Jeux vidéo : Consoles Versus PC

A ma droite, le PC, pierre angulaire de la Civilisation, machine polyvalente où s’est développé le jeu vidéo, après sa naissance sur un oscilloscope! A ma gauche, les consoles, dites « de salon » ou « nomades », selon la nécessité de les brancher à un téléviseur, support plus récent mais majeur d’un art nouveau qui supplante toutes les autres formes de l’Entertainment, y compris dans nos chaumières. Les jeux électroniques ne sont donc pas une entité monolithique. Nous allons comparer ces deux approches du divertissement vidéoludique, jouabilité, accessibilité, convivialité, performances, qu’est ce qui vous détermine à être PCiste ou joueur console ? Quels genres de jeux s’émancipent sur tel ou tel support? Un match en 4 rounds pour comprendre de quoi il en retourne.



Round 1 : De la technique, et de la puissance


Historiquement, le PC l’a toujours emporté en ce qui concerne la puissance du matériel utilisé pour faire tourner un jeu. Depuis « Tennis for two », la toute première forme de jeu vidéo issue du détournement d’un oscilloscope, ce sont des ingénieurs en physique nucléaire qui ont détourné la technologie la plus chère d’antan pour fabriquer des jeux sur ordinateur. Depuis cette époque reculée, le PC a toujours bénéficié d’une longueur d’avance. Les softs destinés aux consoles naissent sur PC, c’est plus beau, plus fluide, le matériel est mis à jour en de courts délais, quand les consoles doivent attendre une nouvelle génération de machines pour passer à la vitesse supérieure. Puis, un beau jour, le 128 bits arrive dans les salons. La PS2 colonise un marché déjà habitué aux consoles de jeu grâce au succès de la PlayStation première du nom. Le piratage devient le premier mode de consommation en Algérie, pendant que les PC prennent de l’âge et peinent à afficher des framerates de plus en plus gourmands en RAM et en cartes graphiques. Aujourd’hui même, alors que le parc informatique algérien est fait de PC répondants aux configurations que requièrent les jeux les plus récents, c’est la qualité des jeux piratés qui laisse à désirer. Plus de bugs, moins de HD, car les ménages tablent plus facilement sur un téléviseur HD plutôt que sur un moniteur HD, écrans plus petits. Les joueurs PC acceptent de brader le rendu graphique après avoir bénéficié pendant des années du nec plus ultra en la matière.

Ainsi, la déferlante des consoles HD tend à leur donner l’avantage en comparaison avec les PC, bien que ces derniers soient en réalité capables de plus grandes prouesses graphiques. En effet, une PS3 par exemple a un processeur RSX à 550 MHZ et 256 Mo de mémoire vidéo GDDR 3. Sur le papier, cela ne vaut pas un PC muni d’un produit Nvidia plus récent que la Geforce 7 de la PS3, connue pour ses graphismes haut de gamme. Dans les faits, le moniteur 19 pouces du PC lambda rend caduque les muscles du processeur face à un 32 ou 42 pouces full HD relié à une bonne vielle Xbox 360. Pour clore ce round, il est à noter qu’un jeu est souvent plus beau sur son support d’origine comparé à ses adaptations. Un jeu PC adapté sur console a donc des textures plus pauvres sur consoles, et inversement. Mais la technique ne fait pas tout, place au second round.


Round 2 : De la convivialité, et de la connectivité


Jouer avec des amis n’était pas à l’origine dans la philosophie du jeu vidéo. Il s’agissait de défier la machine, battre le microprocesseur. Le multiplayer a donc été un pas de géant qui a ouvert la porte à un public plus large, on branche plusieurs manettes et on se lance dans des parties endiablées entre intelligences humaines. Ce sont donc les consoles qui avaient l’avantage historique, jusqu’à la démocratisation d’Internet. Peut être le meilleur argument du jeu PC, la connectivité Internet. Transcendant les parties en LAN qui ont longtemps beurré les épinards de nos cybercafés, le multi-online donne une dimension unique aux parties de jeu sur PC. Les grands noms du multi dans des genres communs aux jeux consoles (i.e. round 4) ont laissé place à un genre uniquement présent sur PC : le MMORPG. Cet acronyme de Massively Multiplayer Online Role Playing Game, comprenez jeu de rôle en ligne massivement multijoueurs, permet à des millions de joueurs d’interagir entre eux à travers leurs avatars. Une communication calamiteuse et une méconnaissance du jeu vidéo a axé tous les projecteurs sur les quelques joueurs prisonniers de leurs avatars.

