Intransigeants, les responsables d’AT ont également décidé de changer le montant des échéances en fonction du volume des créances qui a atteint 3,5 milliards de dinars.
Le conflit opposant l’Eepad à Algérie Télécom refait surface. Et une fois de plus ce sont les clients du provider Eepad qui sont pris en otage dans ce bras de fer qui ne semble pas trouver d’issue. En effet, quelque 35.000 abonnés de l’Etablissement d’enseignement professionnel à distance (Eepad) ont eu la mauvaise surprise d’être déconnectés du réseau Internet le 1er septembre à minuit.
A l’origine de cette coupure, qui dure jusqu’à aujourd’hui, le refus du provider Eepad de respecter le calendrier d’échelonnement de ses impayés. Une décision qui vient en appui à celle qui a été prise en mai dernier à l’encontre du même provider faute de paiement de ses redevances, de laquelle le président-directeur général de provider, Nouar Harzallah n’a apparemment tiré aucun enseignement. Et pour cause, c’est le premier responsable du secteur, Hamid Bessalah, qui est intervenu en personne lors de la première suspension en décidant de ne pas mettre un terme à l’abonnement d’accès à Internet de l’Eepad et en réorganisant le calendrier des échelonnements de ses impayés à la condition que le P-DG se résigne à payer ses dettes.
Un accord a alors été conclu entre les deux parties, mais n’a toutefois pas été respecté par Eepad, qui se voit une nouvelle fois déconnecté par Algérie Télécom et le restera jusqu’à apurement de ses dettes. Joint hier par téléphone, le responsable de la communication d’Algérie Télécom, Abdelhakim Meziani, a indiqué que «la coupure perdurera cette fois-ci jusqu’à ce que l’Eepad procède au paiement de son échéance». En termes plus clairs, cette fois-ci, l’Eepad ne bénéficiera d’aucun traitement de faveur et le paiement est la seule issue. Encore plus intransigeants, les responsables d’AT ont également décidé de changer le montant des échéances en fonction du volume des créances qui, soit dit en passant, a considérablement évolué depuis la première crise.
En effet, au mois de mai dernier, lorsque AT à procédé à la première coupure, le montant global des créances détenues par l’opérateur historique sur ce fournisseur d’accès à Internet était de 2,6 milliards de dinars, alors qu’elles s’élèvent aujourd’hui à 3,5 milliards de dinars, soit presque un milliards de plus en l’espace de 4 mois. «Les créances de l’Eepad étaient au mois de mai dernier de 2,6 milliards de dinars (...) elles sont aujourd’hui de 3,5 milliards de dinars, et si nous n’avions rien fait elles seront de presque 5 milliards de dinars dans 4 mois, sans oublier les 400.000 euros que nous coûtent tous les mois, les services que nous fournissons à ce provider» a indiqué M.Meziani. Et d’ajouter: «Même les échéances vont maintenant changer, puisque le volume des créances a changé (...) elles étaient de 50 millions de dinars alors que maintenant elles ont augmenté». Désirant avoir plus de plus amples informations sur ce rebondissement, nous avons tenté de joindre le P-DG de l’Eepad, en vain. Cela étant, c’est dans une situation très critique que se trouve actuellement Eepad.
Toutefois, la question qui se pose est de savoir comment ce provider privé en est arrivé à une telle situation. Son P-DG, M.Harzallah a tenté, il y a de cela quelques mois, d’expliquer la genèse de cette dernière en la ramenant à la décision de l’ancien ministre de la Poste et des TIC, Boudjemaâ Haïchour, de réduire de moitié les prix d’accès à l’Internet au profit du grand public. Une décision qui, selon lui, tous les providers privés, notamment l’Eepad devaient suivre au risque de voir la perte de leur parc au profit d’Algérie Télécom alors que cette dernière n’avait pas répercuté cette décision sur les provider, ce qui a entraîné leur endettement. Cela étant, réduction ou pas, l’Eepad était déjà dans le rouge. Il faut remonter 5 années en arrière, avec le lancement de l’opération Ousratic, pour le comprendre.
Lancée en grande pompe en 2004 sous l’égide du Président Abdelaziz Bouteflika, l’opération «un PC pour chaque famille», communément appelée Ousratic, dans laquelle le provider a pris part, a échoué. L’Eepad devait alors, dans la cadre d’un accord qu’il a signé, fournir des PC portables Zala, issus de son usine de Annaba, ainsi que la connexion à Internet. Malheureusement, l’opération dans laquelle il s’est beaucoup investi a connu un grand revers qui s’est directement répercuté sur l’usine d’assemblage d’ordinateurs portables Zala puisque dans l’incapacité d’écouler sa marchandise. En effet, depuis le lancement de l’opération, seuls 50.000 ordinateurs sur 1 million prévus ont été vendus, ce qui représente moins de 6% des objectifs tracés.
S’en sont alors suivi plusieurs autres vaines tentatives pour écouler les produits de cette usine. Loin de se laisser décourager par cet échec, le P-DG de l’Eepad a décidé de se lancer dans un nouveau projet, au moment où le conflit qui l’opposait à AT était à son summum. En effet, le provider a signé au mois de mai dernier, un protocole d’accord de partenariat avec le leader chinois dans le domaine de l’électronique et de l’informatique, China Great Wall Computer Shenzhen (Cgwc) pour la commercialisation par l’Eepad de micro-ordinateurs portables à seulement 18.000 dinars, à partir de septembre prochain. Les deux partenaires ont créé un joint-venture qui se chargera de fabriquer en Algérie des cartes mémoires pour les PC portables actuellement assemblés par l’Epead. Un nouvel investissement donc qui s’est fait au détriment des créances qui étaient détenues par AT et qui attendent toujours d’être honorées.
Source: L'Expression