Certains produits sont conçus avec beaucoup d’amour, mais vous avez beau accorder un budget colossal aux départements de recherche et de développement ; un smartphone, une tablette, ou une smartwatch (mot qu’il va falloir ajouter à votre dictionnaire Word), ça ne se vend qu’à coup de campagnes médiatiques, de buzz internet, d’événements spéciaux, et de shows à l’américaine.
Le dossier du mois revient sur un calendrier annuel chargé en spectacles en tous genres, organisés non pas uniquement pour nous divertir, mais aussi (et surtout) pour nous convaincre de dépenser nos deniers durement acquis dans des gadgets High Tech. Quelles technologies ont marqué le monde du smartphone cette année ? Quels constructeurs ont assuré les meilleurs stands-up en 2013 ? Le tour de la question en 3 top 5...
5 hôtes dont on se souviendra !
Un phrasé inimitable, un look décontracté et une pointe d’humour qui fait mouche, Steve Jobs a fait de ses présentations, toutes faites avec le logiciel maison Keynote, une référence. Si l’imitation est le plus sincère des compliments, on peut dire que Jobs a eu beaucoup, beaucoup de compliments posthumes. Tous les CEO s’y mettent, travaillent leur accent anglais, adoptent un ton moins corporate, ou faute de talent, embauchent des célébrités pour assurer la keynote. Mobile World Congress, Consumer Electronic Show, et autres Electronic Entertainment Expo, sont quelques rendez-vous annuels chargés d’attentes et d’annonces. Quand les uns en profitent pour éclipser la concurrence, d’autres organisent leurs propres événements en marge de ces salons afin de monopoliser un maximum de médias. Une constante demeure, après qu’une voix off annonce l’hôte, ce dernier monte sur scène et prend la parole, et là…on a parfois des surprises. Voici les 5 personnalités dont les présentations ont marqué l’année, pour le meilleur et pour le pire...
Jonney Shih : un Monsieur Asus très enthousiaste
Les mains jointes posées sur le menton, une démarche lente à travers la scène, et un matraquage de superlatifs du type « Incredible !», «Amazing ! », « Lightning-fast !»…il ne faut pas longtemps pour comprendre de qui s’inspire Jonney Shih, le président survitaminé d’Asus. On l’a vu à tous les évènements, débordant d’enthousiasme, il nous a présenté les Zenbook, les Transformer Pad, FonePad, Taichi, ou encore le concurrent direct du Mac Mini, le Vivo PC.
Asus a fourni un catalogue démentiel de produits en 2013 en explorant de nouvelles catégories de consommables, y compris un PC de bureau dont on peut détacher l’écran pour s’en servir comme d’une immense tablette. Non content de faire défiler les diapos, Jonney Shih assure le show, et s’il faut s’aider de danseurs en costumes blancs et habillés de jeux de lumière (comme au Computex en juin dernier), ainsi soit-il !
Dès que le rythme de la présentation commence à chuter, il hurle un superlatif à gorge déployée, sort un bidule de sa poche, et les spectateurs sortis de leur torpeur comprennent qu’il est temps d’applaudir. Pour nous avoir offert quelques moments inoubliables, Monsieur Asus nous aura définitivement marqué cette année.
Jason Bradbury : l’homme aux montures blanches
Monsieur JK Shin est à la tête de la division Mobile de Samsung, mais Jason Bradbury lui a volé la vedette au Samsung Unpacked Episode 2, l’événement qui a lancé le Galaxy Note 3. Bradbury n’est pas un ancien de Samsung, mais un présentateur de la BBC qui baigne dans le high tech, le candidat idéal pour expliquer simplement les fonctions avancées de la phablet au stylet.
Après Will Chase, la star de Broadway qui a brillé au lancement du Galaxy S4, Jason Bradbury se mettait systématiquement à la place du consommateur, posait les questions auxquelles l’assistance elle-même pensait, et récapitulait régulièrement les points importants de la présentation. A l’aise sur scène, habitué au public, il ne laissait transparaître aucun trac, marque de fabrique des designers propulsés sur scène après quelques cours d’expression scénique.
Samsung en 2013 a fait les choix les plus pertinents en matière de célébrités pour les représenter, et on verra dans la suite de ce classement que cela n’a pas été le cas pour tout le monde.
