Piratage des logiciels en Algérie : les CD gravés envahissent le marché

Entre 2008 et 2009, l’installation de logiciels sans licences sur les ordinateurs personnels en Algérie s’est maintenue à 84%. La valeur commerciale perdue pour les éditeurs s’élève à plus de 55 millions de dollars.



IDC a démontré dans son étude que pour 100 dollars vendus par les éditeurs légitimes de logiciels, 75 dollars supplémentaires sont piratés. Et cela affecte plus que le simple revenu des éditeurs, puisque la réduction du piratage de logiciel a un impact positif sur l’ensemble de l’économie. Une étude BSA/IDC a prouvé qu’une réduction de dix points sur le taux de piratage, sur quatre ans, peut générer 96 millions de dollars supplémentaires pour l’économie légale. IDC estime que pour 1 dollar vendu par les éditeurs de logiciels, 3 dollars à 4 dollars supplémentaires reviennent aux acteurs locaux et aux distributeurs. Le piratage touche également les consommateurs puisque leurs ordinateurs ne sont pas sécurisés contre les logiciels malveillants.

Outre les conséquences légales, les utilisateurs de logiciels piratés ou contrefaits s’exposent aux désagréments suivants : risques de contamination par des virus informatiques, disques d’installation endommagés ou logiciels défectueux, documentation inadéquate ou absente, absence de garanties, impossibilité de bénéficier du support technique réservé aux détenteurs d’une licence, et inéligibilité aux mises à niveau logicielles offertes aux détenteurs d’une licence. Les entreprises, quelle que soit leur taille, peuvent être tenues responsables des actes de leurs employés. Si un employé installe des copies non autorisées d’un logiciel sur des ordinateurs de son entreprise ou acquiert des logiciels illégaux via Internet, le président-directeur général ou le directeur de l’entreprise peuvent être tenus responsables du délit de contrefaçon de droits d’auteur, même si la direction de l’entreprise n’était pas au courant des agissements de l’employé.

Les logiciels s’avèrent être une entité particulièrement vulnérable à la duplication illégale et à la contrefaçon, étant donné la facilité avec laquelle les copies peuvent être réalisées à un coût négligeable. En outre, la copie ne présente pas une qualité dégradée par rapport à l’original. Un système juridique mal équipé en Algérie La situation en Algérie semble se caractériser par des tendances spécifiques qui sont de puissants catalyseurs du piratage. Il s’agit du manque d’information sur le piratage de logiciels parmi les utilisateurs, l’acceptation sociale généralisée du piratage de logiciels et des contrefaçons et l’inefficacité des lois sur la propriété intellectuelle, mauvaise application des textes et sanctions peu dissuasives. L’existence du développement de logiciels illégaux est le symptôme d’un système juridique qui est mal équipé pour protéger de façon efficace les droits de propriété intellectuelle. Ceci décourage l’inventivité et l’esprit d’entreprise bien au-delà des limites de l’industrie informatique, puisque cela dissuade les producteurs honnêtes d’investir des ressources dans de nouveaux produits et dans le développement du marché dans toutes les industries et sur tous les segments. C’est au gouvernement qu’il revient, dans une large mesure, de convaincre le public, étant donné que les administrations publiques sont les plus gros utilisateurs de logiciels au monde. A l’instar des établissements d’enseignement, l’étude sur le piratage BSA-IDC de 2008 indique que les entités gouvernementales présentent un taux de piratage plus élevé que les consommateurs ordinaires en raison du grand nombre de sources d’approvisionnement auxquelles le secteur public fait appel. Les ministères et agences gouvernementales doivent par conséquent être les premiers organes à se mettre en conformité en matière de logiciels professionnels afin d’adresser un message fort, clair et crédible aux entreprises et au grand public.

En Algérie et depuis son installation, Microsoft a lancé périodiquement des campagnes de sensibilisation sur ce phénomène. Si le piratage des particuliers inquiète, c’est surtout dans les entreprises où il est intolérable. A Alger, selon certains revendeurs qui préfèrent garder l’anonymat, on propose même la licence d’exploitation de MS Windows car le prix de la copie est plus attractif que celui de l’original. De ce fait, elle est plus accessible aux bourses modestes. Les revendeurs proposent toutes les versions de logiciels piratés à des prix défiant toute concurrence. Des entreprises de toutes tailles utilisent ou ont déjà copié des logiciels Microsoft. Le gouvernement est au courant de cet état de fait et ne peut continuer à l’ignorer indéfiniment. L’Algérie n’en est qu’à l’étape de la prise de conscience et met en place des actions de sensibilisation avant la répression.

N'TIC 52 / FEVRIER 2011