EDUCATION, LE BON ÉLÈVE
Un autre département ministériel s’est accaparé les TIC et ce, dès le début des années 2000. Il s’agit de l’éducation nationale. Quand les foyers algériens n’étaient pas encore tous dotés d’un ordinateur, qu’Internet n’était pas aussi déployé que de nos jours, que les cybercafés étaient encore les principaux lieux de connexion des Algériens, l’éducation nationale avait déjà publié résultats, procédures et informations sur le Net. On se rappelle encore du site de l’office des concours « ONEC » pris d’assaut à la veille de la publication des résultats du Bac.
Quelques années plus tard, c’est l’enseignement supérieur qui s’y met. Depuis quelques années, les inscriptions à l’université passent exclusivement par le Net. Fini la feuille blanche et le tableau à dix cases où il fallait mettre ses choix d’orientation. Exit le déplacement à l’université, les files d’attente, les questionnements, etc. Depuis que le ministère de l’enseignement supérieur s’est mis aux TIC, les choses sont beaucoup plus simples pour tout le monde. Le passage du lycée à l’université n’est plus un parcours du combattant, à condition d’avoir eu son examen.
COMMERCE, ÇA COMMENCE TIMIDEMENT
Depuis Juin 2014, le ministère du commerce a entrepris de délivrer des registres de commerce électroniques à tous les nouveaux commerçants ou créateurs d’entreprises. Ce précieux sésame, sans quoi aucun citoyen algérien ne peut créer d’entreprise, est doté d’un code crypté censé lutter contre les falsifications. En effet, le registre du commerce est l’un des documents les plus touchés par les problèmes de fraude et de falsification. Le nouveau document dans sa forme actuelle permet de suivre l’historique du commerçant, contrôler l’activité de ce dernier identifier les fraudeurs en quelques clics. Une aubaine pour les services de contrôle, mais aussi pour les commerçants eux-mêmes.
En effet, le registre de commerce électronique a aussi permis d’alléger certaines procédures, ce qui n’est pas pour déplaire aux usagers. Un succès dont se félicitent le ministère et les usagers. Près de 60 000 documents ont été délivrés les deux premiers mois de son lancement selon le ministère du commerce. 49 millions de dinars puisés en grande partie dans le Fonds d’appropriation des usages et du développement des technologies de l’information et de la communication (FAUDTIC) ont permis le lancement du registre de commerce électronique.
JUSTICE, L’AUTRE BON ÉLÈVE
On croyait que le ministère de la justice était l’un des départements les plus durs à réformer. Que nenni. Le département régalien a été l’un des premiers à introduire une dose de TIC dans ses services. D’abord en informatisant la plupart des documents délivrés aux concitoyens. A l’image du ministère de l’intérieur, le département de la justice a vite compris l’importance de la numérisation et du partage d’informations. Du coup, le département a vite entrepris de centraliser ses données et de les mettre à la portée de ses annexes. Sur le site du ministère de la justice, on peut commander son casier judiciaire, ou son certificat de nationalité. Des documents qu’il fallait jusque-là attendre des heures au niveau des tribunaux.
Mieux, récemment le ministère a annoncé la généralisation de la signature électronique. Un centre de personnalisation de la puce pour la signature électronique a été inauguré et 4 tribunaux pilotes ont été sélectionnés pour tester la signature électronique, à Tipasa, Ouargla, Sétif et Sidi Bel-Abbés dans le cadre de la facilitation de la délivrance des documents juridiques. La signature électronique permet d’échanger des documents électroniques entre les juridictions et les services de la police judiciaire. Les magistrats détenteurs de ces puces peuvent travailler à distance en signant tel ou tel
BEAUCOUP DE TENTATIVES, MAIS UN GAP ÉNORME À RATTRAPER
Malgré tout cela, l’Algérie reste à la traîne. Les initiatives prises pour mener le pays dans une ère numérique sont multiples mais très insuffisantes. Un gap énorme reste à rattraper, et au rythme où vont les choses, le pays pourrait bien rater le train de la modernité s’il ne s’y prenait pas dès maintenant. Certes un grand pas a été fait au niveau de l’état civil, de la justice et de certains secteurs précités, mais cela est loin de suffire. Rien qu’en comparaison avec nos voisins directs, l’Algérie fait figure de dernier de la classe. Une connexion internet pas au point, une qualité de service inexistante, une offre restreinte, et des administrations numérisées qui se comptent sur les doigts de la main.
Même le secteur privé est freiné par la tutelle, pour déployer de nouvelles offres à l’adresse des consommateurs, que ce soit dans les télécommunications, Internet, ou la géolocalisation. Les administrations algériennes restent malgré tout sclérosées et très résistantes aux changements. Les mails ne font toujours pas office de documents, et l’Algérie reste l’un des rares pays où les tutelles réclament des…fax.
Concernant l’e-gouvernement, n’en parlons même pas. La solidarité gouvernementale n’est pas au numérique. Aucune charte commune, ni vision collective. A l’heure où tous les gouvernants de par le monde communiquent via le Net avec leurs administrés, en Algérie, Internet fait figure de grand Satan. On le suspecte, on s’en méfie, on lui trouve des défauts mais rarement des avantages. Pourtant, le contexte est favorable en Algérie. La population a vite appréhendé les nouvelles technologies, supplantant des pays plus avancés dans le domaine. La demande est là, le besoin et l’envie également, mais les choses vont trop lentement. L’exploitation des TIC reste des plus restreintes, la volonté politique manquant.