Les Gargantuas de l’industrie alignent leurs pions en ce dernier trimestre pour une bataille qui s’annonce tendue. Qui fixera les standards du PC-tablette en 2013 ? La tablette, annoncée par feu Jobs comme étant une catégorie supplémentaire de produits, finit par voler la vedette au plus conventionnel laptop, et tend à devenir « Just a PC », pour citer l’autre Steve, Ballmer, président de Microsoft. Dans cette course aux parts de marché, trois écosystèmes majeurs jouent des coudes, certains pour se maintenir, d’autres pour s’imposer: iOS, Android, et Windows.
Ces trois systèmes d’exploitation animent des machines manufacturées par une armada de constructeurs, et chacun y va de son annonce, de sa « keynote » : le 23 octobre dernier pour Apple et son iPad Mini, deux jours plus tard et c’est Microsoft avec sa ribambelle de devices sous Windows RT ou Windows 8 (Surface en ligne de front).
Quant à Google, il aura fallu qu’un cyclone défigure la ville pour retarder leur annonce de la gamme Nexus, première salve de machines sous Android 4.2. Il faudra aussi compter avec l’ensemble des constructeurs qui tirent la couverture de leur côté : Lenovo, Acer, Asus, HP,…mais aussi Samsung, Nokia, HTC, LG et d’autres… Il est grand temps de mettre de l’ordre dans ce brouhaha.
Et Apple créa iPad Mini
Cohérent et fidèle à ses habitudes, Apple réserve son système d’exploitation uniquement aux produits qu’il fabrique. Steve Jobs aimait par ailleurs tacler Microsoft en citant Alan Kay : « Ceux qui sont sérieux à propos du logiciel devraient fabriquer leur propre matériel ».
L’iPad s’est imposé comme la tablette de référence et continue à scorer une part de marché majoritaire, toutes générations confondues (50.4% selon International Data Corporation pour le troisième trimestre 2012). Apple aura toutefois préféré citer un autre chiffre, celui de 91%. 91% du trafic web sur tablette se fait en effet sur iPad, ce qui indique que les possesseurs d’iPad utilisent davantage leur machine que les utilisateurs de tablettes concurrentes. Ces chiffres ne sont pas à confondre avec les parts de marché d’iOS et d’Android en général, données qui incluent les smartphones (i.e. La mêlée des OS).
Une bataille perdue pour Apple face à des smartphones qui carburent au tout puissant Android, une armée avec Samsung comme figure de proue…mais le sujet du jour est tout autre. L’iPad doit en effet convaincre des clients différents, plus précautionneux sur le budget, ou cherchant des formats plus mobiles encore que l’ardoise 10 pouces de l’iPad classique, et Apple créa iPad Mini.
La cour des p’tits
7.2 mm d’épaisseur, 20 cm de hauteur et 13.47 mm de largeur, l’iPad Mini arrive à offrir un écran de 7.9 pouces, plus large que ceux de ses concurrentes désignées, la Nexus 7 d’Asus et la Kindle Fire HD d’Amazon, challengeuses à la présence de plus en plus affirmée, toutes deux sous Android (8.6% et 9% respectivement).
Pas question pour autant de chasser l’Apple-fan du Dimanche en misant sur le prix, l’iPad Mini est en effet 40% plus onéreux que ses concurrentes pour une capacité de stockage équivalente et des performances inférieures. On notera tout de même que l’iPad Mini présente les meilleures finitions, un design en verre et aluminium absolument magnifique, et embarque deux caméras, l’une pour la visioconférence et l’autre pour la capture photo et vidéo de 5 mégapixels, alors que les deux autres modèles se contentent de la caméra frontale.
Sous le châssis, l’iPad Mmini embarque un processeur Dual Core A5, de quoi tenir la dragée haute devant la Kindle Fire, mais le tout fait pâle figure devant le Quad Core 1.3 GHz Cortex A9 couplé à la Nvidia Tegra 3 de la Nexus 7. Cette puissance de calcul supplémentaire donne plus de pérennité à la tablette sous Android en termes de compatibilité avec les applications qui arrivent l’an prochain, quand l’iPad Mini sera vraisemblablement incapable de suivre son grand frère, l’iPad 4ème génération, qui explose littéralement les tests benchmark.
Moins de confiance en l’avenir donc, mais une rétrocompatibilité parfaite avec les applications disponibles, et une véritable « expérience iPad dans un format plus léger », 308 grammes pour être précis. L’écran lui aussi est pris en sandwich entre les affichages de la concurrence ; quand la Nexus 7 ne fait pas le poids face à l’iPad Mini avec ses couleurs fadasses, la Kindle Fire HD prend carrément la résolution de la mini tablette d’Apple comme argument de vente. 1280 x 800 pixels pour la résolution de la Kindle Fire HD contre 1024 x 768 pour l’iPad Mini, c’est 30% de pixels en plus et une densité de pixels 33% meilleure sur la tablette d’Amazon.
L’expérience utilisateur est toutefois une question de logiciels. Quand l’iPad Mini reprend la sacrosainte formule initiée sur iPhone et iOS (en présentant cela dit des applications spécialement adaptées au « grand canevas » de l’iPad), la Kindle Fire HD est balafrée par le système de publicité omniprésente et carrément intrusive qu’Amazon a intégré par défaut dans sa machine. Les utilisateurs les plus importunés par ce système de publicité ont la possibilité de le désactiver…moyennant finances.
Sur la Nexus 7 par contre, Android ne subit aucune mutilation de la part du constructeur, et c’est dans sa forme la plus pure que le système d’exploitation est présenté à l’utilisateur…petit coup d’œil au dernier né des OS Google.