Les TIC serait-elles juste un moyen de divertissement pour les Algériens ? Oui, si on observe le comportement de la majorité des jeunes qui fréquentent du moins les cybercafés. Ces lieux se sont transformés en un endroit d’interminables parties de jeux vidéo et d’échanges via les réseaux sociaux (Facebook essentiellement).
Les étudiants utilisent l’ordinateur le plus souvent pour les divertissements et assez rarement pour les activités scolaires. Le nombre d’étudiants qui consultent au moins une fois par semaine Internet pour le plaisir est pratiquement deux fois plus élevé que ceux qui le font pour les travaux scolaires. Les technologies de l’information et de la communication ont apporté au sein de la famille des outils supplémentaires de communication et de loisirs permettant différents modes d’usages et cela de manière indépendante pour chacun.
L’arrivée d’Internet a également permis à chacun de multiplier les modes mais aussi le nombre de communications à travers les différents outils qu’offre le réseau. Comme la messagerie instantanée qui permet de rester en contact quasi-permanent avec ses amis ou famille. Les blogs ou pages personnelles permettant à tout un chacun de partager une aventure, sa vie personnelle, ses passions avec sa famille, ses amis ou encore le monde entier. L’ordinateur a maintenant une place centrale au sein des loisirs. Il est une plateforme multifonctions permettant des loisirs variés.
« Internet, c’est un divertissement plus qu’autre chose »
La passion de l’Algérien pour le partage d’expériences a trouvé dans les médias numériques un nouveau mode d’expression. La possibilité de partager du contenu vidéo et de discuter en ligne de contenu, tel que les émissions TV ou les films, transforme la communication elle-même en un canal de divertissement connecté. Le divertissement, qui avait un caractère social dans le monde réel (par exemple, recommander des programmes TV ou regarder des films ensemble), est désormais plus connecté et plus facile à partager qu’auparavant. « Internet, c’est un divertissement plus qu’autre chose. On a encore du mal à l’associer au monde du travail et des services», pense un jeune étudiant de l’université d’Alger. « La plupart des internautes cherchent le plaisir sur Internet et non la culture », déplore un chercheur.
Dans le tourbillon de la vie quotidienne, les jeunes sont à la recherche d’évasion virtuelle. Les internautes algériens lisent de plus en plus la presse sur Internet. On pourrait croire que le nombre de lecteurs en ligne augmenterait au fur et à mesure de la généralisation de l’accès à Internet. Cependant, la tendance actuelle montre que les nouveaux usages en ligne n’éliminent pas nécessairement le recours au journal papier. A l’âge de l’adolescence, ce sont les pratiques ludiques qui sont privilégiées et notamment le téléchargement des jeux, de la musique et des vidéos.
Mais avec l’âge, le Web est également perçu comme une source importante du savoir. Les jeunes ont l’impression de pouvoir tout faire avec leur ordinateur : chater, chercher des informations, télécharger des films, des jeux, de la musique, des séquences de match de foot, des émissions de télé qu’ils ont raté. Lorsqu’ils se connectent, ils ne voient plus le temps passer. En outre, l’adoption graduelle du smartphone dope la consommation d’actualité à la volée. L’information est en passe de se démultiplier sur le mobile avec l’arrivée de la tablette qui pourrait rapidement rattraper le « téléphone intelligent ».
Les TIC restent ainsi un simple moyen de divertissement puisque pour le moment, il n’y a pas d’autres services dans notre pays : e-commerce, e-santé, e-éducation et e-gov. Mais jusqu’à quand ? Que faut-il faire pour changer les habitudes ? « Il faut une vraie volonté politique, une visibilité et un bon leader avec une équipe professionnelle pour mettre en oeuvre sur terrain les projets », suggère Younès Grar, consultant et ancien conseiller au Ministère de la Poste et des Technologies de l’Information et de la Communication. L’avènement du numérique n’est pas une simple rupture technologique mais bien une révolution qui a changé profondément nos façons de communiquer, de travailler et de nous divertir.
Face à l’offre de contenu potentiellement infini qui lui est offert et la multiplication des écrans, l’internaute découvre et engendre de nouveaux usages. Il prend alors le contrôle de sa consommation, l’individualisant et la personnalisant chaque jour un peu plus.
Les TIC s’imposent par petites touches: un moyen de divertissement pour les Algériens
Kamel RAHMOUNI