Après l’adoption des SMS, les MMS veulent surfer sur la vague

Après le succès des SMS, une nouvelle application attire de plus en plus : les MMS. Cependant, nous restons loins du grand rush.



Le MMS (Multimedia Messaging Service) apparaît comme une solution pour les trois opérateurs pour augmenter le revenu par abonné et introduire le GPRS auprès du grand public. La croissance sur la voix est en train de ralentir. L’Arpu (revenu moyen par utilisateur) est la principale préoccupation des opérateurs. Ceux-ci, en se basant sur le succès des SMS, sont en train d’imaginer les services liés aux MMS, rendus possibles par le GPRS. Avec un prix abordable, l’envoi des SMS a été indéniablement la poule aux oeufs d’or des opérateurs. Soucieux de continuer à profiter de cette manne, ces derniers cherchent d’ores et déjà la relève. Objectif affiché : convaincre l’utilisateur d’envoyer encore plus de messages. Le MMS permet aux utilisateurs de téléphones mobiles d’enrichir leurs messages en y intégrant du son, des images et d’autres éléments pour en faire de véritables messages vidéo et audio personnalisés. En outre, la technologie MMS offre bien plus qu’un simple enrichissement des messages. Avec le MMS, nous pouvons non seulement envoyer des messages multimédia d’un téléphone à un autre, mais aussi d’un téléphone mobile à une messagerie électronique et inversement. Cette caractéristique augmente considérablement les possibilités offertes par la communication mobile, aussi bien au niveau personnel que professionnel. Les algériens utilisent leurs téléphones mobiles essentiellement pour la voix et les services de messagerie : le SMS est de loin le service le plus utilisé, suivi par la prise de photos et l’envoi de MMS, sans pour autant que ces deux derniers services ne génèrent de revenus significatifs pour les opérateurs. L’adoption de services mobiles multimédias hors SMS est essentiellement le fait d’adolescents et de jeunes adultes mais reste relativement marginale au regard de l’ensemble de la population mobile. Le MMS correspond à un usage plus émotionnel!

Dans le cas d’un envoi MMS qui associe un contenu multimédia au texte, une contrainte apparaît, c’est la non compatibilité des téléphones. En effet, tous les téléphones ne sont pas capables de lire les MMS, il faut alors aller sur la page web de son opérateur depuis un ordinateur pour pouvoir lire son MMS, ce qui est une source de perte d’efficacité. Les stratégies affichées par les opérateurs de téléphonie mobile visent à encourager le MMS et obéissent à une tendance commune : attirer une jeune clientèle de plus en plus férue de technologie. C’est Nedjma qui se montre le plus agressif. Objectif affiché : rester « l’opérateur leader du multimédia et de l’innovation ». Dés le départ, Nedjma a d’ailleurs opté délibérément pour le multimédia. D’aucuns disaient : « fuite en avant», « gadget inutile en Algérie». Mais la preuve du bien-fondé de ce choix est là. En quelques années, les abréviations GPRS, MMS, WAP entrent dans le vocabulaire des algériens et prennent un sens concret. Et pour booster le trafic, l’opérateur étoilé invite les abonnés à s’inscrire sur le portail Zhoo pour envoyer autant de MMS ou SMS qu’ils le veulent, et chatter avec leurs amis sur Nedjma CHAT. Une manière d’être branché…


Un marché amené à se développer


C’est l’engouement des clients pour les services multimédias. Les SMS, et dans une moindre mesure les MMS, sont les plus utilisés lors d’événements particuliers comme la célébration de l’Aid, les mariages ou les naissances. Le nombre de SMS échangés par les algériens durant les fêtes de l’Aïd est d’ailleurs en constante augmentation. Voici un indice qui ne trompe pas. Cette année, les chiffres communiqués par les opérateurs de téléphonie mobile parlent de 86 millions de textos échangés sur les deux plateformes de Nedjma et Mobilis. Le département communication de l’opérateur public de téléphonie mobile a souligné que l’opérateur a enregistré des pics de 350 SMS par seconde. La même source a par ailleurs précisé que l’opérateur n’avait jamais enregistré un nombre aussi important de textos envoyés durant les fêtes de l’Aïd. Les abonnés se sont rendus compte que le pic d’activité durant les deux jours a engendré quelque fois un encombrement et une saturation du réseau. Le minimessage s’est rapidement imposé comme un moyen de communication très populaire, en particulier auprès des jeunes. Ce phénomène est particulièrement visible en milieu urbain. Dans le monde, l’encouragement du MMS passe par la généralisation des offres illimitées. Les opérateurs visent la tranche des « 15-35 ans ». Mais il s’accompagne sur le terrain de moultes restrictions. L’illimité reste un concept très marketing.