« No-life », la caricature du joueur PC qui ne décroche pas de « ces jeux en ligne addictogènes». Qu’à cela ne tienne, les qualités hors-normes de jeux comme World of Warcraft les propulsent en tête des ventes de jeux PC. Face à la concurrence, les consoles contre-attaquent. La connectivité devient réellement le cheval de bataille des jeux consoles à partir de la septième génération. Après les balbutiements de la Xbox, son héritière, la 360 avec son Xbox Live, transforme l’essai et donne corps à la «communauté » de joueurs. Nintendo n’est d’ailleurs pas en reste avec ses consoles qui se connectent en WiFi et permettent d’échanger du contenu avec des joueurs partout dans le monde. C’est LA nouvelle façon de consommer le jeu vidéo dans le monde moderne, mais la mayonnaise ne prend pas chez nous. La spécificité algérienne réserve le PC comme étant la seule porte d’accès au multi-online avec un succès phénoménal. A l’origine de ce dernier, des serveurs pirates permettant de jouer aux MMORPG sans dépenser le moindre sou, et ce, quelque soit l’abonnement ADSL que vous avez contracté.

En ce qui concerne les consoles, vu qu’elles sont toutes flashées et que les serveurs officiels ou ne couvrent pas le territoire ou vous bannissent dès la découverte de votre matériel piraté, et plus encore requièrent une connexion de 512 Ko\sec minimum pour le multi. On se rabat sur une partie de ce bon vieux Pro Evolution Soccer entre potes, en attendant une réelle jouabilité sur Internet de nos jeux consoles. La jouabilité justement sera le thème du 3ème round.


Round 3 : De l’accessibilité, et de la jouabilité


Ce qui saute aux yeux quand on compare consoles et PC, c’est évidemment la différence de la prise en main. Le duo clavier\souris Versus la manette est à l’origine même du schisme entre PC et consoles. Le FPS, ou jeu de tir à la première personne, a longtemps été le fer de lance des jeux PC. On se déplace avec la main gauche, que ce soit avec les flèches ou les boutons Z, Q, S, et D, pour les quatre directions, et on vise avec la main droite qui tient la souris. La prise en main est toute naturelle et surpasse l’ergonomie des manettes les mieux pensées. La preuve, c’est qu’un système d’aide à la visée existe sur tous les FPS consoles, alors que l’on n’en a pas besoin sur PC. D’un autre coté, souhaitons bien du courage à un joueur console qui voudrait prendre en main un jeu de foot ou d’aventure à la troisième personne sur PC. Les configurations de touches sont rarement les mêmes, on trouve souvent plus d’une vingtaine de boutons différents contre 8 sur consoles hormis les sticks. La prise en main PC est souvent un casse tête, les doigts devant faire une gymnastique improbable pour appuyer là où il faut. Des manettes pour PC existent, mais égalent rarement la qualité d’une manette console, et la notion de capture de mouvement n’existe pas encore sur PC. Les conséquences de ces disparités de jouabilité seront explorées plus loin. L’accessibilité des jeux est aussi un point cardinal dans le match.
Pour les consoles, on introduit la galette dans la fente et c’est parti mon kiki!

