Pollution électromagnétique en Algérie : serions-nous tous menacés ?

Numéro dossier: 92

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Tous les matériaux high-tech que nous utilisons au quotidien émettent des ondes électromagnétiques. Il s’agit en effet de photons qui circulent pour former des ondes, sous forme d’énergie électromagnétique concentrée en un rayonnement qui se propage. Ces ondes de différentes puissances sont-elles réellement dangereuses pour notre santé ? Quels sont les risques sanitaires pouvant être occasionnés par une forte exposition aux ondes électromagnétiques ? Au moment où nous sommes en plein déploiement de la technologie 3G et avec l’utilisation grandissante des supports sans fil, comment peut-on se prémunir de la pollution électromagnétique ?



WiFi, tablettes, téléphones portables, ordinateurs, micro-ondes, télévisions, autant d’appareils technologiques que nous utilisons au quotidien et qui émettent des ondes électromagnétiques invisibles de puissance variable, mais qui seraient peut-être dangereuses pour notre organisme selon plusieurs spécialistes. Depuis que les nouvelles technologies de l’information et de la communication ont envahi notre quotidien, il est impossible de vivre un jour sans être connecté. Les adultes, aussi bien que les jeunes, évoluent dans un emmêlement d’ondes électromagnétiques créées par des millions de systèmes de communication.

Avec l’arrivée des technologies sans fil, du téléphone portable, des tablettes, du WiFi, de la 3G et de la 4G, les sources de ces ondes se sont multipliées exposant ainsi notre organisme à ce qui est communément défini aujourd’hui sous le nom de pollution électromagnétique.

L’humanité entière baigne aujourd’hui dans un  brouillard électromagnétique très dense à qui personne n’échappe. Peut-on aujourd’hui parler de pollution électromagnétique au vu des nombreux appareils face à lesquels nous sommes exposés ? Quels sont les risques de cette exposition sur la santé ? Faut-il avoir peur des téléphones portables ? Doit-on interdire le WiFi dans les espaces publics ? Comment se prémunir contre ces ondes électromagnétiques sans pour autant se priver de rester connecté ?

Les ondes sont-elles dangereuses ?


En 2013, un rapport alarmiste de l’Agence Nationale de Sécurité Sanitaire de l’Alimentation, de l’Environnement et du Travail a tiré la sonnette d’alarme sur le danger de l’exposition excessive aux ondes électromagnétiques. Dans son rapport, l’ANSES n’a pas voulu provoquer une polémique en dramatisant la situation, mais elle n’a tout de même pas manqué d’appeler à un minimum de prudence et à énumérer une série de recommandations pour se protéger d’un éventuel danger.

Le rapport de l’ANSES, composé de plusieurs études scientifiques publiées dans le monde sur le sujet depuis 2009, analyse le sujet avec beaucoup de prudence. En effet, l’Agence, s’appuyant sur plus d’un millier d’études, a pris avec des pincettes le sujet en évitant de donner un verdict définitif puisqu’elle « ne met pas en évidence d’effet sanitaire avéré ».

Cependant, le rapport évoque des études ayant démontré plusieurs risques des ondes électromagnétiques sur la santé de l’homme et de l’animal. Parmi les risques cités, celui de développer une tumeur cérébrale pour les utilisateurs prolongés du téléphone portable. D’autres études citées avancent l’influence de l’exposition aux ondes électromagnétiques sur la fertilité et le sommeil. Le téléphone portable serait, selon le directeur général de l’ANSES Marc Mortureux, la première source d’exposition aux ondes électromagnétiques. Pour ce dernier, les personnes concernées par le danger des ondes électromagnétiques sont « celles qui ont utilisé le portable à l’oreille 30 minutes par jour pendant vingt à vingt-cinq ans »…


Serions-nous tous concernés ?


Selon l’ANSES, toute personne en contact avec un ou plusieurs appareils émettant des ondes électromagnétiques est concernée par les risques d’exposition qui n’apparaissent que sur le long terme. Dans ce sens, les responsables de l’Agence ont souligné que grâce à l’évolution de l’usage du téléphone portable, les usagers peuvent envoyer plus de SMS, ou encore des mails « quand l’usager dispose d’un téléphone intelligent », ce qui les expose à un plus grand danger des ondes électromagnétiques.


Pour limiter le taux d’exposition, le rapport souligne que les constructeurs de téléphones mobiles ont fait d’énormes progrès pour réduire le DAS (Débit d’Absorption Spécifique) qui mesure la quantité d’énergie absorbée par les tissus organiques sous l’effet des ondes électromagnétiques émises par un appareil. Il est recommandé que le DAS ne dépasse pas 2 Watt/ kilogramme.

Cette donnée est claire et inscrite sur plusieurs téléphones, ce n’est pas le cas pour les autres appareils qui émettent des ondes électromagnétiques plus puissantes, à l’instar du WiFi, des tablettes et des consoles WII. Pour limiter le danger de l’exposition aux ondes électromagnétiques, l’ANSES a appelé à ce que tous ces « appareils communicants » affichent clairement leur DAS.

Par ailleurs, elle a émis plusieurs recommandations destinées au million d’utilisateurs de ses appareils, à savoir : diminuer le temps consacré à l’usage du téléphone portable, première source d’exposition aux ondes, et d’éteindre tous les appareils le soir avant de dormir.

Dangereux le téléphone portable !

Impossible d’inventorier ici toutes les études ayant porté sur l’éventuelle dangerosité de l’usage du téléphone portable sur la santé. La dernière étude datant de mai dernier relance le débat sur le risque accru de cancer en s’exposant aux ondes électromagnétiques que dégagent les cellulaires.

Selon l’étude menée par des chercheurs bordelais, les personnes utilisant leur téléphone mobile plus de 15 heures par mois présentent un risque important de développer certaines tumeurs du cerveau. Le gliome est à la tête des tumeurs cérébrales que peut développer certains utilisateurs ayant utilisé leur portable pendant plus de 15 heures par jour pendant une durée de 5 ans, selon les chercheurs bordelais. « Le risque serait multiplié par deux ou trois chez ces personnes », expliquent les chercheurs.


Une autre tumeur plus dangereuse menacerait les utilisateurs intensifs du téléphone portable sur le long terme. Il s’agit du méningiome, une tumeur généralement bénigne des méninges dont le risque serait multiplié par deux ou trois par rapport aux personnes utilisant modérément leur téléphone. Pour éviter les risques sur la santé de l’usage du téléphone portable, plusieurs spécialistes ont recommandé de ne pas utiliser le portable plus de 20 minutes par jour par séquence de 6 minutes. Une recommandation qui devrait être considérée comme un principe de prévention fondamental.
 
Antennes relais et système WiFi, un danger potentiel

La communauté des scientifiques continue à étudier les risques liés aux antennes relais et au système WiFi et même si, à ce jour, les résultats sont contradictoires, il n’en demeure pas moins que les spécialistes appellent à une réglementation rigoureuse dans l’installation de ces émetteurs-récepteurs de signaux électriques et électromagnétiques utilisés pour la téléphonie mobile. Récemment, le centre international de recherche sur le cancer a classé les champs électromagnétiques radiofréquences dans la catégorie des « cancérogènes possibles », ce qui place les antennes-relais parmi les sources de pollution électromagnétique.

Par ailleurs, le manque d’études scientifiques sérieuses prouvant un éventuel risque avéré des ondes électromagnétiques émanant des antennes-relais ne permet pas, selon, l’Agence Européenne de l’Environnement (AEE), « d’invoquer l’application du principe de précaution et des mesures préventives efficaces urgentes ».