Internet : Journaliste, un métier à réinventer

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Et cette évolution ne fait que commencer. A mesure que les journalistes et les médias prendront de l'assurance dans le cyberespace, que le public et les sources d'information s'y feront nombreux et que la technologie se simplifiera, Internet deviendra aussi familier que le téléphone ou les pages jaunes.
Car c'est bien d'un apprivoisement qu'il s'agit. Beaucoup de journalistes ont plongé - ou ont été plongés - dans le réseau informatique sans qu'on ne leur ait jamais expliqué ce qu'ils pouvaient en faire. Ils en sont souvent restés avec le goût amer d'une technologie déshumanisante. Bien des médias ont lancé un site web sans avoir la moindre idée de ce qu'ils allaient en faire. Souvent, ils en sont restés avec le goût amer d'un cyberespace complètement désorganisé. Alors qu'il aurait suffi de consacrer une demi-heure à démystifier le courrier électronique aux uns, une heure à faire découvrir la nature du Web aux autres, et une matinée de navigation et de production à tous, pour que ce vaste ensemble apparaisse soudain moins déshumanisant et moins désorganisé. Et surtout, beaucoup moins complexe qu'il en a l'air.

Depuis l’introduction de l’informatique dans le monde des médias, les différents métiers qui concourent à l’exercice du journalisme connaissent de profondes évolutions et mutations qui touchent tous les maillons de la chaîne de l’information : sources, recueil, traitement, production, diffusion-distribution, « consommation » même et enfin archivage et stockage. L’évolution des techniques, des équipements et des process de traitement révolutionnent les métiers qui font le journalisme. Trois tendances lourdes apparaissent clairement : convergences de certains métiers, avec des redéfinitions de tâches et de fonctions, suppressions ou disparitions de certains autres et, enfin, émergence de nouveaux métiers jusqu’ici étrangers au monde de la presse et du journalisme. Ce sont, d’abord, les métiers les plus techniques qui sont menacés. Où sont passés les typographes ? Les sténos ? Les photocompositeurs ? Les photograveurs ? Les logiciels de correction orthographique (et typographiques pour certains) menacent le métier de correcteur. Certaines rédactions l’ont déjà supprimé. En télé, où est passé le technicien du « mixage » ? Où est passé le « preneur de son » dans l’équipe de tournage vidéo ? Voire le caméraman et le monteur dans celui du JRI (Journaliste Reporter d’Images) ? Les journalistes tournent, montent et mixent eux-mêmes leurs sujets.

Mais le métier le plus touché est, sans doute, celui de SR (secrétaire de rédaction) ? Ce dernier rempart contre la dérive professionnelle est en train de disparaître. Remplacé par une nouvelle fonction, celle « d’éditeur » (ou « d’éditeur visuel », ou même de « directeur artistique » chez certaines rédactions). Son nouveau rôle ? Gérer le processus de l’édition du journal en fonction des prévisions et des pré-maquettes et suivre toutes les étapes du produit jusqu’à sa réalisation finale. De nombreux SR sont en train de redevenir journalistes. De nouveaux métiers émergent : éditeur mais aussi « scannéristes », techniciens du flashage, graphistes, « infographes », iconographes (différent du photographe !), « designers », directeurs artistiques, journaliste « recherchiste » (journaliste formé à la documentation et aux banques de données). Les fonctions passerelles, à cheval sur plusieurs métiers, se multiplient. Il faut désormais avoir plus d’une compétence à la fois. Être plus souple, maîtriser les nouvelles technologies pour garantir son gagne-pain. Accepter de s’acquitter de tâches techniques qui étaient dévolues à l’atelier. Accepter d’évoluer dans le métier en changeant de poste et de fonctions…
Les entreprises de presse sont confrontées à de douloureux diagnostics internes, au plan humain et matériel, et à des stratégies à mettre en place face aux nouveaux défis technologiques.
Au moment où la presse fait face à ce mouvement d’expansion des outils technologiques, Internet ouvre un autre front en permettant l’émergence d’un nouveau journalisme appelé le « journalisme citoyen ».
Le journalisme citoyen, lit-on sur le site de l’encyclopédie en ligne Wikipedia, est un aspect particulier du média citoyen qui est l'utilisation des outils de communication, notamment ceux apportés par Internet (site web, blog, forum, wiki...), par des millions de particuliers dans le monde comme moyens de création, d'expression, de documentation et d'information. Il y a un certain renversement dans ce domaine, le citoyen passant du rôle de simple récepteur à celui d'émetteur, devenant lui-même un média. Le journalisme citoyen peut être défini comme l'action de citoyens « jouant un rôle actif dans les processus de récupération, reportage, analyse et dissémination de l'actualité et de l'information », selon le rapport We Media : How Audiences are Shaping the Future of News and Information de Shayne Bowman et Chris Willis. Ceux-ci ajoutent : « Le but de cette participation [des citoyens] est de fournir les informations indépendantes, fiables, précises, diverses et appropriées nécessaires à une démocratie ». Le journalisme citoyen consiste généralement à fournir un moyen d'expression à des citoyens ordinaires, y compris des représentants des franges les plus marginales et sous-représentées de la société. Le développement du Web, et notamment de plates-formes de publication faciles d'usage, ont accéléré la tendance et permis l'apparition de nombreux sites Web donnant la parole à des citoyens ordinaires ou des militants profitant de ce nouveau média : « En offrant des plates-formes techniques accessibles à tous, les blogs et wikis autorisent ce que nous appelons le ‘‘journalisme citoyen’’, par ce biais nous pouvons tous passer du statut de lecteur à celui de rédacteur, de commentateur des événements. Position éminemment satisfaisante.
Le journalisme citoyen est devenu un média prisé notamment pour l'information de proximité, se concentrant sur une ville, parfois même sur un quartier, pour donner un éclairage différent à la vie d'une communauté dont certains membres s'estiment ignorés par les médias existants ou délaissés par les institutions locales. La plupart des courants de pensée ont également recours à ces possibilités, parfois de façon organisée sous forme de tribune plus que spontanément citoyenne. Certains sites se réclamant comme « citoyens » ont une coloration résolument engagée politiquement ou polémique. De même, on compte parmi les médias altermondialistes des sites se revendiquant du journalisme citoyen comme par exemple le collectif Indymedia. Une plate-forme qui a dorénavant fait ses preuves, et qui permet à tous de prendre librement la parole, en publiant lorsqu'ils le souhaitent leurs articles, comme par exemple sur le site iSubway. Le fait que de nombreux « journalistes citoyens » sont souvent des militants pour une cause ou une idéologie particulière a soulevé des critiques.