Pour le PC, c’est une autre paire de manches. Il faut installer le jeu sur le disque dur, ce qui limite fatalement le nombre de jeux disponibles en même temps sur la même machine. Cette étape est à elle seule parfois problématique, il faut dézipper là où il faut, copier coller ce qu’il faut, là où il faut, le tout étant détaillé dans un fichier «lisez moi» parfois en anglais! Puis, il faut « cracker » le jeu, c’est-à-dire contourner ses défenses contre le piratage, autrement vous avez acheté un produit inutilisable. Là encore, certains jeux vendus le sont sans le fichier crack ou le numéro de série, à vous de naviguer dans l’océan d’Internet à leur recherche. Quand tout cela est fait, il faut prier que le jeu ne bugge pas au démarrage ou après la cinématique d’introduction. C’est lourd et angoissant de bout en bout, ce qui a désolidarisé nombre d’algériens des jeux PC. Ce qu’il perd en simplicité, le PC tente de le récupérer en termes de prix. Vu qu’il est devenu quasiment indispensable d’avoir un ordinateur, investir dans une console se fait généralement en plus. Le même PC peut servir pendant très longtemps en changeant certains composants, alors qu’il faut généralement acheter une toute nouvelle console avec le temps. Un DVD de jeu sur PC coûte 100 DA, un DVD double couche sur 360 coûte 250 DA (chez un marchand honnête) mais un jeu qui tient sur deux DVD n’a besoin la plupart du temps que d’un seul DVD double couche. La vraie différence de prix se voit donc au niveau du matériel et non des jeux. Autre différence fondamentale, la nature même des jeux sur les deux supports, place au dernier round !


Round 4 : Des goûts, et des couleurs…



Les genres les plus répandus sur PC, outre le MMORPG et le FPS déjà abordés, sont le STR, le point’n’click, et les jeux de gestion. Le STR, ou jeu de Stratégie en Temps Réel, a laissé des noms comme « Age of Empires » ou le plus récent Starcraft II dont les suites sont programmées pour 2012 et 2013. « Warcraft », avant de faire dans le MMO, est une prestigieuse licence de STR. Le maniement des unités sous vos ordres se fait à la souris, ce genre est quasi exclusif au PC, il se caractérise par son raffinement, vu la matière grise qu’un Warhammer 40000 peut mobiliser chez le joueur. Le point’n’click est un genre de jeux d’aventure et de réflexion. Myst est peut être la quintessence du genre, résoudre des énigmes, mener l’enquête, tourner en rond et découvrir des mondes oniriques ou exotiques comme dans « les chroniques de Sadwick », encore un genre de jeux très sélectes. Les jeux de gestion, la série des «Civilisation » à leur tête, est une autre pierre angulaire du catalogue PC, il partage avec les autres genres quasi exclusifs à ce support une certaine exigence vis-à-vis du joueur. Nous ne sommes pas dans le fun immédiat, dans la frénésie et l’hémoglobine, mais dans la finesse et le divertissement des esprits aiguisés. L’exemple type du genre de jeu pour brute de décoffrage est le FPS, mais leur banalisation sur consoles n’en fait plus un genre exclusif au PC, après de longues années où c’était le cas.

Les consoles sont plus généreuses en genres de jeux, avec leurs catalogues plus riches et leur accessibilité au grand public. Des jeux de rôle à la Final Fantasy aux beat’em all (combats de masse) à la MadWorld en passant par les partygames (multi joueurs conviviaux), des jeux de tirs à la troisième personne (type Gears of War) et j’en passe et des meilleurs, il y en a pour tous les goûts. De la plate-forme tous publics (Mario) au survival-horror pour adultes avisés (Dead Space), en passant par les jeux de coaching (Your Shape), il y en a pour tous les âges.

En conclusion, malgré des titres communs aux deux supports, PC et consoles sont très différents de par leur approche du jeu. Nous avons passé en revue quelques points de divergence au cours d’un match aux points, où vous, le jury, êtes très divisé. Les goûts et les couleurs ne se discutent pas, et c’est bien cela qui tranche quand on se lance dans un jeu. PC ou consoles, à chacun son gagnant, et au-delà, à chacun sa philosophie du jeu vidéo.


Oussama ZIOUCHI
Source : N'TIC 51 / JANVIER 2011