Depuis l’annonce du lancement de la 3G, nous avons entendu différents intervenants parler de " pourquoi pas la 4G en Algérie ? Nous sommes toujours en retard! Nous sommes à l’aube de la 5G et on ne nous amène que la 3G en Algérie ". Etc, etc ! Le plus surprenant, c’est qu’aucun argument expliquant pourquoi ces personnes prônaient le lancement de cette nouvelle technologie au lieu de la précédente n’a réellement été avancé. J’ai eu à donner mon point de vue sur la question lors de multitudes dîners en famille ou entre amis mais c’est la première fois que j’ai l’opportunité de le faire auprès du grand public.
Les arguments qui seront avancés ne reflètent qu’une position subjective vis-à-vis de la question. La 3G était le choix le plus intelligent, que ce soit par l’Autorité de Régulation de la Poste et des Télécoms (ARPT) ou par les opérateurs. Expliquons tout cela à travers 3 points d’ordre économique, géographique et enfin pratique.
Economiquement parlant
La 3G est une technologie ayant atteint sa phase de maturité, déployée dans la quasi-totalité des pays du monde. Elle a connu plusieurs mutations pour arriver à son niveau de performance actuel comme le démontre ce tableau :
VERSION |
NOM DE LA TECHNOLOGIE |
DEBIT ENTRANT THEORIQUE (Mo) |
DEBIT SORTANT THEORIQUE (Mo) |
LANCEMENT |
1 | WCDMA / UMTS | 0,384 | 0,384 | 2003 |
2 | HSDPA / HSUPA | 14,4 | 3,6 | 2006 / 2008 |
3 | HSPA+ | 21 | 5,7 | 2009 |
4 | DCHSPA+ OU 3.99G | 42 | 10 | 2010 |
Soit 4 mutations en 8 années ayant multiplié les performances de cette technologie (débit théorique) par 112 ! Même si ce qu’offrent aujourd’hui nos opérateurs en Algérie est la version 3 (il faut passer par là avant d’atteindre la 4, car cette dernière repose sur le fait de doubler les capacités d’une cellule soit 2 fois plus d’antennes pour couvrir une même superficie), cela signifie que cette technologie permet d’avoir un débit mobile multiplié théoriquement par 66 et un débit fixe en comparant ce que nous offre l’ADSL par >21 (eut regard des performances de notre ADSL !).
En d’autres termes, que ce soit pour l’Autorité de Régulation, pour les opérateurs ou pour le consommateur final (c’est-à-dire « nous »), la 3G représente un investissement moindre avec un recul non négligeable permettant d’offrir « dans un premier temps » une technologie plus que correcte, avec un impact positif certain, sur nos habitudes de consommation de cette dernière, avec l’ensemble des répercussions positives que cela engendre :
Technologie fortement amortie par les constructeurs => Prix abordable => ROI intéressant pour les opérateurs => Offres de lancement abordables pour le consommateur final (offres ne pouvant que baisser avec le temps) => Nombre d’utilisateurs en augmentation exponentielle =>Intérêt et enrichissement du contenu digital made in DZ => impact positif sur le quotidien du consommateur => impact positif sur l’adoption des nouvelles technologies et donc sur les habitudes de consommation.
Pareillement et en ce qui concerne l’un des casse-tête que tout opérateur mobile lançant une nouvelle technologie rencontre, le problème de la mise à disposition des terminaux permettant l’exploitation de cette technologie (téléphones mobiles). Plus la technologie est nouvelle, plus les terminaux sont chers ! Dans la plupart des pays développés, les opérateurs proposent des prix « subventionnés » des mobiles de dernière génération alors que ceux plus « vieux » sont offerts pour 1 unité monétaire symbolique !
Pour y arriver, ils doivent s’engager auprès des constructeurs de téléphones mobiles sur des quantités astronomiques, négociées pour l’ensemble des opérations dans le monde appartenant à un groupe (AT&T, Verizon Wireless, Orange, Vodaphone, …) et ils se rattrapent sur les forfaits proposés, imposant un minimum de contrat de 2 ans. En Algérie, ces pratiques commencent à voir le jour.
Cependant, nous sommes dans un pays où le pouvoir d’achat est considérablement plus bas que dans les pays susmentionnés, mais pas seulement. Le niveau de « maturité technologique » du consommateur final est très faible. Relativement, peu de personnes montrent un intérêt pour l’internet mobile. Les mobiles sont donc bien plus chers, sauf lorsque leur technologie a atteint un niveau de maturité tel, que le nombre de modèles la supportant devient très élevé… Cas de la 3G en ce qui nous concerne.
Géographiquement parlant
L’Algérie est le plus grand pays d’Afrique (depuis la séparation des deux Soudan). Inutile donc de s’éterniser sur la densité de réseau nécessaire à la couverture de l’ensemble du territoire et ainsi à son impact sur le coût d’une nouvelle technologie qui, en plus d’être bien plus chère, n’offre pas assez de recul pour en connaître l’ensemble des problèmes techniques pouvant nécessiter des interventions sur site avec ce que cela nécessite comme coût logistique.
De plus, la différence principale entre la 3G et la 4G (du point de vue du consommateur) réside dans l’augmentation du débit internet. Il faudrait qu’il y ait un minimum de preneurs au niveau des wilayas de l’intérieur du pays pour permettre l’amortissement des investissements consentis pour permettre le déploiement de cette technologie, en sachant que le pouvoir d’achat comme la demande sur ce type de service ne sont ni des plus élevés, ni comptant parmi les priorités dans ces régions.
Ordre Pratique
Que ce soit pour l’Autorité de Régulation, pour l’opérateur ou pour le consommateur final, les objectifs se complètent lorsqu’ils ne sont pas les mêmes. En effet, pour l’ARPT comme pour les opérateurs, l’objectif est de mettre cette technologie dans les mains (ou devrais-je dire « les poches ») d’un maximum d’utilisateurs. Pour les clients que nous sommes, l’objectif est d’avoir une meilleure qualité de service que ce à quoi nous avons été habitués jusque-là. Nous aspirons tous à une société plus connectée, qui nous permettrait d’avoir accès à un certain nombre de facilités que l’on voit et que l’on consomme à l’étranger.
Ceci ne peut arriver que si nous nous amenons tous ensemble (autorités, opérateurs, citoyens) vers un niveau de maturité technologique qui permettra l’éclosion d’une toute nouvelle panoplie de services, créant à son tour une nouvelle façon de consommer pour nous, mais aussi pour les générations à venir. Une société où la technologie ferait partie de notre quotidien et serait à notre service à tous.