Les consoles non piratées n’ont pas la vie facile sur notre marché du jeu-vidéo, et la transition d’une génération de console à l’autre s’opère avec le décalage nécessaire à la maîtrise des procédés de hack. Bien que les consoles nomades aient fini par trouver leur place, nombre de joueurs restent dans l’expectative en ce qui concerne la génération actuelle ; 3DS contre PS Vita, le débat sans fin DS vs PSP semble ressurgir dans l’actualité à mesure que les machines se distribuent sur nos terres algériennes. Il est donc grand temps de se lancer dans le face à face entre les deux prétendantes à la succession sur le trône de la meilleure plateforme du jeu mobile…et ça va saigner !
Une fois la machine lancée, la 3DS XL ne donne absolument pas l’impression d’être une console de seconde zone. Le rendu global fait bien mieux qu’une console aussi populaire et encore jouée que la Playstation 2, et il est dur de trouver version 3DS de Street Fighter IV et son équivalent Xbox 360 ! Kingdom Hearts sur 3DS vous en fait voir de toutes les couleurs, et le sombre Resident Evil : Révélations fait mouche avec des environnements fins, léchés, sur lesquels contrastent des personnages moins convaincants (on pense aux animations des ennemis). L’ensemble de l’expérience demeure toutefois visuellement très agréable. Les 4.88 pouces (12.4 cm) de l’écran supérieur de la version XL font toute la différence avec le modèle précédent de 3DS (à 3.53 pouces) et va jusqu’à tutoyer les 5 pouces de l’écran de la PS Vita. La surface d’affichage de la 3DS XL est toutefois bien plus grande grâce à son second écran, d’un diamètre de 4.18 pouces (10.6 cm). Certains ont pu relever une baisse de luminosité et de résolution avec l’augmentation de la taille de l’écran de la 3DS, mais le rendu et l’ergonomie globale due à la taille de l’écran rendent impossible de revenir vers la 3DS une fois que l’on a joué à la 3DS XL. Voyons de quoi il en retourne sur PS Vita.
On lance la machine et…OH QUE C’EST BEAU! L’écran est un OLED multitouch qui affiche 960x544 pixels, ce qui fait mieux que les 800x240 pixels du LCD de la 3DS XL (écran supérieur) ainsi que les 320x240 pixels de l’écran inférieur de la Nintendo. La luminosité, l’éclat des couleurs, la profondeur, les noirs, la PS Vita est une bombe graphique conçue pour offrir un rendu similaire à ce que l’on voit sur une console salon. Couplez un tel écran avec un jeu comme Uncharted, fort de son design artistique, et vous avez une expérience graphiquement irréprochable. La PS Vita fait passer la console portable à un palier supérieur, mais la 3DS XL n’a pas dit son dernier mot sur le terrain des graphismes.
Les règles du jeu
Comparer la petite Nintendo, au prix plus bas, à la puissante Sony, qui mise sur une plus grosse vitesse de calcul, n’est pas chose aisée. L’élément prix fausse en effet la donne et ne permet pas de trancher une fois pour toutes. Nous allons donc comparer une 3DS et une PS Vita qui se situent dans la même gamme de prix. Comment est-ce possible ? Tout simplement en opposant la version XL de la 3DS à la Vita.
La 3DS XL se trouve en effet aux environs de 35 000 DA (ce qui comprend le prix du chargeur, qui n’est pas fourni d’office avec la console). Ce à quoi il faut rajouter 3 000 DA pour inclure le linker DS (ainsi qu’une carte microSD). Le linker est ce qui permet de jouer aux jeux DS piratés sur 3DS ou 3DS XL, il faut cependant s’assurer que le linker soit bien mis à jour. Il suffit alors de télécharger les jeux DS (fichiers .nds) et de les copier sur la carte micro SD présente sur le linker. Ainsi, pour un prix (négociable) de 38 000 DA, vous avez une 3DS XL (avec une carte mémoire de 4 Go et un chargeur) et son linker pour avoir accès à tout le catalogue piraté de la DS.
La PS Vita est quant à elle disponible pour 39 500 DA, en attendant la disponibilité des packs PS Vita qui vont inclure « en bonus » un jeu comme « LittleBig Planet » ou «Call of Duty Black Ops : Declassified» en plus de la console. Le test compare donc deux produits aux prix quasiment similaires. Il est bon de rappeler que la PS Vita bénéficie d’une distribution officielle de la part de Sony, ce qui n’est pas le cas de la 3DS, bien qu’elle soit disponible au niveau de la majorité des magasins de jeux que nous avons visité. Place au comparatif :
Rendu graphique
Sur le papier, le processeur ARM11 Dual-core de la 3DS fait demi-portion face au Quad-Core ARM Cortex A9 de la PS Vita. A cela se rajoute une différence majeure au niveau des chipsets graphiques, largement à l’avantage de la Vita, et pour enfoncer le clou ; 512 Mo de RAM pour la Vita contre 128 pour la 3DS…echec et mat…c’est donc un peu dubitatifs que l’on démarre la 3ds…et là : Excellente surprise !