L’intérêt pour les opérateurs est de réaliser de l’acquisition client rapide. Mais comme ces offres entraînent une très importante augmentation de la consommation, les opérateurs doivent leur appliquer des restrictions. L’utilisateur perspicace pourra cependant y trouver son compte. Reste qu’un client gagné est un client à garder dans un secteur concurrentiel. Et nous pouvons compter sur les opérateurs pour déployer toutes les stratégies nécessaires pour pérenniser leurs abonnés fraîchement acquis. Mobilis a proposé en complément à un abonnement voix (0661), une large gamme de forfaits optionnels pour les échanges de SMS et MMS. Une manière de se relancer dans un marché de la téléphonie mobile dynamique, mais qui est arrivé à saturation, et de développer de nouveaux relais de croissance. Reste à convaincre les utilisateurs d’envoyer encore plus de messages.

Témoignages de jeunes algériens



Selon les observateurs, toutes les conditions d’un large succès commercial du MMS en Algérie ne sont pas encore réunies. Les opérateurs, qui veulent anticiper les prochaines évolutions du secteur, devront néanmoins se poser une question cruciale : comment amener les clients mobiles à changer radicalement l’usage de leur téléphone mobile ? L’un des enjeux est de séduire une clientèle jeune déjà largement convertie au SMS. Quelques remarques s’imposent. Une meilleure visibilité des services SMS et MMS se traduira concrètement par une fréquentation accrue. Le dynamisme sera porté par les évolutions du marché des équipementiers et des opérateurs. Le coeur de cible se confirme : les moins de 35 ans. Les adeptes des SMS/MMS sont par ailleurs plus masculins, plus PC et plus urbains que l’ensemble des abonnés. Le développement dénote d’un double effet : une régularité accrue auprès des utilisateurs quotidiens et l’arrivée de nouveaux plus occasionnels. Hamid est un étudiant à l’USTHB, friand des TIC. Après avoir utilisé pendant des années le SMS, il a adopté le MMS comme moyen de communication. D’ailleurs, témoigne-t-il « j’ai envoyé le clip de mon chanteur préféré à mon ami qui a apprécié ». Fadéla, une lycéenne, a même envoyé une petite vidéo en guise d’« happy birthday » à son amie le jour de son anniversaire. Un beau cadeau et une manière de lui démontrer qu’elle ne l’a pas oublié. C’est la génération digitale, faite d’«early adopters» dont le comportement influence la société dans son ensemble. Evolution naturelle du SMS, le MMS est pressenti pour surfer sur la vague du succès des messages textes. Un opérateur comme Vodafone en tire déjà à peu près 10% de ses revenus.

Pour l’instant, les MMS sont moins répandus sur le marché. Seuls les téléphones portables récents sont dotés de cette technologie MMS. Mais ce marché est amené à se développer face aux propositions marketing des opérateurs téléphoniques et à la mise en vente de téléphones portables qui sont de véritables petits ordinateurs. Les MMS sont devenus souvent pour les jeunes un moyen commode de rester en connexion avec les amis, une façon de maintenir la connivence, même pendant de brefs moments de séparation. Cette proximité maintenue permet aussi de livrer ses émotions immédiates et instantanées. Phénomène de mode ou révolution de longue durée en Algérie ? Il n’est pas facile de répondre à cette question mais il faudra observer avec attention la courbe d’apprentissage et le taux d’adoption pour avoir une idée plus précise. Si le MMS n’a pas réussi à atteindre le succès du SMS, de nombreux opérateurs le considèrent comme un moyen de diffuser du contenu généré par les utilisateurs, de la publicité ou encore de l’actualité, ce qui est susceptible d’en stimuler l’utilisation et l’adoption. Les opérateurs mobiles peuvent générer des revenus plus importants pour tous les types de services de messagerie s’ils positionnent habilement chaque service de messagerie dans une stratégie de prix bien étudiée. Malgré des débuts laborieux, les MMS commencent à trouver un public. Mais ces messages incluant photos ou vidéos souffrent d’un parc restreint.

RAHMOUNI Kamel