Le feuilleton de la 3G a enfin connu son épilogue en Algérie. La fin d'un feuilleton long de 9 années puisque l'on parle du lancement de la technologie de troisième génération depuis 2004 déjà. Cette technologie devait être lancée le 1er décembre dernier mais son lancement avait été une n-ième fois reporté par l'Autorité de Régulation de la Poste et des Télécoms. En bref, la 3G en Algérie, c'est une longue histoire, une très longue histoire que nous allons vous conter...
La 3G en Algérie, ce sont des dates, des dates et encore des dates...
Les annonces-reports du lancement de la 3G datent de 2004 déjà, de septembre 2004 pour être plus précis. En effet, le 24 septembre de cette année, Algérie Télécom et Huawei font des tests concluants de la 3G. Le Ministre annonce alors la 3G pour la fin de l'année 2005. Puis pour la fin de l'année 2006 pour ensuite l’annoncer pour la fin de l’année 2007.
Le 29 mai 2008, Hamid Bessalah, Ministre de la Poste et des TIC à cette époque, annonce le lancement de l’appel d’offres de la 3G avant la fin de l’année 2008. Le 16 juillet 2010, c'est Moussa Benhamadi qui est à la tête du Ministère quand on annonce le lancement de l'appel d'offres pour la 4G (oui, oui, la 4G) pour la fin de l'année 2010.
Volte-face en septembre 2011 quand l'ARPT lance l'appel d'offres de la 3G et établit le cahier des charges. Oui mais le 10 novembre 2011, tout est annulé et reporté pour le 5 juillet 2012.
En septembre 2012, le Ministre parle d'un lancement de la 3G pour la fin d'année, avant de le promettre pour mars 2013 puis pour le 1er décembre...
1er décembre : un lancement de nouveau reporté !
On y croyait vraiment, surtout après tout le tapage médiatique des opérateurs téléphoniques concernant le lancement de la 3G prévu le 1er décembre. Mais rien, une journée ordinaire, comme les autres, sans nouveautés. Un lancement une nouvelle fois reportée pour des raisons purement administratifs si l'on en croit le président de l'ARPT, M. Mohamed Toufik Bessaï, qui s'était exprimé sur les ondes de la radio nationale le lendemain. Une occasion pour ce responsable de mettre les points sur les i.
Beaucoup affirmaient en effet que le report du lancement de la 3G était une affaire politique, allant même jusqu'à dire que la 3G ne sera lancée qu'une fois les élections présidentielles de 2014 passées. " Ce n'est pas du tout une affaire politique comme j'ai pu le lire un peu partout. Il n'y a aucune considération politique dans tout cela. Il ne faut pas voir du politique là où il n'y en a pas. Le décret d’attribution définitive des licences 3G aux trois opérateurs mobiles sera signé aujourd’hui ou demain par le Premier Ministre. Une fois que le décret sera signé, nous recevrons une copie et nous le notifierons immédiatement aux opérateurs ", avait-il alors clamé haut et fort.
Il affirmait alors que la 3G sera bel et bien lancée le 15 décembre, ou au plus tard fin décembre. " L'ARPT met les bouchées doubles pour lancer cette technologie. La preuve, pour gagner du temps, nous avons déjà commencé à étudier en masqué les offres des trois opérateurs ", avait-il affirmé.
Concernant le fait que nous devons nous équiper d'une nouvelle puce pour profiter de la 3G, M. Bessaï a déclaré que c'est une décision momentanée. " Le numéro unique sera implémenté ultérieurement, dans trois semestres au plus tard. Nous avons écrit aux opérateurs pour les informer. L'Algérie ne connaît pas la licence unique mais séparée. Qui dit licence séparée, dit régulation séparée. Le numéro séparé est le seul numéro viable sur le plan juridique. Il faut que la jonction technique entre numéro 2G et numéro 3G n'occulte pas les chiffres d'affaires des opérateurs. Si nous avons opté pour un numéro séparé, c'est pour une question de transparence. Les revenus des deux licences 2G et 3G doivent être lisibles pour le régulateur ".
