Le e-commerce : C’est quoi ? Pourquoi ?
Ça ressemble à une boutade. A une lapalissade. Ça n’en est pas. C’est que j’aime revenir aux fondamentaux pour comprendre l’évolution des choses.
Le e-commerce est au commerce physique ce que la fintech est à la banque. Comme on l’a déjà vu, elle la digitalise et propose des solutions pour pallier à ses défauts. En ce qui concerne le système bancaire, c’étaient les frais élevés, la localisation, les problèmes générés par les petits paiements, la mobilité, la faible bancarisation de la population,… De la même manière, le e-commerce vise à trouver des solutions à toutes les limites du commerce physique.
Le e-commerce est ce qui assure des transactions commerciales effectuées par voie électronique via internet. Une fois qu’on a dit cela, il va falloir approfondir certaines choses. Mais au passage, je rappelle que les sites des banques tombent également dans cette catégorie de e-commerce.
D’abord un peu d’Histoire : le e-commerce est beaucoup plus ancien qu’on pourrait le croire. Les premières transactions ont eu lieu en 1979, grâce à une ingénieuse réalisation de l’inventeur anglais Michael Aldrich, qu’il appela online shopping, consistant à relier un ordinateur et une TV modifiée à la ligne téléphonique. Se dessinaient alors les prémisses de ce qui deviendra le e-commerce. L’année suivante déjà, il intégra tout cela dans un unique appareil qu’il nomma teleputer, une idée qui donna probablement le minitel juste deux années plus tard en France, en 1982.
Le e-commerce part d’un acquis ou d’une base existante : le commerce physique. Les caractéristiques du e-commerce dans un pays dépendant foncièrement de l’état du commerce physique qui lui a donné naissance.
Innovation et e-commerce
Une quantité absolument incroyable et inimaginable d’innovations ont trouvé leur siège dans le e-commerce. Le but étant de rendre de plus en plus agréable l’expérience du e-commerce pour trouver des solutions aux résistances du client à effectuer un achat par voie électronique. Et comme corolaire, d’augmenter le panier moyen, le taux de concrétisation des transactions, taux de retour des clients et de réduire le retour de marchandises et ainsi au final, bien-sûr, augmenter le revenu des e-commerçants. L’existence de mastodontes comme Amazon, Alibaba ou encore Rocket Internet est la conséquence d’un tel processus de recherche et de croissance mené de main de maître.
Cela tombe sous le sens. Je rappelle quand même qu’innover cela veut dire introduire une nouveauté et la commercialiser. Donc aucun autre domaine n’est aussi proche du terme innovation que le commerce lui-même. Et par voie de conséquence le e-commerce.
Au début des années 2000, beaucoup de groupes de grande distribution et même de groupes internet ont racheté des startups de e-commerce pour acquérir des compétences dans ce domaine qui n’étaient alors enseignées dans aucune école et ainsi accélérer la transformation de leurs activités sans quoi ils allaient disparaitre. C’est ainsi qu’en France le Groupe Casino a racheté le site Cdiscount, le Groupe Carrefour a racheté le site RueDuCommerce, le chausseur André a racheté Spartoo. Le leader japonais Rakuten a racheté le leader français PriceMinister.
Plus tard, en 2011, la multinationale Unilever a racheté la startup californienne Dollar Shave Club. Ceci pour apprendre à vendre ses rasoirs de la marque Williams non pas un paquet à la fois mais par abonnement mensuel. Ce fut l’un de ses coups brillants, car il s’agit là de l’une des grandes révolutions du e-commerce de ces dernières années.
Encore plus récemment, avec la saturation des marchés nationaux, les multinationales font appel à des alliances stratégiques pour pénétrer des marchés. On se souvient de l’alliance Amazon – Monoprix par exemple. Parce qu’avec les années qui passent, le développement du secteur, la saturation de l’offre, la concentration des acteurs, le e-commerce devient progressivement l’apanage de grandes multinationales qui arrivent à intégrer tout le processus et mettre les fonds nécessaires.
