Télévision Numérique Terrestre en Algérie : pourquoi est-ce si laborieux ?

Pourquoi est-ce si long et pourquoi les délais ne sont jamais respectés ? Le taux de couverture par le réseau de diffusion de la Télévision Numérique Terrestre (TNT) sera de l’ordre de 95% d’ici à fin 2014 selon Abdelmalek Houyou, directeur général de Télédiffusion d’Algérie (TDA).



Les 5% restants devront être couverts par l’utilisation du satellite, faisant état de l’acquisition d’équipements de TNT pour 93 sites. Le projet de Télévision Numérique Terrestre, déjà opérationnel depuis 2010 au niveau de 7 sites de diffusion situés dans la région nord du pays, a nécessité la mobilisation de plus de 4 milliards de dinars et la mise en service de 9 émetteurs d’ici la fin de l’année 2011. La réception de la TNT nécessitera l’acquisition d’un décodeur qui ne devrait pas revenir cher à l’utilisateur. La mise en application de la technique de numérisation de la télévision devra apporter un nouveau souffle au contenu des programmes télévisés qui seront appelés à s’adapter aux exigences de l’ère du numérique.

Dîtes adieu au démodulateur analogique !

Le bon vieux démodulateur analogique, qui avait envahi les foyers algériens au début des années 1990, tombera bientôt dans les oubliettes. Le bouquet analogique qui comporte les six chaînes hertziennes de télévision nationales françaises ne sera plus accessible. Avec le verrouillage (en grande partie) des chaînes numériques satellitaires, l’Algérie se retrouvera avec un nombre réduit de chaînes francophones telles Canal Algérie ou celles émettant à partir de pays maghrébins ( Medi1sat, Al Maghribia TV, Nessma TV). La démocratisation de l’accès aux antennes paraboliques, moyen imparable pour capter les images venues d’ailleurs et pour contourner la censure, a marqué le point de départ de la spectaculaire mutation du paysage télévisuel algérien. Le pays a été très tôt touché par le phénomène. Les habitudes des téléspectateurs en ont été bouleversées.

L’engouement pour la parabole et les chaînes françaises est tel que l’on observe depuis plusieurs années une recrudescence de l’acquisition des équipements individuels pour capter les émissions retransmises par satellites. Les informations générales, les documentaires scientifiques et les émissions éducatives à thèmes sont appréciés. Les chaînes françaises, qui jusqu’à présent arrivaient en tête en termes d’audimat en Algérie, ont été détrônées par leurs consoeurs moyen-orientales. Selon le chercheur algérien Lotfi Madani, le taux de pénétration de TF1 frôlait les 30% au milieu des années 1990. Une étude de Sigma Conseil montre que cette performance est retombée à 17% en 2007. La révolution numérique et la mise en orbite de nouveaux satellites ont bouleversé la donne. Désormais, les chaînes arabes détrônent TF1, M6, France Télévisions et Canal +. L’offre est aujourd’hui considérable: une dizaine de bouquets proposant plus de 300 chaînes. Jusqu’à une date récente en Algérie, TF1 l’emporte de très loin sur M6, deuxième, et France 2, troisième.

Le monde de la radiodiffusion traverse une période de profonds bouleversements

Ces bouleversements résultent de l’introduction de nouvelles technologies de production des programmes et de leur diffusion. Les médias se sont eux aussi internationalisés grâce aux satellites et ne se contentent plus d’être opérationnels à l’intérieur des frontières nationales. « Depuis 1996 en Europe, études et rapports sur la diffusion en numérique se sont succédés, pour aboutir unanimement à conclure que le passage au tout numérique est objectivement inéluctable. La diffusion analogique terrestre est condamnée à moyen terme et certains pays ont déjà franchi le cap (Grande Bretagne, Suède, Espagne, Allemagne, France, …) tandis que les autres s’y préparent », explique-t-on sur le site web de TDA.

L’accès rapide et facile à la TNT pour tous les citoyens algériens est un facteur clé essentiel. Il convient de privilégier dans un premier temps comme facteur principal un coût d’équipement individuel attractif, c’est-à-dire le moins élevé possible. La question du contenu des nouvelles chaînes est fondamentale pour susciter au maximum l’intérêt des téléspectateurs vers la TNT. Cet élément doit impérativement être inclus dans la stratégie numérique car il est aussi important, sinon plus, que les questions technologiques qui ne sont pas la première préoccupation du téléspectateur.

N'TIC 52 / FEVRIER 2011