Entretien avec Ahmed Mehdi Omarouayache, président du cluster algérien des TIC

Un cluster regroupant les différents acteurs des TIC ? Cela existe enfin. Une convention a en effet été signée entre l’Agence Nationale de promotion des Parcs Technologiques et une trentaine d’entreprises, visant la création d’un cluster dans le domaine des Technologies de l’Information et de la Communication.

L’objectif de ce dernier est de garantir une étroite collaboration entre les PME et les universités où des dizaines de jeunes innovateurs grouillent en masse. L’idée a donc démarré d’un constat partagé que seul un regroupement en cluster pouvait rendre notre économie TIC plus compétitive à l’international. Afin de répondre à nos interrogations, Ahmed Mehdi Omarouayache, patron de la PME Connext et président de ce cluster, nous a délivré une interview exclusive.

 

Vous avez récemment été élu président du cluster algérien des TIC. Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs qui ne vous connaissent pas encore ?

Je vous remercie et je tiens aussi à remercier mes confrères qui, dès le début, ont cru en cette démarche et en ce qu’elle représente comme espoir à notre métier. Je les remercie pour avoir placé en moi leur confiance pour assumer cette responsabilité. Passionné de nouvelles technologies, je compte une douzaine d’années d’expérience dans le domaine du numérique. A l’obtention de mon Ingéniorat en Informatique à l’USTHB, j’avais déjà trois ans d’expérience professionnelle derrière moi en tant que Freelanceur. Mais j’ai choisi d’intégrer d’abord le service IT d’une grande entreprise afin d’acquérir de bons réflexes en management avant de créer ma propre start-up dans le cadre de l’ANSEJ. J’ai par la suite intègré l’incubateur du Cyberparc de Sidi Abdallah où j’ai pu profiter du suivi et du coaching de l’Agence Nationale de développement des Parcs Technologiques. Activiste et idéaliste, j’ai co-organisé en 2011 la Semaine du Web à Alger, un événement dédié au web et à l’entreprenariat. L’événement connaîtra un tel succès en terme d’impact sur l’écosystème que des communautés web des villes de l’intérieur du pays nous ont sollicités pour organiser des éditions régionales. Les liens tissés avec les communautés web dans plusieurs pays ont permis d’organiser conjointement des Webdays à Tunis et à Abidjan et Tanger. Elu personnalité web de l’année en 2013, je milite pour le déploiement de mesures d’aide aux start-up, adaptées aux spécificités de l’économie numérique.

D’où est née l’idée de créer un cluster des TIC en Algérie ?

Devant certaines contraintes persistantes qui sont rencontrées par toutes les entreprises du secteur IT, nous avons voulu nous regrouper depuis déjà un certain temps. Lors d’une table ronde sur l’exportation des services IT à l’Agence Nationale de Promotion du Commerce Exterieur où nous avions affiché notre intention de nous regrouper, le directeur général de la PME au ministère de l’industrie et des mines nous a parlé du format cluster et nous a proposé l’aide de son département pour la concrétisation de ce dernier.

Quels sont les objectifs de ce cluster ?

Le cluster a pour objectifs de mettre en oeuvre tous les moyens propres à faciliter, développer et améliorer l’activité professionnelle des acteurs intervenant dans le domaine du numérique. Avec notamment : se positionner en tant qu’interlocuteur et vraie force de proposition auprès des pouvoirs publics; créer des labels pour promouvoir des produits et services numériques algériens; veiller à faire profiter ses membres des programmes de soutien dédiés aux start-up PME/PMI dans leurs domaines d’activité; assister ses membres dans la participation à des foires ou salons spécialisés au niveau national et international; susciter des projets collectifs en matière d’innovation et de recherche en relation avec les organismes et institutions concernés; soutenir la propriété intellectuelle et droits d’auteurs des acteurs du numérique en Algérie; définir un répertoire des métiers du numérique normalisé; oeuvrer à l’intégration continue des nouveaux métiers, technologies, standards du numérique dans la règlementation algérienne; organiser des ateliers d’information, d’échange d’expérience et de formation; promouvoir la mise en commun ou la mutualisation de moyens en matériels et en compétences.

Les TIC sont en perpétuelle ascension dans le pays. Ce cluster aura-t-il un rôle de leader dans ce domaine ?

Le programme du gouvernement évoque la mise de l’entreprise au centre de la création de richesse et de l’emploi. Au sein de ce cluster, nous soutenons que pour assumer pleinement ce rôle, l’entreprise doit être aussi et surtout au centre de la décision économique. Particulièrement dans notre secteur d’activité où les évolutions et révolutions sont d’une rapidité qui n’a d’égal que son spectaculaire. Cela exige une grande réactivité de toutes les parties prenantes. Le numérique est un secteur transversal et son développement nécessite l’adhésion de tous. Etant donné que des ministères, des institutions publiques et des centres de recherche sont membres associés dans ce cluster, nous voulons en faire un espace de concertation et d’échange.

Quelle est votre pire crainte au sujet de l’avenir de ce cluster ?

Le pire serait la démobilisation de ses membres.

Parmi les acteurs de ce cluster, on retrouve l’Agence Nationale de promotion des Parcs Technologiques. Qu’apportera-t-elle de positif selon vous ?

Nous sommes soutenus dans notre démarche par le Ministre de l’industrie et des mines et la Ministre de la Poste et des TIC. L’engagement du Minisrère de la Poste et des TIC s’est déjà traduit à travers l’implication de l’ANPT. L’acte de naissance du cluster fut la mise à disposition à titre gracieux d’un local au Cyberparc de Sidi Abdallah où il sera domicilié. Notre relation ne se résume pas qu’à cela. Nous aurons à travailler ensemble sur des projets concrets. Il faut aussi savoir qu’une bonne partie des membres fondateurs du cluster sont des entreprises et des start-up installées au Cyberparc.

Comment comptez-vous gérer les éventuels conflits que vous allez surement rencontrer en chemin ?

Nous travaillons actuellement sur une charte d’éthique et un règlement intérieur qui, je l’espère, nous permettront d’avancer sereinement.

Comptez-vous agrandir votre cercle de membres ?

Bien sûr. Le cluster est ouvert à toutes les bonnes volontés et à tous ceux qui partagent notre vision et nos ambitions.

Quelles sont les entreprises avec lesquelles vous souhaiteriez travailler ?

Toutes celles qui peuvent apporter un plus à notre projet.

Comment voyez-vous ce cluster dans 2, 3 ans ?

Nous le voyons comme un grand contributeur à l’élaboration de la stratégie nationale du secteur. Mais aussi à sa mise en oeuvre, nous le voyons aussi avec une large base, une bonne représentativité et des connexions à l’international.

Envisagez-vous une convention sur un cluster à l’échelle du Maghreb ou bien plus sur toute l’Afrique ?

Même si le cluster est très récent, certaines entreprises membres sont bien établies et ont déjà des connexions avec des acteurs africains et maghrébins, ce qui nous a permis d’avoir des contacts dans ces pays. Aussi, exporter notre savoir-faire fait partie de nos priorités. L’Afrique représente de réelles opportunités d’affaire et travailler avec des clusters africains pourrait être une bonne voie pour aborder ces marchés.

Un dernier mot ?

Je voudrais à travers vous lancer un appel à tous les médias algériens pour qu’ils nous soutiennent dans notre mission. Le rôle des médias est primordial dans ce genre de projet. Votre magazine a aussi beaucoup de succès auprès des professionnels des nouvelles technologies de l’information et de la communication et j’en profite pour les appeler à se joindre à nous afin d’être plus forts et faire émerger une réelle économie numérique.