Pour s'éviter un procès coûteux, l'éditeur du célèbre logiciel de peer to peer, Metamachine, a conclu un accord avec l'industrie du disque américaine. Mais le réseau eDonkey, lui, continue de fonctionner.
« Si vous volez de la musique ou des films, vous violez la loi. Des tribunaux tout autour du monde, y compris la Cour suprême des Etats-Unis, ont jugé que des sociétés commerciales et des particuliers pouvaient être poursuivis pour téléchargement illégal. » C'est le message qui s'affiche désormais lorsque l'on se rend sur edonkey.com. Le site ne propose plus de télécharger le célèbre logiciel d'échange de fichiers, édité par Metamachine. La société a cédé aux pressions de l'industrie du disque américaine, en acceptant de désactiver son logiciel et de payer 30 millions de dollars. Ce, afin d'éviter un procès pour violation de copyright.
Après iMesh et Kazaa, c'est eDonkey qui jette l'éponge face à la RIAA (Recording Industry Association of America), déterminée à combattre les réseaux de peer to peer, qu'elle considère comme à l'origine du piratage de musique sur Internet. Sa prochaine cible s'appelle LimeWire.
Il y a un an, la RIAA envoyait un courrier à plusieurs compagnies, dont MetaMachine, leur demandant de mettre fin à leurs activités, sous peine de se retrouver devant un tribunal. Sachant que les maisons de disques réclament 150 000 dollars de dommages et intérêts pour chaque titre téléchargé illégalement.
Pour certains, la fermeture d'eDonkey est surtout symbolique. Car il y a le logiciel d'un côté, le réseau de l'autre. « Au niveau de l'utilisation, ça ne va rien changer, estime Guillaume Champeau, responsable du site Ratiatum, spécialisé dans l'actualité de la musique numérique et du peer to peer. Ceux qui vont sur le réseau eDonkey utilisent à 90 % le logiciel eMule. MetaMachine a arrêté depuis quelques temps les développements sur eDonkey. » Alors qu'eMule, programme open source, bénéficie de mises à jour régulières effectuées par la communauté du logiciel libre.
« Les maisons de disques creusent elles-mêmes leurs tombes »
S'attaquer aux logiciels « officiels » aurait donc pour conséquence d'entraîner les utilisateurs vers des programmes n'ayant pas d'éditeur identifiable. Difficile alors de le traîner en justice ou de négocier avec lui. « Les maisons de disques creusent elles-mêmes leur tombe, conclut Guillaume Champeau. Plus il y aura de monde sur les logiciels open source, plus il y aura de développements nouveaux et plus les échanges continueront, hors de tout contrôle. »
Du côté de Jamendo, plate-forme de distribution de musique libre, sous licence Creative Commons, on déplore que les maisons de disques s'attaquent à des produits ayant aussi des usages légaux. Jamendo se sert notamment de BitTorrent et d'eMule. Selon le site, si les assauts de l'industrie du disque continuent, les internautes pourraient ne plus oser télécharger tel ou tel logiciel client, même pour une utilisation légale. « Nous avons toujours voulu valoriser ces outils d'échange qui sont performants et qui permettent une diffusion à coût nul. »
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Arnaud Devillard , 01net.