Panos Panay : le guru de Windows RT
Vice-président de Surface Computing chez Microsoft, Panos Panay nous a offert l’an dernier une leçon de communication au lancement de Surface. Il a récidivé en septembre dernier avec Surface 2 et Surface Pro 2, et bien que nous sachions pertinemment que Windows RT est l'un des pires écosystèmes qui soient, sa présentation du nouveau line-up nous a tout bonnement scotchés. L’attitude est décontractée, l’homme est sûr de ce qu’il avance et met en avant les efforts de ses équipes à produire Surface 2 avec tant de passion, que l’on a envie à la fin de son speech de voir décoller la plateforme Windows RT.
Ayant subit un échec bien mérité jusque là, Surface revient avec une cale à deux niveaux afin de mieux reposer sur les cuisses de l’utilisateur, une idée toute simple qui, grâce à Panay, passe pour la plus grande invention depuis la roue. Son arme secrète ? Sa fille haute comme trois pommes pour laquelle il enregistre un message sur scène en mettant en avant la capacité de la caméra à rendre une image claire même dans le noir complet.
L’an dernier, il a laissé tomber une Surface pour montrer sa solidité, mais cette année, il s’est lancé avec Surface Pro dans un exercice de traitement de vidéo qui requiert une très grande puissance de calcul, assez convaincant pour les initiés. Un hôte qui donne de sa personne marque son événement de façon plutôt efficace.
Min-Liang Tan : le PDG de Razer à la voix hypnotique
Razer est une compagnie spécialisée dans le PC gamer. « Par les joueurs, pour les joueurs » est un motto qui leur va bien, et on leur doit quelques chefs-d’œuvre comme le Razer Blade qui arrive à placer une carte graphique dédiée Nvidia GTX dans un châssis qui ne dépasse pas les 0.66 pouces d’épaisseur…un design inégalé jusqu’à maintenant. Min-Liang Tan est donc un gamer, un vrai, et ses prestations scéniques ont quelque chose de…magnétique. Alors que les diapos obéissent scrupuleusement aux standards des Keynotes tels que fixés par Jobs (peu de diapos, peu de texte, quelques démos bien senties,…), le phrasé du PDG de Razer rappelle celui d’un autre membre de la firme à la pomme, Jony Ive.
Sir Jonathan Ive est le Senior Vice-President du Design chez Apple, c’est lui que l’on voit dans les vidéos qui montrent les procédés de fabrication de l’iPhone, et quand il parle, il donne l’impression d’avoir été touché par la grâce.
S’appesantissant sur chaque mot, Min-Liang Tan laisse au public le temps d’absorber chaque information à un rythme hypnotisant, il peut passer 10 minutes à expliquer en quoi le chargeur du Razer Blade est révolutionnaire de par sa taille réduite. Il y a quelques années, la rédaction de jeuvideo.com, à l’occasion du CES de l’époque, disait de lui « (…) attention, le monsieur au début est doté d'un pouvoir spirituel qui pourrait vous changer à jamais. A JAMAIS ! » Une boutade toujours d’actualité.
Ashton Kutcher : de la fiction à la réalité
Nous y voilà, l’hôte de cérémonie qui nous aura le plus surpris cette année est l’acteur américain Ashton Kutcher. Après avoir incarné Steve dans Jobs, il confond fiction et réalité à travers un vrai faux emploi d’ingénieur produit chez Lenovo. C’est avec stupéfaction qu’on le voit entrer sur scène à l’événement dédié à la Lenovo Yoga Tab, l'un des produits Android les moins bien notés par la presse spécialisée à sa sortie.
C’est sur un ton plutôt sérieux que Kutcher joue la « sincérité » dans un rôle de composition qui ne laisse personne dupe. Il démontre les caractéristiques de la Yoga Tab en insistant sur les différentes positions dans lesquelles on peut utiliser la tablette à l’autonomie record (jusqu’à 18 heures), un exercice au bout duquel on se gratte la tête en se demandant à quoi cela peut bien rimer.
L’acteur feint de répondre à des « questions techniques », sous-entend qu’il a eu un rôle à jouer dans le design du produit, et comble de la mauvaise foi, nous gratifie d’un discours sur l’audace et sur l’innovation, alors que la Yoga Tab embarque des composants en retard de deux générations. Ce qui est sûr, c’est que l’on n’oubliera pas sa prestation, de quoi (espérons-le) refroidir d’autres célébrités qui penseraient à se prendre pour des ingénieurs en 2014.