INTERNET : Nouveau retard ou chance pour l'Algérie ?

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Du rêve à la réalité, Internet a modifié radicalement la perception du temps, de l’espace et du monde. Les nouvelles technologies ont provoqué, eux aussi, des révolutions décisives. Elles ont d’emblée introduit la notion d’instantanéité totale, transformant le monde en "un village planétaire".





La globalisation est aujourd’hui un fait même si certains continuent à la combattre. Le principe du libre-échange milite en faveur d'une circulation sans frontières, ni contrôle, pouvant conduire à une hégémonie des pays dominants, c'est-à-dire ceux qui disposent aujourd'hui des moyens de production et de diffusion des contenus. Dans le domaine de l'information, la mondialisation s'illustre chaque jour dans les journaux télévisés. Un événement qui survient en un point même éloigné de la planète est instantanément annoncé sur tous les médias en temps réel, avec les dangers de manipulation et de désinformation auxquels on s'expose (exemple l'agression israélienne dans la bande de Gaza). Ce concept fut introduit en 1970 par le sociologue Marshall McLuhan, qui annonçait en ce temps là "une société mondiale de l’information". Le modèle dans lequel l’espace est compartimenté en fonction de sa dimension locale, nationale ou internationale n’est plus d’actualité. En effet, les échanges électroniques se moquent des distances. La société de l’information est en marche partout dans le monde. C'est un fait indéniable. Le concept de société de la connaissance est parfois préféré à celui de société de l’information.

Au début de cette année 2009, il nous a paru opportun de marquer une halte pour dresser un état des lieux dans le monde mais aussi dans notre pays. Internet ne se résume pas en un ensemble de tuyaux qui véhiculent l’information, mais en des contenus à forte valeur ajoutée. Nous distinguons globalement le niveau d'usage des internautes par sa fréquence. Il y a d’abord l'internaute régulier : personne qui utilise Internet plus d'une fois par semaine, quel que soit le lieu d'usage (domicile, travail, école ou université, chez un parent ou un ami, cybercafé). Il y a ensuite l'internaute occasionnel : personne qui utilise Internet au moins une fois par semaine, quel que soit le lieu d'usage. Enfin, nous distinguons le non internaute : personne qui n'a pas utilisé Internet durant l'année écoulée. Comme les années précédentes, les femmes comparées aux hommes restent celles qui utilisent le moins Internet. Le taux d'internautes varie en fonction de l'âge : plus l'âge des algériens est élevé, moins on trouve d'usagers. La taille du ménage et la présence d'enfants sont aussi des facteurs déterminants qui favorisent l'usage d'Internet par les membres du ménage. Le premier élément qui amène les algériens à utiliser Internet est l'arrivée d'un ordinateur au domicile. Evidemment, cet élément est en réalité lié aux conditions de vie et au pouvoir d'achat des personnes, l'ordinateur restant encore trop cher pour une bonne partie des familles. Le fait d'avoir déjà utilisé un ordinateur reste un facteur qui détermine l'usage d'Internet : plusieurs personnes ayant déjà démarré un programme avec une souris se disent internautes.

Manne numérique et services à profusion

De plus, comme nous l'avons déjà vu, l'usage de l'ordinateur au travail ou sur le lieu d'études influence très favorablement l'usage d'Internet, de même que le fait d'avoir reçu une formation à l'informatique, surtout si elle est récente. Autre remarque constatée en Algérie : le comportement de l'entourage face aux technologies est un facteur primordial dans l'usage d'Internet. Plus leur entourage compte de personnes utilisant l'ordinateur, plus les algériens font usage d'Internet. Cependant, force est de constater que l’évolution d’Internet dans notre pays n’a pas globalement connu le succès escompté. Pourtant, on croyait qu’après l’annonce du Président de la République concernant l’opération Ousratic en plein sommet mondial de la société de l’information en 2005 à Tunis, les choses allaient évoluer dans le bon sens.

Il s’agissait de « doter à l’horizon 2010 les six millions de ménages d’un ordinateur et d’un accès haut débit à Internet ». Hélas, cette opération a été freinée par les règles trop prudentielles des banques et l'absence d'un véritable chef d'orchestre. Hamid Bessalah, actuel Ministre du secteur, laisse suggérer dans ses rares interventions en public qu'elle pourrait être relancée dans le cadre de la stratégie "E-Algérie 2013". Plusieurs années après le sommet mondial, l’ex-Ministre de la Poste et des Technologies de l’Information et de la Communication annonçait une réduction de 50 % des prix de l’ADSL. Une mesure qui, à l’époque, n’a connu que très peu de critiques. Le représentant du gouvernement n’a pas mesuré les conséquences de cette décision politique sur l’opérateur historique Algérie Télécom et particulièrement sur Djaweb annonçant fièrement devant un parterre de journalistes que cette « tarification est la plus basse du Maghreb ». Algérie Télécom a néanmoins perdu au change. Aujourd’hui, Ousratic est en panne. D'autres diront en réanimation et le taux de pénétration de l’ADSL reste des plus modestes. Selon une étude du CREAD (Centre de recherche en Economie Appliquée pour le Développement), le taux de ménages connectés à Internet représente prés de 2,6 % de la population. Le taux de pénétration d’Internet est de 5,33% en Algérie selon le PNUD (Programme des Nations Unies pour le Développement). Le taux de pénétration de l’outil informatique quant à lui, si l’on ne tient pas compte de l’informel, est estimé à 1,06 % et le nombre de PC vendus chaque année est évalué à 200 000 unités. Presque chaque administration dispose d’une direction des systèmes d’information même si cette dernière ne détient pas le pouvoir de décision en matière d’investissement ou de restructuration.