L’une des découvertes de ces grands groupes, c’est qu’on ne pourra probablement pas passer à une économie 100% virtuelle. Il faut inventer un savant mélange de virtuel et de physique. Les gens vont au magasin voir les produits puis rentrent chez eux et les achètent sur le site. Ou l’inverse : ils découvrent un produit sur internet, le compare, voient tranquillement ses caractéristiques, font des recherches sur d’autres sites, puis vont en magasin et l’achètent.
Pourtant, le e-commerce est le parent pauvre des concours de création de startup. Dans toutes les compétitions où j’ai assisté, très peu de réflexion est réservée à ce domaine par les porteurs de projets. Peut-être considéré comme ingrat. Il y a pourtant des milliers de solutions qui permettent de faire décoller véritablement le e-commerce dans notre pays.
Au début des années 2000, être e-commerçant dans le monde se résumait le plus souvent à créer un site web de vente de produits, le mettre en ligne et attendre que les commandes vous tombent dessus. Depuis, la denrée la plus rare d’internet est désormais le trafic. Le trafic internet a été complètement phagocyté par les géants comme Google, Amazon, Alibaba et les autres. A l’heure actuelle, vous devrez payer, et très cher, juste pour avoir des visiteurs sur votre site ou pour qu’on télécharge votre application mobile. Pour ce trafic chèrement acquis, vous devrez déployer des trésors d’imagination et d’intelligence pour qu’il ne vous file pas entre les doigts : qu’il produise du chiffre d’affaire et si possible de façon récurrente. Ainsi, l’innovation dans le e-commerce n’est pas du tout un luxe que se paye les gens riches mais une condition absolument nécessaire pour faire la différence et survivre.
A moins de mettre vos produits sur une plateforme existante et d’attendre… Et c’est pareil : soit l’accès à la plateforme est payant, soit c’est vous le produit de cette plateforme !
Voici pour finir quelques-unes des innovations très encourageantes que j’ai croisées chez nous et qui donnent vraiment du baume au cœur, parce que c’est ainsi que les choses avanceront :
VR pour l’immobilier
Pouvez-vous imaginer acheter un bien immobilier directement sur internet, sans le visiter ? Ceci est possible pour les logements vendus sur plan. Mais pour vous convaincre, une startup algérienne vous propose de visiter votre logement fini, voire de l’imaginer aménagé grâce à un casque de réalité virtuelle et de vous y promener.
Bien que les technologies VR et AR ont atteint un haut degré de maturité, leurs applications réelles commencent à peine à envahir le marché. De Nike qui permet de se voir avec ses nouvelles chaussures aux pieds aux sites de lunettes, fringues ou coiffures qui permettent d’essayer virtuellement avant d’acheter.
Les box de livraison
L’une de nos limites actuelles, c’est qu’il faut être à la maison au moment de recevoir un achat d’internet. Ou alors se déplacer à la poste pour récupérer son coli. Les boxes de livraisons en ville sont un projet très ambitieux qui permet d’être livré pendant son absence, de récupérer son achat à toute heure. Une fois installées, ces boxes lèveront un grand verrou au décollage du e-commerce dans nos villes. Cette solution est sur le point d’être lancée par une jeune pousse 100% algérienne.
Les VTC et la logistique
Parmi les grands problèmes qui ont freiné le développement du e-commerce chez nous, la logistique est en très bonne place. Comment pouvoir livrer des colis dans différentes régions de notre vaste pays dans les délais et des conditions de sécurité et à des tarifs raisonnables ? Il y a bien sûr différents services de livraisons qui se sont créés. Mais dans la multitude de sociétés de VTC qui existent, certaines se sont rendu compte qu’elles détenaient la solution du problème. Elles se sont alors lancées dans le e-commerce comme extension naturelle à leur activité : livraison de courses ou de petits colis rapides par exemple. C’est une solution très ingénieuse qui pallie aux insuffisances actuelles des autres services centralisés de livraison.