Il faut savoir que les opérateurs ont opté quasiment tous pour une puce à deux numéros.
Le tapage médiatique des opérateurs
Mohamed Toufik Bessaï avait aussi abordé lors de son passage sur les ondes de la radio nationale une question cruciale, celle de la tarification de la 3G. Pour l'ARPT, " l'internet 3G devra coûter moins cher que la 2G dans un maximum d'une année du lancement et d’activité, et nous veillerons à ce que cela soit respecté par les opérateurs ".
Notons que ces derniers ont pas mal communiqué à ce sujet. Ooredoo annonçait d'ailleurs, fin novembre dernier, la 3G au prix de la 2G afin de démocratiser l’utilisation de la 3G auprès de tous les Algériens. L'opérateur avait organisé fin novembre une grande cérémonie à l’hôtel Sheraton Club des Pins à Alger, consacrée justement au lancement de la technologie 3G par son groupe. Au cours de cette conférence de presse à laquelle ont assisté des cadres de Ooredoo et de nombreux journalistes représentant différents médias, le Directeur Général du groupe, Joseph Ged, avait présenté les grandes lignes de la stratégie 3G de l’entreprise.
Il avait notamment abordé le déploiement du réseau 3G à travers les wilayas, le développement du contenu et des applications mobiles, les multiples usages de la 3G ainsi que la politique tarifaire et la stratégie de Ooredoo, axée principalement autour de la démocratisation de l’utilisation de la 3G auprès des Algériens.
ATM Mobilis, de son côté, avait organisé du 1er au 03 décembre des Journées Portes Ouvertes au niveau de toutes ses agences commerciales avec pour slogan: « La 3G de Mobilis à votre portée ». Ces journées Portes Ouvertes ont permis aux visiteurs et aux clients de mieux comprendre la fonctionnalité du réseau, de se familiariser avec les différents supports et de tester à l’occasion les services que peut leur offrir une connexion via le réseau 3G de Mobilis.
Le coup d’envoi de cette opération avait été donné par le Président Directeur Général de Mobilis, Monsieur Saad DAMMA, à partir de Constantine, en annonçant à cette occasion la promotion de 10% de remise sur tous les supports de cette nouvelle technologie (Smartphones, Tablettes, Clés Mobiconnect). Mi-novembre, Mobilis avait aussi convié les journalistes à une présentation technique au sein de son siège social à Bab Ezzouar.
Du côté de Djezzy par contre, pas trop d'annonces. Vincenzo Nesci, PDG de l'opérateur, avait rencontré courant novembre les employés de l'Est algérien lors d'une soirée conviviale. Le responsable n'avait pas pu s'empêcher d'évoquer les performances de son groupe et, bien évidemment, le dossier 3G. « Nous ne sommes pas de ceux qui confondent vitesse et précipitation. Nous sommes des coureurs de fond au souffle de marathonien. Alors je vous dis dès maintenant : préparez-vous à prendre le départ pour ce second challenge qui nous permettra de montrer que nous sommes encore les meilleurs dans la 3G comme dans la 2G et même s’il y aurait un jour une 4G, nous serons encore les meilleurs ! La performance est dans nos gênes », avait-il déclaré.
Vous l'aurez compris, avant même que la 3G ne soit officiellement lancée, les opérateurs ont commencé à dévoiler leurs futures offres et à vanter leurs réseaux. Chose qui avait fait réagir l'ARPT. M. Bessaï avait d'ailleurs évoqué ce point sur les ondes de la Chaîne III : " Nous avons laissé un temps les opérateurs communiquer librement sur leurs offres et leurs réseaux. Mais à un moment, nous avons ressenti une confusion entre les offres 2G et les offres 3G. Nous avons alors ciblé l'usager via un communiqué afin qu'il ne se laisse pas abuser par la publicité des opérateurs. Nous avons noté une sorte d'exagération qui ne devait pas dépasser certaines bornes ce pourquoi, nous les avons freinés afin qu'ils ne basculent pas vers l'irrégularité ".