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Les internautes algériens sont-ils actifs ou passifs ?
Ils sont plutôt passifs et curieux. Cependant, il faut relativiser ce constat car de plus en plus d’algériens s’intéressent aux blogs. Ils mettent en ligne des tranches de vie, des expériences vécues, des opinions sur des évènements qui secouent le pays ou une partie du monde et publient des photos de leurs quartiers ou des photos souvenirs d’une période de leur vie. Les blogs sont ainsi devenus un espace à eux, un repère, voire un territoire et un coin numérique qu’ils alimentent régulièrement sans oublier les sites de partage de vidéos en ligne. De plus en plus de connexions se font à partir du domicile. Cela dénote le succès de l’ADSL en Algérie même s’il faut aussi dans ce cadre ne pas conclure hâtivement que le haut débit est une réalité en Algérie. D’autres algériens continuent de se connecter à partir des cybercafés. Un lieu qui a réellement démocratisé Internet car sans ces « cybers », la progression du net aurait été plus lente. Une infime partie a choisi les écoles, collèges et universités pour accéder au net car ils n’ont aucun autre moyen de le faire.
Il y a aussi les clés USB Internet proposées par les opérateurs de téléphonie mobile qui permettent à une frange de la population d’aller vers le virtuel.
La clé USB, utilisable sur un PC ou un ordinateur portable, peut être ainsi mise en poche ou dans une sacoche et prête à être utilisée à tout moment et dans les 48 wilayas. Idéale pour surfer sur Internet en situation de mobilité, elle est surtout utilisée par des cadres d’entreprises et les citoyens au fort pouvoir d’achat. Quant à la qualité du débit, il semble selon l’étude que tout le monde ne soit pas satisfait. 72,1% des internautes sont insatisfaits de la qualité du débit de leur connexion à domicile et 79,7% se plaignent des coupures fréquemment subies.
L’Algérie en retard dans l’Internet haut débit
L’analyse du déroulement et des résultats de l’opération Ousratic a montré que le développement des technologies de l’information et de la Communication en Algérie a suscité l’intérêt des familles dans toutes les strates de la population. Cependant, seules 2,5% des familles algériennes sont équipées à la fois d’un PC et de l’ADSL. Le plan Ousratic n’a pas atteint ses objectifs essentiellement à cause d’une mauvaise gouvernance de l’opération et de l’absence de maîtrise du dispositif dans son ensemble. Ceci a engendré le désintéressement et l’absence d’engouement du citoyen.
Interrogés sur le projet Ousratic, seuls 5,4% des internautes algériens déclarent en avoir bénéficié. Ils trouvent ce projet intéressant, mais déplorent le coût excessif de l’opération d’achat du matériel informatique, les lourdeurs administratives rencontrées et pensent que les banques n’ont pas vraiment joué le jeu. « Ousratic II » est la version revue et corrigée de la première promise par le ministre du Ministère de la Poste et des Technologies de l’Information et de la Communication. Elle tentera de se concrétiser en ciblant des couches de la population (étudiants, fonctionnaires) mais elle attend toujours une décision du gouvernement qui devra donner son aval. Espérons qu’elle aura plus de chance que la première, sinon, il faudra l’enterrer définitivement. L’analyse de la situation générale d’Algérie Télécom notamment, au plan de l’infrastructure des télécommunications, fait ressortir des insuffisances en matière de support sécurisé et de qualité du haut et très haut débit.
D’autre part, le développement d’Internet en Algérie pourrait être plus rapide si le contenu était plus étoffé. Les officiels aiment bien annoncer des chiffres et des technologies. Ils jouent l’effet d’annonce. C’est vrai que sur Internet, il existe beaucoup d’informations. Il suffit de taper Google et un flot de réponses nous est fourni. Mais où est le contenu purement algérien ? Sans les industries de contenu, Internet serait vide. Nous ne comptons plus les services permettant de lire, regarder la TV, écouter de la musique, voir des vidéos ou jouer à tout un tas de jeux. Pourtant, à l’origine Internet a été créé comme un moyen de communication, et non pas un moyen de divertissement. C’est l’adoption massive d’Internet par les entreprises puis par le grand public qui permettra son plein essor. Des constats s’imposent : l’intérêt des pouvoirs publics pour les infrastructures prime sur celui du contenu, une sous exploitation du patrimoine culturel (faible numérisation des contenus culturels), une production culturelle déficitaire dans les domaines des médias, du cinéma et de la traduction, une production culturelle très peu novatrice caractérisée par la prépondérance des contenus religieux et pédagogiques. Les logiques d’une communication unilatérale, centrée sur l’émetteur ont rendu problématique la production du contenu électronique.
Certains dirigeants ont du mal à saisir l’intérêt des nouvelles technologies alors que l’économie du savoir, qui constitue les fondements du mode de développement mondial, ne leur laisse d’autres choix que de suivre le courant ou de se voir marginaliser pour ensuite disparaître. Le danger ne se définit plus alors en termes de domination ou de dépendance, mais en termes de marginalisation, de mise à l’écart de la mondialisation et de ses bénéfices potentiels. L’étude nous démontre que si l’Algérie est au début du processus, il ne faut pas perdre plus de temps pour au moins concrétiser une partie du plan E-Algérie 2013. Sans une utilisation massive des TIC dans notre pays, nous ne pourrons pas prétendre au progrès.
Source: N'TIC 37 / OCTOBRE 2009