Les institutions se rejettent la balle
Le pire, c’est que le problème n’est pas prêt d’être réglé, car non identifié. Récemment, c’est une nouvelle guéguerre médiatique qui s’est déclenchée entre la Ministre de la Poste et des TIC et la Banque d’Algérie à ce sujet. En effet, pour Mme Faraoun, les transactions par Internet sont à l’arrêt en Algérie en raison de l’absence de la certification électronique mais aussi en attendant l’aval de la Banque d’Algérie qui tarde à venir. La non obtention de cette autorisation par son département est due au vide juridique régissant la certification et le commerce électroniques nuance-t-elle, mais ce n’est quand même pas de sa faute encore moins de celle de son département. La Banque d’Algérie se défend également de son côté, arguments en main. Celle-ci ne peut donner son aval à un texte que le gouvernement n’a jamais présenté, gouvernement dont fait partie la Ministre des TIC faut-il le rappeler.
Du coup, le résultat est le même. A nous les chaînes monstres aux guichets des postes, d’Algérie Télécom, de la SEAAL et autre Sonelgaz, alors que le paiement électronique réglerait définitivement ce problème. Nous ne pouvons toujours pas livrer à domicile, réserver sans se déplacer ou payer sans aller à la banque. En mai dernier, la presse avait encore une fois donné l’espoir à la société dans ce sens, annonçant la mise en œuvre de ce mode de paiement dès le mois de Juin. On attend encore.
Des palliatifs en attendant la délivrance
L’absence de e-paiement est tellement handicapante que même certaines « institutions » publiques de renom cherchent des palliatifs en attendant que les autorités prennent le taureau par les cornes. C’est le cas d’Algérie Télécom, l’entreprise publique qui gère Internet et la téléphonie fixe, qui a été la première à trouver une alternative. Ainsi, en 2014, l’opérateur lance le service “e-paiement” qui permet le rechargement de l’accès Internet haut débit (ADSL) à distance et à partir de n’importe quel ordinateur doté d’une connexion. La Poste mise à contribution avait également joué le jeu, en acceptant de ponctionner les comptes des abonnés souhaitant souscrire à ces types d’opération et l’opération avait connu un succès au moins médiatique.
Ce fut ensuite le cas d’Algérie Poste, de la SEAAL et de Sonelgaz. Des initiatives à applaudir bien qu’elles ne soient pas nombreuses. D’où l’idée du m-paiement. Un mode de paiement qui existe dans les pays du Sud de l’Afrique, dits émergents. Une solution que tout le monde ne partage pas.
M-paiement, d’où est venue l’idée ?
D’ailleurs, la plupart des experts s’accordent à dire que si les autorités algériennes se tournent vers le m-paiement au lieu du e-paiement, c’est juste le choix d’une solution de facilité. Les arguments laissant entendre que le m-paiement et l’avenir du e-paiement sont faibles, expliquent-ils. Auxquels cas, les pays les plus industrialisés et développés auraient emboîté le pas à l’Algérie. Ce n’est évidemment pas ce qui se passe. Le m-paiement reste l’apanage des petits pays d’Afrique qui sont loin d’être des modèles économiques pour un géant comme l’Algérie. Qu’à cela ne tienne, l’Algérie qui compte près de dix fois plus de smartphones que de cartes bancaires aurait beaucoup moins d’efforts à fournir pour développer cette technologie au détriment du e-paiement.
En ces temps de disettes, se lancer dans un grand chantier pour la bancarisation de la société, l’extension du réseau de fibre optique, la mise en place d’un cadre juridique complexe mais adéquat, et l’investissement en masse dans des systèmes pour sécuriser les transactions en ligne ne semblent pas enchanter en haut lieu. C’est probablement l’une des raisons qui a poussé la Ministre à affirmer publiquement sa préférence pour le m-paiement en plus des difficultés techniques rencontrées. Reste que tout n’est pas aussi simple. Car si le m-paiement permet certes les transactions à distance, il est beaucoup plus dangereux et restrictif que le e-paiement tout en étant moins pratique.