde entier s’est adapté.

Conséquences ? Ces technologies sont aujourd’hui d’envergure mondiale et de fait fortement amorties. Toute adoption par un nouveau marché n’est quasiment que pur bénéfice et les derniers marchés existant sur terre et que ces firmes s’arrachent sont ceux des pays en voie de développement : bien que les populations soient plus pauvres, elles sont aussi plus nombreuses, donc encore plus de terminaux à placer (souvent en proposant des téléphones d’entrée de gamme à des prix très abordables en passant par les opérateurs locaux, chaque terminal ouvrant des possibilités innombrables d’acquisition de contenu). Sauf que ce business model ne fonctionne que si le contenu local est développé et amène une utilisation régulière,car facilitant un certain nombres d’opérations quotidiennes, amenant ainsi une certaine dépendance de l’utilisateur qui fera qu’il suivra les évolutions technologiques proposées, et voudra encore et toujours plus de contenu.

En définitif, lorsqu’on voit les chiffres représentant l’évolution des ventes de smartphones à travers le monde et l’évolution du nombre de souscripteurs à l’internet mobile toutes technologies confondues (2.5 / 3 et 4G), tout devient plus clair. Ce changement est inéluctable.

Nous parlerons, dans la deuxième partie de cet article, des mécanismes nécessaires au développement du contenu local et ferons un parallèle avec un état des lieux du positionnement de l’Algérie dans ce domaine. Jusque-là, je vous invite à débattre du sujet lors du prochain chat devant se tenir sur la page Facebook de N’TIC Magazine. Soyez au RDV.