Depuis quelques années, les pouvoirs publics algériens évoquent les nouvelles mesures adoptées dans le cadre du lancement du paiement électronique et affichent, à chaque occasion, leur détermination à venir à bout de tous les obstacles qui empêchent les Algériens d’avoir accès à cette nouvelle méthode de paiement imposée par l’avènement des nouvelles technologies. Malheureusement, les choses ne restent qu’au stade des promesses et le paiement électronique peine à évoluer en Algérie. Pourquoi les Algériens n’arrivent-ils pas à changer leur mode de paiement ? Pourquoi, en dépit de la mise à leur disposition des cartes bancaires, ils demeurent peu confiants et préfèrent payer leurs transactions en liquide ? Est-ce par manque d’information sur ce nouveau mode de paiement ou existe-t-il d’autres raisons ? Nous avons essayé de répondre à toutes ces questions à travers notre dossier.
La réforme financière et bancaire et l'application du système de paiement global en Algérie sont confrontées à plusieurs obstacles, mais le Ministère des Finances affirme que son plan actuel est de faire en sorte de contribuer à l’introduction du système de paiement via Internet. C'est ce qu'a affirmé le Ministre des Finances, Mohamed Djellab, qui a annoncé en mai dernier le lancement d’opérations de paiement à distance avant la fin de l'année en cours en tant que premier pas vers la modernisation du système financier algérien.
Soulignant le fait que la modernisation du système est une opération continue qui repose sur plusieurs axes dont l’introduction du système de paiement via Internet, M. Djellab a reconnu que plusieurs entraves empêchaient l'exécution des réformes financières et bancaire et l’application du système de paiement global en Algérie. Il a, par ailleurs, souligné que son département oeuvrait pour la généralisation de l’e-paiement qui a été, selon lui, accompagnée par des textes réglementaires visant à sécuriser les opérations et définir les droits et les devoirs des clients.
Se montrant optimiste quant à l’avenir du paiement électronique en Algérie, le Ministre a affirmé que le Groupement d'Intérêt Economique de la Monétique (GIE-monétique), la nouvelle instance instituée avec pour mission la régulation et la gestion de ce nouveau système de paiement, aura un important rôle à jouer dans ce domaine. Ainsi, en dépit des retards qui persistent dans le « décollage » du e-paiement en Algérie, le Ministre se veut rassurant en affirmant que les banques sont de plus en plus engagées pour proposer à leurs clients des produits et des prestations variées consistant à encourager l’utilisation des outils du paiement électronique et l’introduction du e-banking en vue de fournir aux clients toutes les informations sur leurs comptes par le biais d’Internet.
La culture du cash, premier facteur handicapant
En dépit de plusieurs réformes introduites au niveau des banques publiques et privées dans le domaine de l’epaiement, plusieurs consommateurs demeurent réticents et préfèrent faire confiance aux moyens classiques. " Ils sont nombreux à préférer le cash ", nous dira cette employée de la banque. Il semble clair que pour des raisons d’ordre culturel, les Algériens hésitent à faire confiance au paiement électronique, pourtant il s’agit là d’un moyen bien plus sécurisé et rapide. « Je possède une carte bancaire CPA, mais je ne vous cache pas que j'ai une peur bleue d'effectuer des transactions commerciales avec cette carte de peur que mon compte ne soit piraté », avoue Dalila, 32 ans, cadre.
Pour cette jeune femme, les Algériens ne sont pas habitués à ce nouveau mode de paiement et préfèrent retirer leur argent en cash pour leurs dépenses. Si du côté des citoyens l’obstacle est plus culturel, les commerçants quant à eux ne sont pas emballés par l’e-paiement pour une raison bien simple; dans ce nouveau mode de paiement, les transactions commerciales sont facilement traçables, ce qui ne leur permet pas d'échapper au FISC.
Le paiement sur Internet, introduit officiellement à partir de juin
Si le commerce électronique est encore à un stade primaire en Algérie, c’est en raison de l’absence d’un encadrement règlementaire. Selon les propos du Directeur Général du GIE-Monétique, Mouatassem Boudiaf, le commerce électronique qui met en relation deux entités distantes physiquement, mais qu’une transaction commerciale lie, nécessite impérativement un encadrement juridique et légal par des textes de loi clairs. A ce propos, M. Boudiaf a souligné que « l’ouverture du paiement sur Internet à la vente de biens matériels à travers la carte CIB reste tributaire de la promulgation des textes d’application de la loi 15-04 relative à la signature et à la certification électroniques, publiée au journal officiel en février dernier ». Ce cadre juridique permettra le lancement du E-commerce en Algérie car les textes promulgués seront en mesure de réguler les litiges et les infractions. Chargé de réguler le secteur de la monétique en Algérie et de le promouvoir par la généralisation de l’usage de la carte de paiement, le GIEMonétique a été créé en juin 2014.