Notre parcours de l’offre en matière de téléphonie mobile reprend de plus belle. Des plus simples des téléphones, dont les prix jouent au limbo sous la barre des 5 000 DA, aux terminaux double puces, ou proposant du tactile à moins de 10 000 DA, nous avons jusque là étudié des gammes de produits aux fonctions multimédia des plus rudimentaires. Que se passe-t-il alors si le budget du consommateur passe à l’étage du dessus, sans dépasser les 15 000 DA ?
Bienvenue dans la « zone grise »! Entre 10 000 et 15 000 DA, on assiste à une cohabitation entre deux grandes familles de téléphones. C’est la zone de transition entre les « Dumbphones » et les Smartphones. Smart, cela veut dire intelligent, et Dumb…c’est le contraire. Pour tracer une frontière nette, disons qu’un smartphone permet de naviguer sur Internet par WiFi et/ou 3G, et comme un PC, possède un système d’exploitation (type iOS, Android, Windows Phone,…). On parlera de « processeur », de «RAM», d’applications, quand il s’agit d’un smartphone, contrairement au Dumbphone où ces considérations ne sont pas évoquées.
Pour autant, un Dumbphone peut avoir des fonctions multimédia très avancées, lire des fichiers audio ou vidéo stockées sur une carte SD, prendre des photos ou filmer sont
des choses tout à fait possibles sur un Dumbphone. Certains singent même l’apparence de modèles intelligents plus haut-de-gamme ; clavier coulissant, écran tactile…ce n’est pas l’apparence qui fait le smartphone.
Place à 5 modèles de la zone grise :
Nous voilà avec un représentant typique de la zone grise. Il combine un écran tactile capacitif de 3 pouces (256K couleurs, 240x400 pixels) et un clavier coulissant plus
satisfaisant que le clavier tactile (si vous n‘avez pas de gros pouces), ce qui justifie le « Txt Pro» dans « Sony Ericsson CK 15i Txt Pro ». Il se connecte à Internet en WiFi et tourne sous un système d’exploitation propre au constructeur.
Il embarque un capteur optique de 3MP et possède une RAM ridicule de 64 Mo. Ses 100 Mo de mémoire interne peuvent être étendus via microSD. La question qui se pose, est-ce un smartphone ? Oui, selon le constructeur et si l’on se tient à la définition que nous en avons donné en introduction. Toutefois, l’utilisateur lambda ne pourra pas en faire ce qu’il est en droit d’attendre d’un smartphone. Où sont les applications par milliers, les vidéos sur Internet, le hub social, et la navigation « comme avec un ordinateur » ? La navigation internet est en effet des plus laborieuses, lente au possible, et au rendu peu convaincant. Les quelques applications Java que l’on peut croiser sur le Txt Pro font de la figuration, ce qui relègue finalement le terminal au statut d’un bon Dumbphone. Techniquement, il ne l’est pas, mais on voit difficilement la différence.
Voici un cas d’école du Dumbphone qui reproduit avec fidélité le design extérieur d’un smartphone du même constructeur. La deuxième version du Corby (qui rendait à l’époque le tactile accessible à tous) ressemble en effet à s’y méprendre au Galaxy Mini. Toutefois, bien que le Corby II puisse se connecter à Internet en WiFi et intègre un Hub social bien pratique (ce qui l’avantage grandement par rapport au modèle précédent), ne comptez ni sur le multitouch, ni sur l’accéléromètre, ni sur Flash, ni sur un vrai clavier (c’est en effet un clavier alphanumérique qui vous servira à taper vos textes) ni même sur une vraie navigation internet tant Dolfin 2.0, le browser, est limité.
Corby II demeure toutefois un bon Dumphone, le tactile reste plus agréable à utiliser que des touches physiques, le lecteur MP3 fait parfaitement le job, et la batterie peut le faire fonctionner plus de deux jours sans être rechargée. L’appareil photo 2MP peut aussi filmer en basse résolution, chose dont l’utilisateur lambda se passe généralement. Un bon téléphone à la frontière du smartphone, voyons maintenant un terminal qui a franchi ce pas.
Android OS 2.2 (Froyo), ça y est, nous y sommes, un vrais smartphone dans la zone grise ! Evidemment, il s’agit d’un smartphone d’entrée de gamme, avec un écran capacitif de 2.8 pouces, affichant 240x320 pixels et 256K couleurs, ainsi que 256 Mo de RAM, ce qui ne casse pas trois pattes à un canard. Toutefois, le terminal facturé 14 000 DA chez Mobilis permet de s’en donner à coeur-joie avec les applications du market.
Ici, on a droit à l’accéléromètre mais aussi au A-GPS, ce qui est un ajout des plus sympathiques dans cette gamme de prix. Un appareil photo 3.2MP est là pour faire bonne figure, sa sortie mini USB et son port jack 3.5 mm en font un bon lecteur multimédia. Soutenu par la force d’Android, et bien qu’embarquant une configuration timide, l’Ideos X1 est un smartphone lent, peu réactif, mais qui exécute les tâches que l’on peut en attendre, une bonne pioche.
Le P525 a deux visages. Côté pile, il est fin et léger, avec 120g pour 109.4x56.2x12.95 mm, le tout avec des finitions des plus agréables. Son écran est de taille et de résolution comparables à celui de l’Ideos X1, et surtout, le terminal est pensé pour deux cartes SIM, avec un code couleur pour chaque carte, ce qui en simplifie l’utilisation. Le tout est ergonomique, et l’expérience double puce est tout à fait satisfaisante.
Côté face, le P525 pêche par des capacités multimédia inadmissibles dans cette gamme de prix. Pas de port jack 3.5 mm, un lecteur MP3 mal pensé, qui ne permet par exemple pas de trier ses morceaux par artiste…et 15Mo de mémoire! Non content de ne pas avoir de mémoire interne, on ne peut l’étendre via microSD que jusqu’à 4Go! Dans ces conditions, il est très contraignant d’utiliser le P525 pour lire ses musiques. Un Dumbphone à réserver aux inconditionnels du double puce.
Encore un LG, et ce pour une raison simple, le P525, un Dumbphone, et l’Optimus Me, un smartphone, coûtent tous deux autour des 14 200 DA. Ils illustrent la particularité de cette gamme de prix où de bons téléphones côtoient des smartphones d’entrée de gamme.
L’Optimus Me possède un écran comparable à celui du modèle précédent, bien que capacitif. L’Optimus Me est un meilleur choix pour qui ne cherche pas un terminal double puce à tout prix. Android 2.2 avec tout ce que cela implique, un hardware à la ramasse et un capteur optique de 3MP font de ce smartphone d’entrée de gamme un choix judicieux pour celui qui se réserve un budget de moins de 15 000 DA pour son téléphone.
Bien souvent, les Dumbphones entre 10 000 et 15 000 DA justifient leurs prix par leurs capacités multimédia, mais il y a là un tri à faire. Un clavier physique sans vraie navigation internet, un appareil photo 2MP ou des widgets inutiles sont autant d’ajouts dispensables. L’ergonomie tactile, un bon lecteur MP3, ou le double-SIM sont quant à eux des arguments plus valables. Les smartphones d’entrée de gamme s’adressent généralement à un public jeune et fauché, qui puisse se contenter d’un ersatz. Que gagne-t-on à réserver un budget plus élevé pour acheter son téléphone ? Réponse au prochain numéro.