A la traîne. C’est malheureusement le constat fait de l’utilisation des TIC par l’administration algérienne. Alors que nos voisins amorcent un développement économique, scientifique et culturel, tiré vers le haut par l’utilisation des TIC, à tous les niveaux de leurs sociétés respectives, en Algérie, il faudra repasser.
Les TIC, au lieu d’être généralisées, continuent à constituer l’exception dans un pays qui en a pourtant plus que besoin. Certes des initiatives ici et là ont été tentées notamment par certains départements ministériels, mais force est de constater que le retard à rattraper est gargantuesque. Pourtant, tous les indicateurs laissent croire que notre pays peut facilement rentrer dans l’ère du numérique. Une population jeune, curieuse, formée et hyper connectée. Un déploiement des outils informatiques et de la téléphonie plus qu’acceptables. Un accaparement des TIC assez raisonnable. Des compétences en veux-tu, en voilà. Des universités et centres de formations à la pointe, et des investissements colossaux. Ne manquerait qu’un petit coup de pouce.
Oui mais voilà, ça ne suffit pas. A quelques exceptions près, l’algérien lambda continue à se déplacer pour des procédures qu’on peut facilement mener à distance dans un pays continent. Les tonnes de papiers que constituent nos différents dossiers administratifs n’ont pas laissé place aux documents numériques. Le déploiement d’Internet reste faible, et alors que la 3G explose en termes de popularité, ses prix demeurent prohibitifs. Pourquoi l’Algérie ne saute pas le pas pour enfin rentrer dans
une ère numérique à part entière ? Pourquoi n’entreprend-elle pas des mesures qui ne peuvent que lui être bénéfiques ? Pourquoi ne pas benchmarker les nombreux exemples qui nous entourent ? Peut-être est-ce une question de volonté.
Dans un pays hyper centralisé, les décisions venant d’en haut mettent plus de temps à être retranscrites sur le terrain. Des milliers de projets en souffrance s’en plaignent, et le constat qu’on peut en faire est déplorable. Mais en contrepartie, un ordre donné pour changer les choses peut donner lieu à une rapidité édifiante dans la prise de mesures. La venue récente d’une ministre des TIC jeune changera-t-elle les choses ? Madame Houda-Imane Feraoun est-elle en mission pour faire entrer l’Algérie dans l’ère numérique ? Wait & See.
PASSEPORT BIOMÉTRIQUE, UN MAL POUR UN BIEN
Malgré cela, des efforts ont été faits. La génération du numérique poussant, quelques essais initiés par certains départements ministériels ont déjà fait leurs preuves, malgré leur nombre restreint. Il y va ainsi du passeport et de la carte d’identité biométriques. Lorsque l’obligation d’avoir un passeport biométrique a été instituée en 2010, l’Algérie s’est trouvée obligée de moderniser les documents de ses concitoyens, un peu contre son gré. A reculons, les autorités ont entamé l’édification de ce nouveau « papier » qui sollicitait de nouveaux matériels, des procédures modernes non maîtrisées, et donc des investissements non prévus. Mais c’était juste le temps de saisir l’importance d’un tel document pour un pays aussi regardant sur sa sécurité intérieure que le nôtre. Dans la foulée, la carte d’identité biométrique est également prévue et voilà les concitoyens algériens bientôt dotés de documents ultramodernes, et infalsifiables.
Lorsqu’en 2014 Gemalto, une entreprise franco-hollandaise, est choisie par l’hôtel des monnaies pour la confection de ces documents, la machine est lancée. Reste à trouver un moyen de gérer les flux de demandeurs, de plus en plus croissant avec l’amélioration du niveau de vie des Algériens. Et là aussi les autorités innovent. Un passeport en un mois, c’est le défi que se lancent dès lors les daïras algériennes. Les citoyens ne sont soumis à l’obligation de présence que lors du dépôt et du retrait, le tout sur rendez-vous. Un SMS est ensuite envoyé aux nouveaux détenteurs. Des procédures très facilitées qui ont fait le bonheur des usagers… jusqu’à l’annonce de l’augmentation du prix du timbre fiscal, nécessaire à l’obtention du passeport.
LA NUMÉRISATION DE L’ETAT CIVIL, UNE RÉVOLUTION
Au niveau local, c’est une décision politique qui a fait la différence. A pas comptés, les autorités décident en 2013 de numériser les documents d’état civil et de disposer le tout dans un seul registre national. Maintes fois reportée, personne n’avait alors idée de la révolution qu’entreprenait l’administration algérienne à ce moment-là. Cette nouvelle façon de faire devait permettre à n’importe quel citoyen de retirer la plupart de ses papiers partout en Algérie, dans n’importe quelle mairie de n’importe quelle ville. Plus besoin de se déplacer vers leurs lieux de naissance pour se faire délivrer un acte de naissance n°12. Exit les erreurs d’écriture à la main, les noms illisibles, et autres erreurs manuelles.
L’administré pouvait se faire délivrer un acte de naissance par voie informatique, contenant un codebarre qui le distingue et assure son authenticité. Une révolution que les Algériens n’ont pas vu venir, peut-être lassés des promesses non tenues depuis des décennies par la tutelle. Mais voilà, 2 ans plus tard, on n’en croyait pas nos yeux. Des files d’attente beaucoup moins longues voire inexistantes en dehors des mairies des centres urbains, des déplacements inutiles abrogés, des procédures assouplies, un gain de temps énorme, du stress, de la fatigue, et de la colère en moins. La numérisation des documents de l’état civil a été bénéfique pour tout le monde. Selon les chiffres fournis par le ministère de l’intérieur, près de 56 800 000 de documents ont été numérisés, et l’opération se poursuit.