Puissance brute VS 3D sans lunettes
La botte secrète de la 3DS consiste en son effet 3D relief sans lunettes requises. Cela n’améliore pas la finesse des textures, mais activer la 3D possède sans conteste le facteur « WAW ! ». C’est l’écran du haut, plus large et plus performant qui affiche l’image en relief, quand celui du bas est tactile. Les couloirs donnent une impression de profondeur, les objets quand à eux sortent de l’écran et semblent flotter quelque part entre vous et la console. L’effet 3D nous a particulièrement convaincus sur The Legend of Zelda : Ocarina of Time 3D où la perception d’une dimension supplémentaire rend l’expérience de jeu réellement plus riche.
L’écran XL y est pour beaucoup dans le confort d’utilisation de l’effet 3D, facile à percevoir et plus permissif sur de longues sessions de jeu. A rappeler que l’effet 3D doit être interdit aux enfants de moins de 6 ans. Le relief n’est toutefois pas indispensable sur tous les jeux, il est par exemple inutile voire gênant sur Theatrhythm Final Fantasy. Autre détail, bien que nous n’avons eu aucun mal à voir l’effet 3D (contrairement à la 3D sans lunettes sur certains smartphones) il faut tout de même régler la profondeur du relief afin d’éviter certains «dédoublements » d’éléments de décor ou de personnages. Rien de grave, mais parfois perturbant quand on est dans le feu de l’action.
La PS Vita n’a pas besoin d’effet 3D pour avoir le facteur « WAW ! », et demeure graphiquement au dessus de la Nintendo. La 3D est plutôt un lot de consolation bienvenu qui a pour mérite de faire varier l’expérience de jeu.
Gameplay
Il ne suffit pas de meilleures spécificités techniques pour gagner la bataille. La victoire est aussi une affaire d’ergonomie, de diversités des
approches et des options de jeu offertes à l’utilisateur. De la 3DS et de la PS Vita, quelle est la plus agréable à prendre en main ? La plus fun à manipuler, et celle qui a le plus grand potentiel ludique? C’est parti pour le comparatif des Gameplays :
Deux visions du tactile
Les deux machines proposent du gameplay tactile en plus de leurs boutons physiques, mais leurs approches sont différentes. Sur PS Vita, l’écran de jeu est tactile, c’est-à-dire que la surface sur laquelle se déroule l’action est aussi celle sur laquelle on interagit avec le doigt, un peu comme sur une tablette. A cela se rajoute une option plus intéressante qu’il n’y parait, un pavé tactile à l’arrière de la console, ce qui rajoute des éléments de gameplay inédits et bien inspirés, comme le zoom en glissant le majeur sur l’arrière de la console, le fait de faire tourner des objets à 360 degrés en gardant les pouces libres pour appuyer ailleurs, etc.
Sur 3DS par contre, la notion de double-écran influe énormément sur le gameplay tactile. En effet, seul l’écran du bas est tactile, et quand ce même écran servait pour l’affichage principal des jeux sur DS (on pense à Zelda, Castlevania, ou Golden Sun par exemple), il en est tout autrement sur 3DS. C’est l’écran du haut qui diffuse l’action principale, celui du bas devient alors entièrement dédié au gameplay. Résultat, on peut accéder aux menus et sous menus par une simple pression, ce qui diminue le nombre de manipulations à faire pour équiper son personnage ou pour utiliser un objet précis. La prise en main préfigure en fait ce que l’on va bientôt retrouver sur consoles salon, à savoir un espace tactile indépendant de l’action principale, conçu pour donner une meilleure lecture et une facilité d’utilisation du jeu.
Ces deux approches du tactile font vraiment la différence une fois la machine en main. La PS Vita semble mieux équipée pour accueillir des jeux typés « tablette », alors que la 3DS utilise le gameplay tactile pour apporter plus de souplesse et de confort au gameplay de ses jeux principaux. Les différences ne s’arrêtent pas là, et il est temps d’analyser ce qui tranche définitivement entre les deux consoles.
