Il y a quelques mois, l’algérien Lambda qui caresse encore l’espoir de pouvoir faire ses achats en ligne un jour, comme ses congénères un peu partout de par le monde, découvrait un peu par hasard le concept de M-Banking et M-payment.
Le paiement mobile, inconnu jusque-là en Algérie, entrait ainsi par la grande porte dans le débat national sur le paiement à distance, qui cristallise toutes les passions. Il faut dire que c’est la Ministre de la Poste et des TIC elle-même qui l’évoquait via une annonce, totalement inattendue, faite il y a quelques mois sur les ondes de la radio nationale. « Pourquoi passer par une phase intermédiaire qui est le e-paiement », expliquait Houda-Imane Faraoun proposant de passer directement à la technologie du paiement mobile, m-paiement. En gros, la première responsable du secteur proposait de laisser tomber l’e-paiement que les autorités ont du mal à lancer, pour le m-paiement qui serait meilleur.
Vrai ou faux ? Rien n’est moins sûr. En faisant cette déclaration, la Ministre a suscité un vif débat d’experts et de journalistes. Les “pour” et les “contre” se sont déchirés à coup d’arguments et de contre-exemples par presse interposée, mais la discussion en est restée là. Personne pour interroger la Ministre sur les tenants et aboutissants de sa démarche, personne pour lui demander d’expliquer sa vision des choses et surtout personne pour la confronter dans un débat d’idées. Même à l’Assemblée Nationale, où les élus interrogent régulièrement les ministres sur les aspects concrets de leurs politiques, la déclaration est passée comme une lettre à la poste, bien que la plupart de nos élus n’aient pas la maîtrise du sujet pour pouvoir poser des questions concrètes. Alors bonne ou mauvaise idée ? C’est mystère et boule de gomme.
Regardons tout de même le sujet de plus prés pour comprendre.
e-paiement, les raisons d’un retard
Acheter des choses à distance depuis son PC, voila ce que les Algériens appellent communément l’e-paiement. Un moyen pratique, rapide et moderne de faire des transactions à distance, via Internet. En fait, l’e-paiement c’est le règlement de toutes transactions financières en ligne. Dans d’autres pays (beaucoup), l’e-paiement existe déjà depuis les années 90. Il a aidé à créer une économie numérique, à créer de l’emploi, à raccourcir les distances, et à rendre la vie plus facile à des millions de gens.
Malheureusement, en Algérie, ce moyen de paiement éprouvé ailleurs tarde à faire son entrée. En cause, des retards techniques que les différentes institutions étatiques se rejettent. L’arrivée d’une jeune ministre des TIC, Houda-Imane Faraoun il y a quelques mois à la tête d’un département censé être à la pointe de la technologie, avait créé l’espoir de voir ce moyen de paiement éclore et se développer rapidement. Mais que nenni. Rien de nouveau sous le soleil d’Algérie. Les promesses n’ont pas été tenues, au même titre que les délais, et les Algériens vivent toujours leurs rêves par procuration. De plus, la conséquence de cette absence sur l’économie du pays se fait de plus en plus sentir. C’est toute une économie numérique, génératrice de richesses et d’emplois, qui tarde à voir le jour à cause d’un simple moyen de paiement banal de par le monde.
Peu à peu, ce retard est devenu un handicap. Les nouvelles technologies avançant à pas de géant, les Algériens s’en retrouvent bannis. Presse en ligne payante, vidéo à la demande, applications professionnelles et non gratuites, réservation d’hôtels, de places de spectacle, et autre livraison à domicile. Les Algériens sont parmi les rares citoyens au monde à ne pas y avoir accès. Un vrai manque à gagner pour le pays. Même les investissements étrangers en Algérie se voient réduits pour cause d’inexistence d’e-paiement sur notre sol. De grands groupes internet, de téléphonie ou de services en ligne s’installent en masse chez nos voisins de l’Est et de l’Ouest, au lieu d’élire domicile chez nous, à raison. Bref, ce n’est pas bon.