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Mme Chebelaine Baya, enseignante de français au lycée Ourida Meddad d’El Harrach
Beaucoup de jeunes utilisent des abréviations en rédigeant des SMS. Est-ce que vous pensez que ce genre d’habitude pourrait avoir des effets sur le niveau des élèves en matière de rédaction ?
L’utilisation des abréviations se retrouve dans les rédactions de cette catégorie d’élèves justement. A titre d’exemple, un candidat au bac qui s’exprime correctement a entièrement rédigé sa rédaction sur le mode SMS, ce qui lui a valu une mauvaise note sans compter que le correcteur a eu du mal à déchiffrer le texte. Quant aux autres, les SMS n’y changent pas grand-chose même s’ils leur arrivent parfois (rarement) d’introduire un mot «SMS».
Quel est, plus généralement, le niveau actuel des élèves en comparaison avec les années précédentes ?
En Algérie, le niveau des élèves a beaucoup baissé comparé aux années passées. Les élèves ne lisent plus et le français est devenu une langue étrangère au sens propre du terme excepté dans les milieux francophones.
A l’étranger, la question de l’utilisation du langage SMS fait débat parmi les professionnels de l’enseignement. Où en sont les choses en Algérie ?
Concernant le débat autour du langage SMS en Algérie, il ne se passe rien d’officiel car il s’agit d’abord de faire retrouver à la langue française la place qu’elle avait. Mais en tant que professionnelle de l’enseignement, je trouve que ce « langage » risque en effet de poser problème aux efforts consentis pour promouvoir le Français.
Dico SMS
Les avis divergent donc, mais malgré de grandes disparités d’analyse, le constat qu’il existe un rapport entre langage SMS et fautes d’orthographe semble faire l’unanimité. Il est bon de se souvenir que l’écriture n’a pas été conçue pour se substituer au langage immédiat. Elle est au contraire un véhicule de l’information qui doit être différée dans le temps ou dans l’espace. Or, les langages SMS et MSN en font un mode de communication « en direct », et dénaturent le caractère durable des « écrits qui restent». Cette immédiateté, qui semble être le moteur du monde moderne, ne laisse pas le temps au raffinement de l’esprit que sont les règles grammaticales de s’appliquer. Pour mieux s’en rendre compte, voici quelques exemples de mots retranscrits en langage SMS.
Un son est écrit en lettre majuscule : T= tes, tais, ter, tez. Donc : Dz’s’P’ré veut dire désespéré, NRV=énervé, 1TreC=intéressé, OQP=occupé...etc
Un chiffre n’a qu’une valeur phonétique : 2= de, deux. Ainsi=1’6, demain=2m1, viens=vi1, sympa=5pa, fruit=fr’8, descends=dS’100…etc
Un smiley est la représentation graphique d’une émotion : :-) = sourire. :-D = rire :-( = je boude ;-) = clin d’oeil :-* = bisou I-0 = je baille…etc
Les termes arabes sont eux aussi fréquents en SMS : 3= A’ (lettre imprononçable en français). Ma3lich= ce n’est pas grave, wech= quoi, ftour= déjeuner, saha=merci, Nch’Allah= si Dieu le veut, khou=terme universel désignant un interlocuteur masculin …etc
Les classiques MDR (mort de rire), XPTDR (super pété de rire), LOL (laugh out loud) ont même fini par rentrer dans le langage parlé ! Bien d’autres astuces existent encore, les points précédents ne sont que quelques pistes qui explorent le « Langage SMS »…qui semble parfois incarner le « Langage tout court ».