Stylet VS second joystick
Le stylet propre à la 3DS ouvre une dimension de gameplay très intéressante. Un jeu comme Art Academy n’est pas transposable sur Vita, car il s’agit de dessin, ce qui requiert de la précision. Les jeux à énigmes, les point’n’click, mais aussi certains passages sur des jeux plus classiques gagnent énormément à être exécutés avec le stylet, un plus aussi utile que divertissant. La PS Vita a pour elle un élément massue: le second stick analogique. C’est ce second stick qui clôt le débat sur le terrain de la prise en main. En démarrant une session sur Vita, on a vraiment l’impression de prendre en main une console salon, le tactile en plus. Le second stick permet en effet de contrôler la caméra, un élément vital dans tout jeu vidéo. La 3DS peut se défendre avec son Circle Pad Pro, son second stick analogique vendu séparément de la console de base, mais nous n’avons pas pu mettre la main sur un Circle Pad Pro pour la version XL, et la Nintendo perd énormément en ne l’incluant pas par défaut sur la machine.
De la gyroscopie et de la réalité augmentée
Le gameplay de ces deux machines ne s’arrête pas à la combinaison des boutons et du tactile. Elles incluent aussi des options de gyroscopie, de réalité augmentée, de capteurs optiques et sonores, ainsi que des options multimédia somme toutes comparables. Match nul donc, une fois que l’on sort du domaine des jeux à proprement parler, avec une navigation internet aussi limitée pour la Sony que pour la Nintendo, dommage quand on pense que les deux machines pourraient très bien lire des vidéos sur internet ou inclure un meilleur navigateur web. Place maintenant au point le plus sensible dans la comparaison des deux machines : le catalogue.
Catalogues
Difficile de dire qui d’Assassin’s Creed (Vita) ou de Kid Icarus Uprising (3DS) fera pencher la balance. Les deux consoles ont démarré avec des catalogues assez pauvres, et la Vita a un peu de retard en la matière. Les sorties de Call of Duty et autres Little Big Planet vont devoir composer avec le Castlevania de la 3DS ou son Luigi’s Mansion, de grosses exclusivités. La Vita accueille des jeux prémium de la même catégorie que leurs versant salon, mais affiche aussi des titres très typés jeux occasionnels qui lui ouvrent un public très large. La 3DS est perfusée aux licences Nintendo qui attirent les gamers anciens, et offrent plus de contenu adapté au joueur occasionnel. Cependant, le potentiel ludique de la Vita semble plus grand, car elle doit composer avec moins de contraintes techniques, propose du crossplateforme avec la PS3, et prouve qu’elle peut aussi être adaptée au néophyte. Seul le temps tranchera quant à l’intérêt réel de ces deux supports, et cela dépendra essentiellement de la qualité des titres qu’ils accueilleront.
Autonomie
Qui dit console portable dit autonomie, bien que personne ne risque de dégainer sa machine dans un lieu public, il est toujours bon de savoir si on devra la laisser branchée au secteur pendant les sessions de jeu. L’autonomie varie dépendamment de l’activation du WiFi, du réglage de la luminosité et du son, ainsi que du jeu en cours d’utilisation. Les deux consoles peuvent allègrement dépasser les 4 heures d’utilisation «intensive », mais la 3DS XL va un peu au-delà des 4h30, quand la Vita semble plutôt y trouver sa limite. Très léger avantage à la 3DS XL donc.
Le débat est toujours aussi houleux quand il s’agit de confronter la nomade de Sony à celle de Nintendo, et la conclusion n’est pas sans surprises. La PS Vita bat la 3DS XL sur assez de terrains pour qu’elle puisse être considérée « meilleure console » : plus puissante, disposant d’un second stick analogique, et forte d’un catalogue au potentiel immense grâce au cross-plateforme, la Vita serait à conseiller à tout consommateur standard…mais, il y a un mais. Nous ne consommons pas le jeu vidéo de façon « standard ». Un jeu sur l’une ou l’autre des consoles peut coûter jusqu’à 6 000 DA, ce qui est hors de portée pour une bonne partie des joueurs. Le linker DS intervient alors tel un deus ex machina et propulse la 3DS XL en tête des recommandations. A son achat, on a déjà accès au catalogue de toute une console, la DS qui possède certains titres uniques, comme les Professeur Layton, Okamiden, Pokemon et j’en passe. Des heures de jeux donc, qui peuvent faire patienter pendant que l’on remplit la tirelire en attendant de s’offrir un titre 3D. Le contexte très particulier de notre marché du jeu, incarné par la constellation de magasins qui jonchent littéralement les rues marchandes, réservent l’essentiel de l’activité commerciale à la vente de jeux piratés, et c’est dans ce contexte précis que le rapport prix/heures de jeu de la 3DS lui donne le dernier mot dans ce choc des nomades !